supernova n.2 2023
Utiliser le léninisme signifie mener non pas, une lutte abstraite pour la défense de principes abstraits ou une lutte contre une révision d’idées, mais mener une lutte concrète, une lutte politique avant tout au sein du prolétariat pour contrer toutes les influences politiques que les autres classes ont établies et établissent continuellement au cours même des luttes. Il s’agit d’avoir une vue d’ensemble des classes, des relations entre les États et du développement inégal de l’impérialisme. C’est analyser la lutte des classes comme une guerre. Le léninisme, c’est savoir conscientiser sa haine de classe.
Un postulat fondamental du léninisme est « sans théorie pas de révolution » et nous ajoutons, « sans théorie pas d’organisation ». Les fondements du parti léniniste sont au nombre de quatre : 1) distinction entre moment économique et moment politique ; 2) distinction entre luttes de la classe ouvrière et conscience socialiste ; 3) distinction entre avant-garde et masse. 4) la relation entre le travail légal et illégal
1) Il y a une distinction et une subordination de l’élément économique à l’élément politique. La lutte des classes n’est pas dirigée contre le patron individuel ou la banque mais contre l’Etat impérialiste. Identifier ses fissures, ses contradictions, ses faiblesses est l’une des premières activités de l’organisation révolutionnaire. Les syndicats, les comités de lutte ou les organisations nées de mouvements spontanés, même lorsqu’ils agissent avec l’action directe, sont soumis aux rapports de force entre les classes et sont donc incapables de s’exprimer au niveau de la rupture révolutionnaire (analyser la société dans son ensemble, et mettre au centre le problème du monopole de la violence). Les organisations révolutionnaires elles-mêmes ne sont pas des « tours protégées », elles sont aussi traversées par la lutte des classes.
2) Le prolétariat ne peut pas se connaître lui-même, et encore moins connaître sa stratégie ou le mouvement coordonné de toutes ses actions et luttes, s’il ne voit que sa relation avec le capital industriel : en effet, nous dit Lénine, il ne peut même pas connaître exactement cette relation « immédiate » qui lui est propre. C’est-à-dire que, puisque le rapport de production salaire-travail-capital est l’abstraction qui nous permet de connaître tous les rapports sociaux et donc aussi le rapport entre les capitalistes industriels et les travailleurs, la classe ouvrière ne peut arriver à la connaissance exacte de ce rapport social par elle-même. Où la classe peut-elle « puiser » sa conscience ? Seulement dans le domaine des relations mutuelles de toutes les classes, dans le domaine des relations de toutes les classes avec l’État, dans le domaine des relations politiques. Ce n’est donc que dans sa conscience politique qu’il aura la conscience théorique, la conscience scientifique qui lui permettra de connaître l’abstraction » rapports de production « , car ce n’est que dans leur vie complexe que ces rapports vivent dans leur forme simple.
Il ne peut en être autrement car, dans le cadre de la lutte économique, la classe ouvrière ne connaît que le rapport social » ouvriers et maîtres « , elle ne connaît qu’un aspect de toute la vie économique et le connaît déformé et mystifié. Il est révélateur que dans un passage Lénine dise que l’ouvrier doit se représenter clairement la caractéristique économique et la figure politique et sociale du propriétaire foncier, du prêtre, du haut fonctionnaire, du paysan, de l’étudiant et du vagabond, et ne mentionne pas celle du capitaliste. Qui peut représenter clairement au travailleur la caractéristique économique et la figure politique sociale du capitaliste si ce n’est la connaissance, qui est finalement politique, de toutes les autres figures sociales et de toutes leurs relations, c’est le parti, l’organisation révolutionnaire. Le prolétariat peut parvenir à la connaissance de lui-même avant tout par la connaissance pratique-politique des relations réciproques de toutes les classes de la société et doit avoir une représentation claire des caractéristiques économiques et des figures politiques et sociales des membres de ces classes et couches sociales. Ce n’est que dans cette connaissance claire que le prolétariat connaît ses propres caractéristiques économiques, politiques et sociales dans ses relations avec toutes les autres classes et couches sociales ; et dans cette connaissance, il peut clairement, scientifiquement reconstruire le « tableau vivant » de la société entière dans toutes ses manifestations économiques, sociales et politiques.
