pablo hasel
Prison de Ponen, Espagne 2025
Le sionisme a échoué – et échouera toujours – dans sa tentative obsessionnelle et sa promesse d’anéantir la Résistance palestinienne. Il est évident que leur objectif n’est pas seulement son extermination, mais aussi la réalisation d’un nettoyage ethnique leur permettant de s’emparer des rares terres restant aux Palestiniens après des décennies de vol et de massacres. Mais comme c’est la Résistance qui tente de l’empêcher par le combat le plus acharné, elle devient une obsession pour Israël et ses collaborateurs impérialistes, qui cherchent à lui infliger le plus de pertes possible. Personne ne peut ignorer que la Résistance a subi, comme inévitable dans un combat aussi inégal, de nombreuses et douloureuses pertes. Pourtant, après un an et demi d’offensive sioniste brutale, elle a démontré qu’elle conservait une puissante capacité opérationnelle et que de nouveaux combattants ne cessent de rejoindre ses différentes factions. À cet égard, la libération de prisonniers politiques arrachée à Israël constitue une victoire majeure pour plusieurs raisons et confirme la force qu’elle maintient, capable de plier la bête sioniste qui avait juré de « libérer » les colons otages en exterminant tous les combattants palestiniens.
La libération de centaines de prisonniers palestiniens enfermés dans des centres de torture et d’extermination ne « fait pas que » soulager leurs immenses souffrances et celles de leurs familles, ne « fait pas que » représenter une grande conquête obtenue par la lutte révolutionnaire et non par la reddition. Elle revêt aussi une importance considérable, car parmi les prisonniers libérés se trouvent de nombreux militants de la Résistance. Beaucoup d’entre eux sont des cadres et dirigeants condamnés à des décennies de prison, voire à perpétuité. Tous pourront – s’ils le souhaitent ou en ont la capacité – renforcer la Résistance, à l’étranger ou non, et atténuer l’impact des nombreuses pertes causées par les crimes sionistes. Même ceux qui ne pourront pas la rejoindre pourront transmettre leur savoir à d’autres combattants, présents ou futurs. Le fait qu’après près d’un an et demi de génocide intensifié ayant ravagé Gaza, la Résistance soit encore capable de cacher les colons otages et de forcer la libération de nombre de ses meilleurs combattants, souligne son sérieux. D’autant plus que la bande de Gaza ne couvre que 365 km² et qu’Israël dispose de la technologie la plus avancée.
Un sérieux démontré une fois de plus lors de l’opération minutieusement préparée du « Déluge d’Al-Aqsa », le 7 octobre 2023. Un ensemble d’actions contre les envahisseurs criminels qui, avec le temps et l’évolution des événements, gagnent en compréhension et en admiration à travers le monde. Elles ont fait échouer les campagnes de mensonges multimillionnaires du sionisme et de ses médias serviles, allant jusqu’à inventer que la Résistance avait violé ou décapité des bébés. Ses objectifs ne se limitaient pas au court terme : même les plus immédiats étaient et restent orientés vers le moyen et le long terme. Planifiée dans l’extrême confidentialité par quelques dirigeants comme Yahya Sinwar (depuis assassiné par Israël), qui réfléchissaient depuis des années à comment mettre fin à la normalisation de l’extermination coloniale raciste. Durant ses vingt ans d’emprisonnement, Yahya avait appris l’hébreu et étudié le sionisme pour connaître l’ennemi en profondeur. Il résuma la philosophie de cette opération disruptive dans un discours par ces mots :
« Nous ne nous laisserons pas tuer en silence. Nous mourrons les armes à la main. ».
Conscients que, quoi qu’ils fassent, le sionisme continuerait avec ses plans d’invasion, d’assassinats, d’apartheid, de misère imposée, d’emprisonnements et de tortures, ils ont décidé de frapper fort pour se défendre, interrompre les accords d’Israël avec des puissances arabes, forcer la libération des prisonniers politiques, rendre visible au niveau international l’occupation en suscitant davantage de solidarité, accentuer les contradictions au sein de la société israélienne en aggravant sa crise interne, inspirer davantage de résistance et, par tout cela, rapprocher la libération de la Palestine.
