SUPERNOVA n.9 2025
mémoire historique
Pendant les années tumultueuses de la République de Weimar (1918-1933)1, avant la prise du pouvoir par les nazis (avec le soutien de la grande bourgeoisie allemande, des partis nationalistes et à travers la passivité de la social-démocratie et des libéraux), existait un parti communiste dynamique (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD)2. Ce parti fut en première ligne pour contrer l’avancée du nazisme rue par rue, avec une perspective de rupture des rapports de classe capitalistes. Avec la victoire du nazisme, le KPD fut démantelé, ses militants emprisonnés et massacrés, comme son principal dirigeant Ernst Thälmann (1886-1944), interné et tué dans le camp de concentration de Buchenwald.
Notre intérêt pour le KPD et la République de Weimar se concentre sur un aspect spécifique : le rôle du parti face aux gangs de jeunes des quartiers populaires. L’action des communistes et de la gauche révolutionnaire face à ces phénomènes sociaux fut très limitée3. C’est pourquoi nous pensons qu’il est intéressant de travailler sur une recherche historique, engagée (de classe) et en dehors des circuits universitaires (liés à une vision bourgeoise et sociologique), qui mette en lumière les tentatives de synthèse sociale et politique du mouvement communiste révolutionnaire sur ce terrain précis. Lire les expériences, les expérimentations et leurs limites dans le passé (dans ce cas, une archéologie…) ne résout pas les problèmes, les contextes changent, mais elles représentent un exemple tangible pour se confronter et se reconnaître (elles font partie de notre histoire), afin d’élaborer des tactiques et des stratégies pour les contradictions du présent.
Le territoire géographique où se rencontraient communistes et gangs de jeunes était constitué des anciens quartiers ouvriers de Berlin. Dans les années 1920, la capitale allemande comptait environ 4 millions d’habitants, dont près de la moitié vivait de l’industrie ; selon le recensement de 1925, 41 % de la population appartenait à la classe ouvrière manuelle. Le principal secteur d’emploi masculin était l’industrie métallurgique, incluant les entreprises électrotechniques et mécaniques, suivie par le bâtiment. Grâce aux nombreuses opportunités de travail occasionnel offertes par une métropole où la production et la distribution étaient très importantes (un quart de la population dépendait du commerce et des transports pour subsister), Berlin comptait une proportion de travailleurs non qualifiés supérieure à la moyenne nationale, environ 42 %. Les ouvriers berlinois étaient concentrés dans le nord et l’est de la ville, avec des poches significatives dans le centre. Les quartiers préindustriels du vieux Berlin (Berlin-Mitte) étaient entourés de zones densément peuplées d’habitations ouvrières construites après 1870 : Wedding et Prenzlauer Berg au nord, Friedrichshain à l’est, Neukölln, Kreuzberg et des parties de Schöneberg au sud-est, Moabit et un angle de Charlottenburg à l’ouest. Cinq de ces quartiers – Wedding, Kreuzberg, Friedrichshain, Mitte et Moabit – abritaient une proportion disproportionnée de travailleurs peu qualifiés. C’est dans ces zones traditionnellement prolétaires que le KPD berlinois avait maintenu ses bastions depuis 1919, notamment à Wedding, Neukölln, Friedrichshain, Mitte et certaines parties de Kreuzberg. C’est aussi là, en particulier à Neukölln, Kreuzberg et Wedding, que prospérèrent les gangs de jeunes.
Les gangs étaient composés d’adolescents de la classe ouvrière, généralement non qualifiés ou chômeurs. Une partie de leurs membres était constituée de vagabonds ou de criminels. En 1930, un ancien membre estimait qu’il y avait 600 gangs à Berlin, « dont peut-être 10 étaient des bandes criminelles, 20 % à la limite entre criminalité et vagabondage, et les 70 % restants des bandes de vagabonds »4.
L’histoire des gangs est celle des phases par lesquelles certains secteurs de ce mouvement juvénile informel ont été associés, dans l’imaginaire collectif, à un certain style, et l’image qui en a découlé est devenue un foyer d’anxiétés sur le potentiel, à la fois criminel et politique, de la jeunesse ouvrière. Les antécédents de ce développement remontent aux premières décennies du XXe siècle : l’identification de la jeunesse comme problème social, la croissance de mouvements de jeunesse « officiels » autonomes, puis le bouleversement radical des normes sociales pendant la guerre et la révolution. À leur apogée, les gangs représentaient à la fois une parodie dégénérée des premiers et une terrible vengeance des seconds.
