Entretien avec Leila Ghanem
La Résistance entre défaite et victoire
Au Liban et à Gaza, cette question fait l’objet d’un débat intense, tant dans l’opinion publique qu’au sein même de la Résistance : avons-nous gagné ou perdu la guerre contre Israël et l’impérialisme ? S’il est clair que la Résistance a mené une bataille épique sur le terrain, les conséquences ont été terribles en termes de destruction et de pertes humaines. La Résistance n’a pas non plus réussi à imposer sa volonté politique. Cela dit, la guerre se poursuit et la Résistance est entrée dans une phase de repli pour se réorganiser, après avoir perdu une grande partie de ses dirigeants et de ses effectifs. Après la mort de Nasrallah et sous la direction de Radwan – unité d’élite du Hezbollah –, les combattants ont prononcé un serment solennel : « Nous jurons par ton esprit honorable depuis les frontières de la Palestine, sur le chemin de la liberté et de la justice que tu as parcouru en martyr, que nous poursuivrons le combat jusqu’à ce que nous atteignions tes objectifs qui sont les nôtres, quels que soient les sacrifices. À notre peuple patient, fier et loyal, nous jurons, sur les gémissements de nos corps tourmentés et déchirés, que le meurtrier ne sera pas pardonné et que sa barbarie ne brisera pas notre détermination ; notre drapeau ne tombera pas de nos mains, et quel que soit le temps qui passe, nous vous promettons la victoire ».
La résistance entre défaite et triomphe
1. Le jour même de la trêve, une vague massive de personnes venues du sud du Liban se dirige vers ses villages à la frontière avec la Palestine. La longue marche, souvent à pied, n’a pas été sans affrontements avec l’armée israélienne qui a tenté de leur barrer la route.
2. Les funérailles de Nasrallah, qui ont rassemblé un million et demi de personnes sur les quatre millions de Libanais, un record jamais atteint dans l’histoire du pays et peut-être même de la planète, ont été une véritable épreuve pour le monde entier. C’est une affirmation démographique que la lutte se poursuivra sur la voie de la résistance anti-israélienne et anti-américaine. Le jour des funérailles, dès les premières heures du matin, les routes menant à la capitale étaient encombrées, en particulier celles venant de la Bekaa et du sud. La veille des funérailles, des délégations étrangères sont arrivées de Tunisie, d’Égypte, de Turquie, d’Afrique du Sud, du Pakistan, du Nigeria, d’Irlande, de France, d’Allemagne, de Suisse, du Yémen, d’Irak, d’Algérie, du Soudan, d’Australie, des États-Unis, du Chili et du Brésil. Une véritable vague de personnes, de différentes idéologies révolutionnaires, s’est unie dans la lutte contre l’impérialisme colonial occidental dont Israël n’est qu’un vassal. Tous ont assisté aux funérailles de l’homme que beaucoup ont décrit comme un « combattant internationaliste », un leader qui symbolisait la lutte anticolonialiste et anti-impérialiste, à l’instar de Che Guevara et Ho Chi Minh.
Ces funérailles étaient une réponse à Israël, aux États-Unis et à leurs laquais arabes du Golfe, mais aussi aux fascistes libanais qui ont précipitamment annoncé la chute de la Résistance. Le slogan unique de la marche était : « Nous suivrons la même voie que notre leader historique, sans céder à aucun sacrifice ». « C’est la victoire du sang sur l’épée ». Et ce slogan, si cher à Nasrallah, restera d’actualité malgré les sacrifices. La signification de ce slogan reflète le déséquilibre dans le rapport de force entre des combattants équipés d’armes improvisées et des armes de destruction massive telles que les avions F-35, utilisées non pas contre une armée régulière mais contre des combattants de la résistance révolutionnaire. Des Palestiniens comme Georges Habash, du FPLP, ont parlé de la « victoire du cou sur l’épée » incarnée par la victoire héroïque et légendaire qui a eu lieu dans les tunnels des combattants