3) En tant que communistes, nous utilisons la catégorie de la guerre civile comme élément pour définir notre théorie révolutionnaire (paradoxalement, la contre-révolution nous le rappelle chaque jour : penser à la franchise absolue des documents stratégiques de l’OTAN sur le problème des fronts internes, c’est-à-dire la guerre contre les peuples de leurs propres États, ou aux déclarations constantes dans la presse patronale). L’avant-garde est le cadre politique capable de rendre la théorie révolutionnaire pratique. Cela ne passe évidemment pas seulement par une volonté révolutionnaire, une discipline, une science, avec l’accumulation d’expériences et d’outils, mais est lié à la faiblesse du système, qui se manifeste par des crises, » sans crise, pas de révolution « . Les processus de crise sont là en ce moment, mais il ne faut jamais oublier que le Capital n’est pas inerte et paralysé, il réagit aussi bien dans le processus de production que par des interventions financières.
Le parti révolutionnaire est une fraction du prolétariat, à savoir la partie la plus avancée, la plus consciente et, par conséquent, la plus révolutionnaire. Elle est formée par la sélection spontanée des prolétaires les plus conscients, les plus dévoués, les plus perspicaces. Le parti révolutionnaire est distinct de la masse entière des travailleurs, il possède une vision générale du chemin que la classe doit historiquement suivre et, il défend les intérêts non pas de groupes ou de catégories individuelles, mais de la classe prolétarienne tout entière.
4) Le travail légal (propagande et prosélytisme public, lutte pour les espaces démocratiques et les libertés, etc.) ne signifie pas renoncer au travail illégal (capacité d’accumuler des forces et d’agir sur le terrain du monopole de la violence sur les autres classes). Il y a aussi un aspect de la défense de la « vie » même du militant révolutionnaire qui ne peut être réalisé que par le travail illégal. Ce terrain est le plus difficile, nous avons ceux qui le rejettent a priori : par lâcheté ou parce qu’ils ont simplement » accumulé des réserves économiques et de pouvoir » à défendre, ou ceux qui le stéréotypent (voyant cela comme un jeu ou une façon de se valoriser sur les autres). Des mots tels que révolution, guerre civile, insurrection, lutte armée, guérilla, lutte partisane, violence prolétarienne et autodéfense, et le terrorisme lui-même, doivent être utilisés le moins possible, non par peur de l’ennemi, mais parce qu’ils doivent redevenir du vocabulaire politique pour les communistes, et donc ne pas être une dimension esthétique de la rébellion.
L’action réciproque entre travail légal et travail illégal est également donnée par l’évaluation de l’Etat, une structure médiatrice des intérêts de classe mais, en fin de compte, toujours une arme sur laquelle repose le pouvoir armé de la bourgeoisie impérialiste. Dans la phase impérialiste, la démocratie est la meilleure coquille pour la bourgeoisie où elle peut exercer son pouvoir armé en tant que force potentielle ou cinétique. La démocratie impérialiste se manifeste par des politiques concertées entre les classes, mais avec au centre la centralisation du contrôle politique de la bourgeoisie par son État impérialiste. En ce sens, croire en la neutralité de l’État démocratique n’est pas seulement une illusion mais une action contre la vie même des communistes révolutionnaires.
Lénine était un révolutionnaire, pas un réformiste, mais que signifie être un révolutionnaire aujourd’hui, qu’est-ce que la révolution. Le mot « révolution » lui-même a un destin particulier : d’une part, il est utilisé abusivement pour définir tout événement ou toute attitude non conforme aux normes (par exemple, parmi les étudiants ou dans le récent mouvement des GJ), et d’autre part, il est même terni dans son expression (par exemple, parmi la classe ouvrière).