Il est devenu un lieu commun de l’historiographie allemande que les années 1900 aient vu une nouvelle attention bourgeoise portée à la jeunesse, la « découverte de l’adolescence ». Des campagnes furent lancées pour créer des normes et des institutions de contrôle, comme les restrictions sur le travail des mineurs et la vente d’alcool. La peur des autorités allemandes était la radicalisation politique des jeunes, notamment après la création du mouvement de jeunesse social-démocrate en 1905. Le gouvernement répondit par des mesures répressives et des subventions aux organisations de jeunesse non socialistes. Ces développements se poursuivirent sous la République, renforcés par les conditions de guerre et de révolution. Les échos de la révolution russe en Allemagne produisirent un mouvement révolutionnaire culminant avec la Commune de Berlin (5-12 janvier 1919), où les dirigeants révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg furent massacrés avec l’aide des sociaux-démocrates5.
Les institutions nées après la guerre et l’échec de la révolution étaient basées sur un compromis entre assistance sociale et contrôle. En 1923, l’hyperinflation aggrava les tensions sociales, entraînant une vague de crimes contre la propriété et de nouvelles inquiétudes sur la moralité de la jeunesse. Le maire de Berlin décrivait ainsi la situation : « Les enfants sont souvent poussés ou forcés par leurs parents à mendier ou même à voler… déclin de l’honnêteté, augmentation de l’alcoolisme chez les jeunes, perte de l’autorité parentale, dégénérescence morale. ».
Un journaliste libéral du Berliner Tageblatt avertissait : « On dit que les Apaches de Paris… descendaient des jeunes égarés pendant la guerre de 1871. Compte tenu des privations de la dernière guerre, Berlin pourrait avoir une sorte d’Apaches qui ferait pâlir ceux de Paris. » 6
Les mêmes colonnes des journaux qui se plaignaient des vagabonds rapportaient désormais régulièrement des informations sur les activités criminelles des gangs de jeunes.
Contrairement aux gangs anonymes de l’ère wilhelmienne, certains groupes des années 1920 avaient des noms : Association des limiers de Reinickendorf, Colonne de mai, Noble Guilde de Moabit.
Entre 1927 et 1928, le phénomène des gangs s’amplifia. Entre février 1925 et la fin de l’année suivante, le nombre de chômeurs enregistrés à Berlin tripla. Sur les plus de 112 000 travailleurs de la ville inscrits comme chômeurs à l’été 1926, près de 15 000 avaient moins de 21 ans, un chiffre représentant plus de 15 % des hommes de la classe ouvrière âgés de 14 à 21 ans. Les jeunes constituaient ainsi le contingent le plus important de chômeurs à Berlin, formant une couche de chômeurs chroniques.
Ce chômage, engendré à la fois par les mécanismes sociaux de crise traversant le système économique allemand et par la rationalisation industrielle (dans les secteurs mécanique et électronique), eut un double effet : il aggrava la contraction déjà amorcée entre 1923 et 1925, tout en rendant plus précaire la situation professionnelle des jeunes travailleurs industriels.
Pour de nombreux jeunes, la récession signifia donc la pauvreté et un temps libre imposé par le chômage catastrophique. Face à cette situation, diverses institutions nouvelles, officielles et informelles, naissent, offrant à la fois des moyens de surveillance et des services sociaux.
Durant l’hiver 1926-1927, on signala l’ouverture de plusieurs tavernes à proximité des bureaux de placement, spécialisées dans le crédit aux jeunes vagabonds et fugueurs du système de redressement. Comme garantie, elles exigeaient des papiers d’identité, des certificats de travail ou des objets de valeur. En entraînant ainsi les jeunes dans un cercle vicieux de chômage, d’endettement et de criminalité, ces établissements furent considérés comme responsables de l’émergence des gangs.
À peu près à la même époque, les services sociaux pour la jeunesse de Berlin commencèrent à mettre en place des centres d’accueil de jour pour les jeunes chômeurs.