de la Résistance du sud du Liban et dans les tunnels de Gaza contre l’armée israélienne, soutenue par tous les moyens par l’impérialisme barbare occidental, en particulier américain. Les funérailles massives ont eu un impact politique direct sur ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir au Liban après avoir accepté le diktat américain imposé depuis le cessez-le-feu établi le 27 novembre 2024 et supervisé par une commission présidée par les États-Unis. Depuis lors, Israël a violé le cessez-le-feu 1 750 fois. Washington et Tel-Aviv savent que la marée humaine qui a accompagné le leader de la résistance jusqu’à sa tombe, devenue un sanctuaire, représentait un acte politique par excellence. D’autre part, la nouvelle direction de la Résistance, affaiblie par tant de pertes, avait besoin d’entendre son peuple dire à ses dirigeants qu’il était là non seulement pour faire ses adieux à son leader, mais aussi pour renouveler son engagement, pleinement conscient de la raison historique et politique qui l’assiste. C’est à cela que la Résistance doit prêter attention, même si elle décide de passer à une nouvelle phase d’action politique au Liban, ou à de nouvelles formes de résistance. « La participation du Hezbollah à la politique intérieure et sa présence au pouvoir ne l’empêcheront pas d’agir avec et pour son peuple, qui est la source de sa force, de sa protection et de sa continuité », affirme son nouveau chef, Naim Qassem. Le Hezbollah doit être réaliste dans sa compréhension des événements qui se sont produits dans le pays, mais il doit être clair comme le jour lorsqu’il aborde le changement réel dont le Liban a besoin, non seulement pour protéger la Résistance et sa souveraineté, mais aussi pour protéger le reste du peuple libanais auquel les ennemis préparent une série de séditions et de jours difficiles d’extorsion pour sa subsistance. L’ennemi lui-même sait que la Résistance est capable, en peu de temps, de reconstruire les villages frontaliers et de faciliter le retour des gens dans leurs villages, leurs maisons et leurs champs. Les personnes concrètes sont à l’origine de l’histoire et nous n’avons d’autre choix que de rester près d’elles, de leur expliquer ce qui s’est passé et de discuter avec elles des mesures à prendre.
La résistance a créé des équipes spécialisées qui travaillent à plein temps pour :
• Retrouver ses combattants disparus et leurs restes s’ils ont été martyrisés, sachant que cette résistance se distingue des autres par le développement de programmes visant à préserver les restes des martyrs.
• Aider les familles des 5 000 martyrs tombés au combat.
• Collaborer avec les personnes déplacées du sud, afin de restaurer leurs maisons ou même de les reloger. Le coût de la restauration prise en charge par le Hezbollah s’est élevé à un milliard de dollars. La reconstruction de tous les dommages est estimée à 11 milliards de dollars.
• Assurer les soins hospitaliers aux blessés.
En résumé, il y a partout des gens qui s’efforcent de panser nos innombrables blessures.
La trêve au Liban ou la tentative d’imposer un mandat américain
La mission diplomatique américaine, représentée par l’envoyée américaine Morgan Ortagus, après sa célèbre déclaration au palais de Baabda sur la nécessité d’écarter le Hezbollah du gouvernement, semble être un prélude au début des négociations entre le Liban et Israël visant à conclure un accord de paix entre les deux pays. Mais tant le Liban officiel que la Résistance, y compris ceux qui réclament le désarmement de la Résistance, rejettent catégoriquement toute normalisation. Le responsable américain a déclaré que l’objectif était désormais d’entamer des négociations diplomatiques pour résoudre des questions urgentes, telles que la libération des prisonniers libanais, le sort des cinq points occupés par Israël dans le cadre de la trêve et la délimitation de la frontière terrestre.