Définir un processus révolutionnaire a priori est impossible ; tant d’éléments y convergent que préfigurer son développement en détail revient à s’engager dans une mystification plutôt que dans un travail scientifique. Il est clair que sans processus de crise, on ne peut parler de processus révolutionnaire ; cela ne signifie pas qu’il faille attendre la crise de manière messianique. Les éléments objectifs (les contradictions de la forme de production capitaliste) et les éléments subjectifs (la lutte de classe révolutionnaire et la subjectivité politique elle-même) sont entrelacés, cependant, c’est le « volontariste » qui croit que la révolution existe toujours, c’est l' »opportuniste » qui ne la voit jamais. Dans la lutte des classes, les communistes accumulent l’expérience, la force, la connaissance, la science, ils deviennent des cadres politiques révolutionnaires, et c’est une condition fondamentale par rapport à une situation de crise permanente.
Ceux qui se réfèrent au léninisme ne peuvent renoncer à comprendre les lignes du processus révolutionnaire dans lequel ils s’inscrivent, ne peuvent renoncer à tracer une ligne stratégique, ne peuvent renoncer à apporter leur propre contribution à la création d’une théorie révolutionnaire dans la métropole impérialiste. Nous ne voulons pas réaffirmer notre « inimitié » avec le réformisme, l’opportunisme, aussi préférons-nous concentrer notre critique sur les approches « extrémistes ».
1) Le pragmatisme spontanéiste, qui tend à confondre la théorie avec sa propre praxis politique. La mesure de son action devient le succès, obtenu à tout prix et au prix de tout compromis. La lutte, toute lutte, est surfaite ; on lui applique l’étiquette la plus utile. Ainsi on va de victoire en victoire, la révolution est à portée de main ! Pour découvrir plus tard que tout cela n’était qu’un rêve éveillé ! Puis crise de découragement, pessimisme, renoncement…
Ainsi, il est vrai, on ne » s’enferme pas chez soi pour étudier, on n’élabore pas des théories à un bureau « , mais on pense en termes de lieux communs, on prend pour argent comptant les parodies misérables des » thèses politiques « , on agit les yeux bandés, pour finir dans l’impasse du militantisme (le mouvement est tout, la fin n’est rien).
2) L’idéologisme dogmatique. Cela fonctionne comme suit. En récitant la litanie : « marxisme, léninisme, anarchisme, etc… », on adhère à un parti qui se proclame le seul et véritable héritier de Marx, Lénine, Mao, Trotsky, etc… et attend des masses qu’elles en soient convaincues…..
Ces deux attitudes « théoriques » erronées ont une origine pratique : elles constituent toutes deux une vision « statique » et anti-politique d’une ligne prolétarienne. Ils ne saisissent pas la relation qui existe entre la spontanéité « élément naturel des luttes » et la praxis révolutionaire, l’utilisation de la tactique et de la stratégie propres à l’action du parti, à l’organisation révolutionnaire.
La lutte se situe à deux niveaux : l’élaboration d’une théorie révolutionnaire dans la métropole (qui n’existe pas actuellement, bien que de nombreuses indications fondamentales soient contenues dans l’héritage théorique du marxisme), et l’action militante dans les luttes du prolétariat comme accumulation d’expérience et de force.
Ces deux moments sont liés, il n’y a pas d’avant et d’après. Ils agissent réciproquement les uns avec les autres. En ce sens, travailler sur la fraction communiste prolétarienne (créer des cadres politiques) est une des conditions pour commencer à poser concrètement la nécessité d’une organisation révolutionnaire. Diviser ces deux moments revient à rejeter à la fois la théorie et la praxis révolutionnaire…..