En 1928, la presse officielle publia les premiers articles présentant tous les éléments caractéristiques de l’image des gangs, ainsi que le premier procès de membres d’un gang. Début 1929, lors d’un second procès du même type impliquant cette fois ce qui semblait être une fédération de bandes, ces groupes étaient déjà qualifiés de « sociétés criminelles ». La dépression qui éclata fin 1929 – laissant plus de 600 000 Berlinois sans emploi en trois ans et inaugurant la période de crise et de troubles la plus fatale de la République – provoqua une augmentation massive du nombre de gangs, particulièrement dans la ville de Berlin.
Les estimations sur le nombre réel de personnes impliquées dans ces bandes variaient considérablement. Dans les années 1930, on évaluait leur nombre entre 100 et 600 groupes distincts, comptant chacun de 10 à 100 membres7. Structurellement, ces gangs étaient composés d’éléments issus des milieux ouvriers, où la vie familiale jouait un rôle limité et précaire. Si de nouvelles valeurs domestiques avaient commencé à pénétrer la classe ouvrière à cette époque, leur adoption nécessitait au minimum que les familles puissent échapper aux conditions de surpeuplement qui restaient la norme dans les vieux quartiers ouvriers. Pour les travailleurs sans revenu régulier ni contacts avec les syndicats et organisations coopératives qui parrainaient les nouveaux projets de logements sociaux en périphérie, la rue demeurait le principal lieu de socialisation et le groupe de jeunes du même âge leur principal vecteur d’intégration. Le caractère et les activités de ces bandes reflétaient ainsi cette frange de la classe ouvrière dont la meilleure perspective était une vie de labeur physique pour un revenu incertain.
La masculinité agressive constituait un élément central de cette identité. La composition genrée des bandes variait : il existait quelques groupes exclusivement féminins et d’autres mixtes. Cependant, l’exclusivité masculine restait caractéristique des gangs les plus redoutés.
Un ancien membre rapporta que les groupes de filles s’étaient formés en réaction aux tentatives d’exclure les jeunes femmes des bandes masculines. Il interpréta cette séparation comme une mesure « hygiénique » : de nombreux membres souffraient de maladies vénériennes, reflétant l’importance de l’érotisme dans la vie des gangs – un de leurs aspects les plus controversés.
Même les bandes masculines étaient souvent accompagnées dans leurs activités par une ou deux « favorites du gang ». Selon les témoignages, leur rôle incluait la satisfaction des « besoins sexuels » des membres masculins8.
L’activité des gangs était davantage liée à la « socialisation » (excursions, fêtes et bals) et apre au « crime ». Pour les jeunes travailleurs disposant de peu de temps libre, les excursions offraient une échappatoire physique aux conditions de logement exiguës. À Berlin, avec ses vastes parcs, ses lacs et ses villages périphériques accessibles en transports en commun, les escapades campagnardes constituaient une activité récréative traditionnelle des classes populaires. Pour les jeunes chômeurs, la cohésion et la mobilité favorisées par le camping pouvaient servir de base à un nouveau mode de vie, tant moral que matériel. Parmi les autres objectifs des gangs figuraient l’entraide mutuelle, la résistance commune contre les représentants des bureaux de la jeunesse, du système de rééducation et de la police, ou – pour les gangs de vagabonds – la coopération quotidienne pour trouver nourriture et abri.
Les gangs portaient des noms évocateurs: Farmers’ Fear (La Terreur des paysans), Red-Apaches (Apaches rouges), Bloody Bone (Os sanglants), Sing-Sing, Death-Defiers (Défieurs de la mort). La rudesse était une qualité essentielle pour intégrer un gang : l’initiation exigeait souvent des nouveaux membres qu’ils commettent de petits larcins ou actes de vandalisme comme preuve de leur aptitude et de leur bonne foi. Les « règles » des gangs étaient strictes:
–Chaque membre devait régler ses dettes…
-Il devait défendre tout camarade attaqué ou insulté, quelles que soient les circonstances
-La dénonciation était absolument prohibée
Lors de leurs « sorties », les gangs tendaient des embuscades aux groupes officiels de randonneurs et scouts (souvent issus des classes moyennes), leur confisquant badges et étendards comme trophées. Les randonneurs isolés étaient parfois également agressés.