Les États-Unis poussent le Liban vers la normalisation avec l’État sioniste
Les États-Unis semblent impatients d’entamer des négociations de paix avec le Liban et la Syrie, comme l’a récemment déclaré l’envoyé de Trump pour le Moyen-Orient, Stephen Whitkoff, qui s’est dit « optimiste quant à la possibilité que l’Arabie saoudite rejoigne à nouveau les accords d’Abraham »1 et en soulignant que « les transformations politiques dans la région pourraient s’étendre au Liban et à la Syrie ». L’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Lisa 1 Accords d’Abraham, pacte de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël signé à Washington en 2020, qui s’ajoute à ceux déjà signés avec l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994. [Note de traduction]. Johnson a déclaré à trois hauts responsables du gouvernement que « le Liban doit se préparer à la phase suivante, au cours de laquelle les négociations auront une base politique et se concentreront sur la recherche d’une solution globale et durable au problème avec Israël ». Il fait valoir que le Hezbollah se trouve dans une situation très difficile et n’a plus la capacité de perturber ou d’intimider : « Le Hezbollah peut à peine faire face à cette situation et n’est même pas en mesure de reconstruire une zone au Liban » ; il conclut qu’il ne faut pas permettre au Hezbollah d’accomplir cette tâche qui renforcerait son pouvoir auprès des masses. La formule proposée par les États-Unis est un ajustement opérationnel du cadre régissant le suivi de la mise en œuvre de la résolution 1701 2. Cette proposition est totalement inacceptable. Premièrement, il n’y a absolument aucune raison pour que le Liban accepte cette formule, sachant qu’il s’agit d’une manœuvre et que les groupes de travail ne sont rien d’autre que le nom de guerre des négociations de normalisation. Deuxièmement, la libération des prisonniers est une évidence, et le Liban n’a pas de prisonniers sionistes à échanger tant qu’il n’y a pas de négociations ou de conditions ; c’est l’ennemi qui a enlevé les prisonniers libanais de leurs villages dans le sud ou de leurs lieux de résidence sur la côte du Mont-Liban. Troisièmement, les points où l’armée d’occupation est restée sont des territoires libanais qui ont été occupés par la force et aucune considération sécuritaire ou militaire ne justifie leur occupation continue, si ce n’est la pression exercée sur les habitants des villages frontaliers pour les empêcher d’y retourner et rendre impossible le processus de reconstruction. En fait, ce processus de normalisation exige que le Liban désarme de force la Résistance, ce qui conduirait à une guerre civile, car il n’existe au Liban aucune force capable de mener à bien cette mission qui provoquerait l’effondrement de l’armée, dont la base est majoritairement chiite et soutient le Hezbollah. Il convient de rappeler que le président Aoun lui-même a déclaré aux Américains qu’ils ne devaient pas s’attendre à ce qu’il fasse ce que les États-Unis et Israël n’ont pas pu faire contre le Hezbollah. Le défaitisme du gouvernement libanais face aux exigences de Washington a facilité le travail visant à une ingérence croissante des États-Unis dans les rouages du pays. Cette situation est allée jusqu’à la nomination de membres du gouvernement, du chef de la banque centrale, et même, sous prétexte de son rôle à la tête du comité de suivi du cessez-le-feu, décider de la formation de « groupes de travail diplomatiques » qui renégocieront ce qui doit être résolu en termes de libération des prisonniers, d’assurer le retrait complet et la stabilisation des points frontaliers terrestres entre le Liban et la Palestine occupée. Le chef du Hezbollah, qui a prononcé un discours à l’occasion de la fête de Fîtr, a menacé de rejeter toute tentative de normalisation des relations avec l’ennemi sioniste et a appelé au retrait total d’Israël de cinq points stratégiques qu’il occupe, à savoir : le mont Ezzeyeh, le mont Arayda près d’Odaysée, le mont Labuneh près de Nakoura en Méditerranée, Jabbal Blat, le mont Hamames près de la colonie de Motelleh.
La mission du FMI assiège financièrement le Hezbollah
Le FMI poursuit ses efforts pour poursuivre et contrôler « l’économie monétaire » au Liban. La délégation du FMI s’est réunie en mars dernier au Liban avec un comité technique de l’Association bancaire afin d’obtenir des réponses à 18 questions axées sur trois thèmes principaux : le fonctionnement du marché des changes et l’intervention de la Banque centrale sur ce marché, les restrictions bancaires sur les transferts et l’octroi de licences pour une série de transferts financiers externes. Le FMI a demandé aux banquiers de « fournir des informations détaillées sur les transferts effectués par l’intermédiaire des banques pour financer les dépenses courantes des familles » et de rendre compte des interventions de la Banque du Liban afin de déterminer le volume des transferts étrangers. « liste grise » et trois objectifs principaux ont été identifiés pour en sortir, dont l’un était de « savoir quelles enquêtes les autorités libanaises ont menées sur les menaces potentielles que représentent les activités d’un groupe paramilitaire local », selon le dernier rapport du Groupe d’action financière internationale (GAFI). En d’autres termes, l’objectif principal est de poursuivre et d’étrangler les sources de financement du Hezbollah, en particulier lorsqu’il consacre des sommes importantes à la construction et à la reconstruction de logements.
S’agit-il uniquement de Gaza ?
