CPS sur « La diaspora africaine en Afrique »

le dilemme de la migration intra-africaine et les perspectives de lutte et d’organisation

Parti communiste du Swaziland (CPS)

Le CPS se concentrant sur la campagne pour la justice économique, cette session a porté sur le dilemme de la migration intra-africaine et de la diaspora africaine en Afrique, examinant la dynamique complexe des expériences des travailleurs migrants, en particulier entre le Swaziland et l’Afrique du Sud. Le secrétaire général du Parti communiste du Swaziland (CPS) a présenté une analyse de la manière dont les schémas migratoires sont façonnés par l’histoire coloniale, le capitalisme et les luttes de classe. La discussion a exploré la manière dont les travailleurs migrants sont souvent exploités comme main-d’œuvre bon marché tout en étant simultanément désignés comme boucs émissaires des problèmes économiques dans les pays d’accueil.

Les schémas migratoires en Afrique, en particulier depuis des pays comme le Swaziland vers l’Afrique du Sud, ont des racines historiques profondes dans le colonialisme et le capitalisme. À l’époque coloniale, la migration était systématiquement organisée afin de fournir une main-d’œuvre bon marché pour les mines et d’autres industries. Le secrétaire général a fait remarquer que « le système de main-d’œuvre migrante était un produit de la colonisation » conçu pour tirer un profit maximal de l’exploitation des travailleurs.

Ce système a créé des dépendances dans des pays comme le Swaziland, où une grande partie de la population, parfois près de la moitié, travaillait dans les mines sud-africaines et envoyait des fonds dans son pays d’origine.

Les gouvernements postcoloniaux ont maintenu ces structures d’exploitation, la monarchie du Swaziland encourageant même les diplômés à quitter le pays pour trouver du travail ailleurs. La discussion a mis en évidence la manière dont les frontières coloniales ont divisé artificiellement les peuples africains, créant la situation paradoxale d’une « diaspora africaine en Afrique ». Ces schémas historiques se poursuivent aujourd’hui, bien que sous des formes modifiées, car les nécessités économiques poussent les gens à migrer malgré un accueil de plus en plus hostile dans les pays de destination.

L’un des thèmes centraux de la discussion a été la nécessité pour les travailleurs migrants de développer une identité de classe claire et de s’organiser efficacement. Le secrétaire général a souligné que « l’élément qui fait le plus défaut est que les travailleurs migrants manquent d’organisation et d’affirmation ». Cette désorganisation crée une vulnérabilité et sape la lutte des classes tant dans les pays d’origine que dans les pays d’accueil. Les travailleurs migrants se considèrent souvent comme de simples individus à la recherche de meilleures opportunités plutôt que comme faisant partie d’une classe ouvrière plus large ayant des intérêts communs. Ils se concentrent exclusivement sur les moyens de subsistance de leur famille plutôt que sur des questions économiques et politiques plus larges.

Le secrétaire général a fait valoir que les travailleurs migrants doivent comprendre leur rôle dans les systèmes de production et développer une solidarité avec les travailleurs locaux dans leur pays d’accueil. Cela nécessite de reconnaître les intérêts de classe communs au-delà des frontières nationales et de respecter les acquis des mouvements syndicaux dans des pays comme l’Afrique du Sud. Plusieurs participants ont souligné que l’organisation est la clé pour transformer la situation actuelle, où les travailleurs sont montés les uns contre les autres, en une situation où ils peuvent s’unir contre leurs exploiteurs communs.

La discussion a porté sur les tensions xénophobes croissantes en Afrique du Sud, où les travailleurs migrants sont de plus en plus souvent pris pour boucs émissaires des problèmes économiques. Le secrétaire général a noté que les forces de droite mobilisent les Sud-Africains contre les migrants étrangers, créant ainsi de dangereuses divisions au sein de la classe ouvrière. Cela sert les intérêts de la classe capitaliste en détournant l’attention des véritables

causes du chômage et de la pauvreté.

La discussion a mis en évidence des incidents au cours desquels des migrants ont été expulsés de force des hôpitaux et d’autres services publics. Les intervenants ont souligné que ces conflits sont fabriqués de toutes pièces pour empêcher l’unité de la classe ouvrière et maintenir le pouvoir des minorités.

Pour relever efficacement les défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants du Swaziland et d’autres pays, il est essentiel de les organiser en groupes cohésifs ayant une identité de classe claire. Renforcer la solidarité entre ces travailleurs migrants et les organisations locales de la classe ouvrière, telles que le COSATU, peut renforcer leur pouvoir de négociation collective et favoriser l’unité au-delà des frontières.

L’élaboration de supports pédagogiques axés sur l’économie politique permettra de sensibiliser les travailleurs et de leur donner les connaissances nécessaires pour comprendre et contester les forces systémiques qui les exploitent. La création de plateformes de discussion permanentes garantit que les questions migratoires sont continuellement examinées dans une perspective de classe, ce qui favorise un engagement et un activisme durables.

En outre, il est essentiel de renforcer la campagne pour le renversement de la monarchie au Swaziland, car cette lutte s’inscrit dans un mouvement de classe régional plus large visant à démanteler les structures oppressives.

Enfin, l’établissement de fourchettes salariales communes à l’échelle du continent contribuera à prévenir l’exploitation des travailleurs migrants en garantissant une rémunération équitable et standardisée, indépendamment des frontières nationales

. Ensemble, ces stratégies peuvent constituer un front uni et puissant pour faire progresser les droits et la dignité des travailleurs migrants dans toute la région.

« Les Africains doivent s’unir ; cette unité doit même ignorer les frontières et les territoires définis par le colonialisme », a-t-il souligné.

Liciniso, n.22 septembre 2025

Swaziland

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