Il est nécessaire aujourd’hui de redéfinir le concept même de révolution à la lumière des conditions objectives. 3 points nous semblent importants à souligner :
1) Processus révolutionnaire et non moment révolutionnaire.
Dans la conception actuelle de la relation entre le mouvement de masse et l’organisation révolutionnaire, une image du processus de ce type est implicite : d’abord nous développons la lutte politique, en gagnant les masses à la révolution, puis, lorsque les masses seront devenues révolutionnaires, nous ferons la révolution. Donc : aujourd’hui, les conditions révolutionnaires objectives n’existent pas ; il ne nous reste plus qu’à faire de la politique de manière plus ou moins traditionnelle. Objectif intermédiaire : construction du parti…
La thèse selon laquelle la révolution ne peut coïncider qu’avec un moment insurrectionnel qui portera le prolétariat au pouvoir est également implicite. Après la prise du pouvoir, la société sera transformée (position du ML et des troskistes). Il y a aussi ceux qui situent l’insurrection dans l’ici et maintenant (anarchistes, anciens et nouveaux situ, autonomes, etc.) où, à la place du prolétariat, on peut utiliser les anciennes et nouvelles définitions sociologiques des ensembles sociaux et culturels…. allant jusqu’à faire concorder avec l’insurrection les frustrations des intellectuels « malheureux » ou « incapables »… La gauche alternative, les néo-socialistes et les vieux révisionnistes (les nostalgiques de l’URSS ou de l’euro-communisme, des socialismes indigènes…) objectent : l’insurrection généralisée est une utopie ; il ne reste donc qu’à s’insérer dans les structures de pouvoir bourgeoises et à les transformer de l’intérieur. En fait, l’hypothèse d’une insurrection généralisée est absolument illusoire aujourd’hui. Mais cela ne signifie pas que nous renonçons à notre tâche de révolutionnaires.
C’est la réalité elle-même qui nous éloigne des suggestions d’une fausse alternative. La militarisation du conflit social, la désintégration générale de larges pans du prolétariat, la répression généralisée, constituent déjà un moment révolutionnaire possible pour les communistes.
Le processus révolutionnaire tend à se développer dès le départ sur tous les plans : il ne s’agit pas d’un choix volontariste mais d’une condition imposée par la réalité. Rompre avec la légalité ne devient pas un choix mais une nécessité pour ceux qui veulent se positionner de manière crédible par rapport aux contradictions de la métropole.
2) Processus révolutionnaire métropolitain.
On n’a pas encore suffisamment compris ce que signifie développer un processus révolutionnaire dans une métropole impérialiste.
Les modèles révolutionnaires du passé ou des régions périphériques sont inapplicables. Notre problème aujourd’hui est de prendre acte de la réalité dans laquelle nous évoluons ; la difficulté de cette quête ne doit pas nous conduire à prétendre que nous sommes dans la Russie de 1917 ou la Chine de 1927, l’Espagne de 1936, les forêts cubaines ou les montagnes péruviennes… Rappeler le marxisme, c’est utiliser l’héritage théorique du mouvement communiste et lui faire faire le saut dialectique que la réalité exige (un pied dans le passé et la tête droite vers l’avenir). En diverses vagues cycliques, le prétendu dépassement de la forme « parti » a toujours conduit aux formes que le léninisme avait déjà directement critiquées et dépassées : ouvriérisme, spontanéisme, syndicalisme, terrorisme… Ce n’est donc pas dans cette direction que nous devons aller. Il nous semble nécessaire de travailler théoriquement et pratiquement sur ces points :
Dans les zones métropolitaines, les conditions objectives du passage au communisme existent (production volcanique et misère artificielle) : la lutte vise essentiellement à créer les conditions subjectives. Cela implique que le prolétariat doit réaliser directement sa révolution, et qu’il ne peut plus, comme par le passé, greffer son action sur des objectifs essentiellement bourgeois : démocratie parlementaire, indépendance, unité nationale, développement industriel, etc. Les révisionnistes-réformistes ont pris en charge la défense de ces valeurs ; le problème est d’attaquer sur un objectif directement révolutionnaire : le renversement du système de pouvoir bourgeois et la transformation de l’essence même du pouvoir (autoritaire, centralisé, hiérarchique, répressif, manipulateur, etc.).