Il y a ceux qui soutiennent, parfois avec de bonnes intentions mais presque toujours avec un manque de solidarité, que l’action de la Résistance aurait provoqué un génocide bien plus grand. Ils omettent que le génocide n’a pas commencé le 7 octobre, mais qu’il se perpétue depuis des décennies, tout comme les autres atrocités sionistes mentionnées. Par conséquent, devraient-ils se laisser tuer et torturer les bras croisés pour ne pas être traités de terroristes ? Est-ce que l’hypocrisie et l’humanisme de façade de ceux qui mettent sur le même plan l’extermination par les oppresseurs et l’autodéfense des opprimés vont rapprocher la libération de la Palestine et la fin de tant de barbarie ?
La Résistance, logiquement, savait très bien qu’Israël intensifierait le génocide. Aussi clairement que, si elle ne lutte pas fermement pour rapprocher la libération de la Palestine, à long terme les morts se multiplieront encore plus et la libération sera impossible. D’où la vision à long terme de leur opération. Ils ne sacrifient pas leur peuple, contrairement à ce que vomissent les soi-disant journalistes, mercenaires de l’impérialisme qui, lui, extermine bel et bien le peuple palestinien et tant d’autres. Les premiers à risquer leur vie sont les membres de la Résistance, qui luttent pour la libération. Leurs familles deviennent également une cible prioritaire pour les sionistes. C’est pourquoi ils ont le soutien de la majorité de leur peuple, lassé des trahisons collaborationnistes et corrompues de l’Autorité Nationale Palestinienne. C’est pourquoi leurs rangs ne cessent de grossir, comme le reconnaît la Résistance elle-même et comme s’en plaignent certains secteurs sionistes qui admettent leur échec. La démoralisation gagne de nombreux soldats israéliens, face aux lourdes pertes infligées par les miliciens palestiniens, soit depuis les tunnels ingénieux, soit dans les affrontements urbains au cœur des ruines — des combattants dotés d’une bien plus grande force morale, car ils défendent leur terre et non une occupation.
Le saut qualitatif de la solidarité internationale dû à la mise à nu plus grande d’Israël et à l’appel à la lutte lancé par la Résistance, bien qu’encore très insuffisant et devant se développer, a permis de faire émerger une prise de conscience plus aiguë, dénonçant l’impérialisme dans son ensemble, contribuant ainsi à son affaiblissement. Les États-Unis et l’Union européenne, principalement, ont été fortement discrédités par leur collaboration active au génocide — l’État espagnol compris, avec la vente et l’achat d’armes et tant d’autres affaires douteuses avec le sionisme, comme les collaborations économiques, universitaires ou en matière répressive. Tout cela facilitera le renforcement du mouvement anti-impérialiste, aussi indispensable qu’urgent à notre époque.
À mesure que ce mouvement se développera dans les États impérialistes — les dénonciations de l’OTAN se multiplient peu à peu —, que les crises de ces États s’approfondiront, que l’organisation révolutionnaire se renforcera et que les États anti-impérialistes se multiplieront dans le monde, le rapport de forces changera et la Palestine aura plus de chances d’être libérée. Mais pour que cela soit possible, il est fondamental de contribuer à la lutte, et les leçons de résilience de la Résistance palestinienne doivent servir d’inspiration. Tout comme le peuple vietnamien, le peuple cubain et bien d’autres qui ont affronté héroïquement la bête impérialiste, ils démontrent une fois de plus qu’avec ruse et une organisation sérieuse, il est possible de blesser et même de vaincre un ennemi bien plus puissant. En remportant des batailles dans les conditions les plus dures, ils rendent possible un jour la victoire définitive.
traduction du site: presos.org.es/