Certainement pas, car la motivation d’Israël à poursuivre la guerre avec le reste de l’Axe de la Résistance ne cesse de croître. Passons en revue les fronts un par un : En Cisjordanie, les forces d’occupation poursuivent leurs opérations d’annexion et de déplacement, avec pour objectif principal de vider tous les camps palestiniens de Cisjordanie de leurs habitants et de les expulser de Palestine. C’est également en Cisjordanie que s’applique quotidiennement la décision d’éliminer ce qui reste de la structure de l’Autorité palestinienne et de retenir ceux qui gèrent les affaires locales selon les termes de l’occupation. En Syrie, Israël, qui a lancé ses opérations expansionnistes parallèlement à la prise du pouvoir par Ahmad Al-Charee (Joulani, l’ancien chef de Daech), exactement le lendemain de la trêve au Liban demandée par Israël et acceptée par le Hezbollah, continue d’étendre son expansion, soit par l’occupation directe de certaines zones, soit par la sécurité et le contrôle des tirs sur d’autres zones. D’autre part, il tente d’établir un mini-État druze 3 séparé du reste de l’intérieur syrien. Israël se moque de savoir qui est le dirigeant à Damas, Bachar al-Assad ou Ahmed al-Shara, car ce qui lui importe, c’est que la Syrie ne soit pas unie et qu’il n’y ait, comme c’est le cas actuellement, aucun pouvoir d’aucune sorte. En Irak, un vaste effort de renseignement est mené en coopération avec les Américains pour préparer des sabotages partout où cela est possible, y compris des attaques militaires directes si nécessaire. Cet effort ne vise pas à mettre fin à la présence des factions impliquées dans l’Axe de la Résistance, mais plutôt à couper la communication entre l’Irak et le Levant.
Israël souhaite également étendre sa sphère d’influence à toute la frontière orientale de la Syrie et compte sur les États-Unis pour raviver les conflits en Irak, non seulement afin de l’affaiblir, mais aussi pour créer un climat général qui l’éloigne de l’Iran. Au Yémen, Israël part du principe que les États-Unis doivent former une coalition sérieuse, dont Israël ferait partie, et qui inclurait les États arabes du Golfe et certains pays africains. L’objectif est de renverser Ansar Allah, de détruire ses capacités et de l’éloigner du pouvoir à Sanaa. Cette opération ne se limite pas aux attaques militaires américaines, mais nécessite d’importantes opérations d’espionnage auxquelles Israël travaille d’arrache-pied, ainsi qu’un effort central pour relancer la guerre civile entre le nord et le sud du Yémen, en étroite coopération avec les Émirats arabes unis et en exhortant l’Arabie saoudite à s’engager à nouveau de toutes ses forces dans la guerre. Même en Iran, Israël continue de croire, à juste titre, que la République islamique est le point nodal où convergent tous les axes. L’entité sioniste ne veut pas seulement que les États-Unis l’empêchent de lancer des opérations militaires contre des installations civiles, militaires ou nucléaires, mais aussi que Washington dirige une coalition militaire visant à provoquer en Iran une explosion interne qui renverserait le régime. Israël fera tous les efforts nécessaires pour lancer cette guerre, et l’administration américaine coopère avec lui, croyant qu’elle peut « éduquer » le monde entier en donnant l’exemple d’un coup dur porté à l’Iran. Israël considère que l’élimination de la menace iranienne est la clé pour se débarrasser de tout l’Axe de la Résistance, en particulier au Liban et en Palestine.
Gaza : le projet du Grand Israël est en marche. C’est une phase sombre, mais le Hamas ne désarme pas.