Le terrain de lutte essentiellement urbain. Les zones métropolitaines concentrent aujourd’hui les masses humaines et les principales portions de la classe ouvrière et du prolétariat en général. A cette donnée statistique correspond une donnée politique : la ville est aujourd’hui le cœur du système, le centre organisateur de l’exploitation économico-politique. Mais c’est aussi le point le plus faible du système : là où les contradictions apparaissent les plus aiguës, là où le chaos organisé qui caractérise le capitalisme dans sa phase impérialiste est le plus évident, là où les scissions politiques affectent verticalement l’ensemble du tissu social. C’est sur ce terrain que le prolétariat moderne émerge le plus impétueusement, où il prend conscience de son unité. C’est ici, en son cœur, que le système doit être frappé.
La ville doit devenir pour l’adversaire, pour les hommes qui exercent aujourd’hui un pouvoir de plus en plus hostile et étranger aux intérêts des masses, un terrain perfide : chaque geste peut être contrôlé, chaque arbitraire dénoncé, chaque collusion entre pouvoir économique et pouvoir politique exposée.
« Agir dans les masses comme un poisson dans l’eau » signifie pour nous empêcher le pouvoir d’avoir une image définie de sa force, le traquer dans ses repaires et retourner contre lui et ses représentants (ou contre ceux qui, consciemment ou inconsciemment, prennent sa défense, et deviennent ses complices) toute la violence qu’il crache sans discontinuer contre la grande majorité du peuple. « Le but des amendes n’est pas de compenser une perte, écrivait Lénine, mais de créer une discipline, c’est-à-dire d’assujettir les ouvriers au patron, de forcer les ouvriers à exécuter les ordres du patron, à lui obéir en travaillant. Lutte contre les amendes 1895, Lénine écrit le « Commentaire de la loi sur les amendes infligées aux ouvriers des usines et des ateliers ». : « La lutte de la classe ouvrière russe pour son émancipation est une lutte politique, et son premier objectif est la conquête de la liberté politique« .
La violence globale d’un système qui tend à dé-intégrer le prolétariat (tout en maintenant des portions de l’aristocratie ouvrière qui permettent au système d’avoir encore un consensus solide) doit être contrée par l’engagement global du révolutionnaire, capable de transformer son moindre geste, son moindre lieu de travail ou territoire en un centre de lutte. Le système ne peut opposer que le poids de son oppression, de son chantage, de sa corruption. Avec ces armes, aucun système n’a jamais été capable de survivre.
3) La classe ouvrière industrielle (le cœur de la plus-value) a augmenté (pensez à l’immense atelier asiatique), mais son nombre a diminué par rapport au nombre total de prolétaires salariés ou de secteurs en voie de prolétarisation (les machines : travail mort mange les hommes : travail vivant, parasitisme accru). Parallèlement à ce phénomène, nous avons la fluctuation de plus en plus évidente entre l’armée industrielle active et de réserve, avec une augmentation des prolétaires sans réserve dans un capitalisme vieux et drogué (financiarisation). L’action du populisme ou du néo-réformisme tend à exploiter cette portion sociale et à la soumettre ainsi aux craintes des classes moyennes, désormais de plus en plus effrayées par les mécanismes impérialistes et les contradictions de plus en plus criantes du capitalisme. En termes de chiffres, nous assistons dans le contexte urbain impérialiste à un changement quantitatif sans précédent entre les parties intégrées et dé-intégrées. C’est à l’action révolutionnaire de faire de cette transition un saut qualitatif.
B.N