Les piliers du mouvement sioniste ont attaqué le fondateur de l’État d’Israël, David Ben Gourion, affirmant qu’il n’avait pas achevé la tâche d’absorber le reste de la terre palestinienne. Ceux qui lui ont succédé ont tenté de « corriger l’erreur du fondateur » en exhortant les Palestiniens restants à se rendre sans condition en échange d’une sécurité personnelle précaire, ni plus, ni moins. Plus les Palestiniens sont obstinés, plus ils s’accrochent à ce qui reste de leur terre, plus Israël tente de les pousser à abandonner la « Terre promise » et à chercher une patrie alternative en dehors d’Eretz Israël afin que la Palestine soit le foyer exclusif des Juifs. La principale préoccupation d’Israël n’était pas la « résistance » de Gaza, car celle-ci était sous contrôle géographique et militaire israélien, mais d’empêcher la résistance de Gaza de devenir un modèle pour la Cisjordanie, située au cœur même d’Israël, ce qui serait dévastateur. Ainsi, l’objectif stratégique d’Israël n’est plus seulement de détruire la résistance à Gaza, mais de détruire le modèle de Gaza, Gaza elle-même, et de l’écraser, afin qu’elle serve d’avertissement aux autres, non seulement à la Cisjordanie mais à toute la région, et d’ouvrir la voie à la grande transition vers la réalisation du rêve sioniste « du Nil à l’Euphrate ». Pour Israël, la guerre qu’il mène n’est pas une guerre limitée, mais une guerre ouverte, une guerre existentielle et une occasion unique d’établir un Grand Israël et de changer le visage de toute la région. Israël ne mène pas cette guerre seul. Il est dans une alliance sacrée avec les États-Unis, sans aucune limite. Les projets américain et israélien ne font qu’un. La mise en œuvre du génocide actuel est une responsabilité conjointe de Netanyahu et Trump. Les États-Unis ont donné carte blanche à Israël, sans aucune restriction, pour achever son travail et étendre ses frontières. Ils tentent ainsi de transformer le statut de l’État sioniste, qui passe de simple laquais à micro-impérialisme au Moyen-Orient. Les États-Unis ont donné leur feu vert pour qu’il continue à détruire Gaza jusqu’à ce qu’elle devienne une terre vide propice à l’établissement de stations balnéaires en bord de mer. C’est pourquoi le projet « Grand Israël » se poursuit activement. Hamas n’a donc d’autre choix que de se battre jusqu’à la mort. Peu importe que l’on soit d’accord ou non, le résultat est le même. Netanyahu peut tenter de redessiner la carte de la région, d’aligner sa sécurité personnelle sur les intérêts israéliens, d’imposer la normalisation et de clore le dossier de la Résistance. Cependant, ses aspirations ne correspondent pas à ses capacités. Malgré le soutien des États-Unis et l’impuissance officielle des pays arabes, la région est mûre pour le changement. Les tentatives de Netanyahu d’imposer les conditions les plus humiliantes au monde arabe ne feront qu’alimenter l’instabilité dans la région. Par conséquent, des questions telles que le déplacement, l’annexion de terres en Cisjordanie et la judaïsation de la mosquée Al-Aqsa et de Jérusalem pousseront le conflit vers des voies décisives, consolidant la Résistance comme le seul langage que comprend l’occupation. En fin de compte, si Netanyahu et son équipe cherchent à « résoudre » le conflit, ils accélèrent en réalité la fin de leur occupation de la Palestine.
L’impérialisme sioniste est un tigre de papier4
La participation de « l’Occident collectif » à la guerre d’extermination du peuple palestinien à Gaza a porté un coup fatal aux tentatives de renouveler la crédibilité du discours de « l’ordre international libéral » et à ses déclarations sur la « supériorité morale » des démocraties bourgeoises sur les autres systèmes politiques. Grâce à une manipulation psychologique massive, l’Empire est perçu comme puissant sur le plan économique et militaire, alors qu’il est en réalité faible et le devient de plus en plus. Traiter avec l’Empire, c’est comme traiter avec un tyran à l’école secondaire. Céder aux menaces ne fera que renforcer le harceleur. La seule façon de faire face à l’agression de l’Empire est donc de se préparer, d’être prêt et d’entrer en guerre à la moindre provocation. Cela a déjà été démontré récemment par un acteur aussi modeste qu’Ansar Allah au Yémen. Bien que le Yémen soit un petit pays pauvre, il a été le seul parmi les 193 États membres des Nations unies à assumer sa responsabilité de protéger les habitants de Gaza du génocide perpétré par le régime sioniste. L’autre leçon importante que le Yémen a enseignée au monde est que les missiles stratégiques, les missiles hypersoniques, les porte-avions, les sous-marins nucléaires, les avions de combat supersoniques, les chars et les armées de millions d’hommes sont inutiles face à la détermination inébranlable des peuples à leur faire face.
revue de la coordination des noyaux communistes (espagne)
n.6 2025
1 Accords d’Abraham, pacte de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël signé à Washington en 2020, qui s’ajoute à ceux déjà signés avec l’Égypte en 1979 et avec la Jordanie en 1994.
2 La résolution 1701 du Conseil de sécurité (2006) prévoit un cessez-le-feu, le retrait d’Israël du sud du Liban, le déploiement de la FINUL, la libération des prisonniers israéliens et le désarmement de tous les groupes, y compris le Hezbollah.
3 Les Druzes sont une communauté batinite vivant en Syrie, au Liban et en Palestine. Ils sont 700 000 en Syrie.
4 L’expression vient de Mao : « L’impérialisme américain est un tigre de papier ».