Les délits caractéristiques comprenaient dégradations de biens, agressions, vols et cambriolages. Ces gangs juvéniles demeuraient largement indépendants des structures du crime organisé berlinois. À noter que le crime organisé de l’époque n’avait ni l’ampleur des mafias du XXIe siècle, ni leurs connexions avec l’économie légale ; les marchés de la drogue et de la prostitution restaient relativement localisés. Pour autant, le crime organisé conservait un statut de « mythe » social pour l’écrasante majorité des membres des gangs.
La territorialité, élément central de la vie des gangs, se manifestait dans le choix de leurs lieux de rendez-vous : tavernes, parcs, salles de danse ou Rummelplätze (fêtes foraines) – des lieux de divertissement ouvriers traditionnels, à petite échelle, économiques et facilement accessibles dans le quartier. Les Rummelplätze étaient particulièrement associés à l’émergence de la délinquance juvénile.
En principe, les bandes étaient également disposées à faire respecter les intérêts matériels d’autrui ou les valeurs collectives de leur quartier. Leur capacité à imposer par la force devint plus cruciale à mesure que les vagues de désintégration économique caractéristiques de la République de Weimar intensifiaient la lutte pour la survie matérielle, réduisant les possibilités de médiation économique ou financière des rapports de pouvoir dans les quartiers.
Dans les années 1930, l’hypothèse selon laquelle certaines bandes avaient des sympathies politiques identifiables était aussi répandue que l’association rhétorique générale entre radicalisme politique (de gauche) et augmentation de la criminalité. La police berlinoise qualifiait les bandes de Neukölln « d’orientation communiste », et le journal Vorwärts s’interrogeait longuement pour savoir si les membres du gang Tartar’s Blood étaient des communistes camouflés ou simplement portés vers des tendances radicales de gauche.
Les observateurs de l’époque estimaient en 1930 que : 71% des bandes « non exclusivement criminelles » étaient apolitiques, 21% affichaient des sympathies de gauche (majoritairement communistes) 7% penchaient à droite (nationalistes radicaux ou racistes)9.
La fusion entre groupes de jeunes criminels et organisations politiques devint une source de préoccupation générale, face au double phénomène d’une politisation massive de la jeunesse et d’une recrudescence de la violence politique durant les années 1920 et le début des années 1930.
Le mouvement bourgeois de jeunesse se fragmenta en une multitude d’organisations à caractère plus ou moins militariste et nationaliste. Les partis politiques et associations de la République de Weimar commencèrent à cibler spécifiquement les jeunes. À la Jeunesse social-démocrate s’ajoutèrent : la Jeunesse Bismarck du Parti populaire allemand conservateur, la branche jeune de l’organisation d’anciens combattants d’extrême-droite Stahlhelm, la Jeunesse communiste et les Jeunesses hitlériennes des nationaux-socialistes.
Les jeunes constituèrent aussi le parte la plus enthousiaste des organisations paramilitaires créées par les partis : le Reichsbanner10 (social-démocrate), le Stahlhelm (nationaliste), la Ligue des combattants du Front rouge (Roter Frontkämpferbund, RFB) des communistes, les sections d’assaut nazies (Sturmabteilung, SA).
À la fin des années 1920, chaque grande campagne politique se caractérisait par des interruptions mutuelles de meetings, des manifestations et des rixes de rue. Le début de la Grande Dépression s’accompagna d’une vague d’activisme et de soutien populaire aux partis radicaux, dont le principal bénéficiaire fut le parti nazi. Aux élections législatives de septembre 1930, les nationaux-socialistes obtinrent plus de 6 millions de voix, passant d’une poignée de sièges au Reichstag à la position de deuxième force politique.
Cela relança une spirale d' »affrontements de rue » dans les quartiers prolétaires. Tandis que les SA tentaient de s’implanter dans les bastions communistes, le conflit dégénéra : aux poings s’ajoutèrent couteaux et pistolets. Entre mai 1930 et novembre 1931, 29 personnes trouvèrent la mort à Berlin dans ce qui était devenu essentiellement un conflit triangulaire opposant nazis, communistes et police (cette dernière soutenant souvent les groupes d’action nazis).
Les arrestations et condamnations touchèrent particulièrement les jeunes Berlinois, spécialement ceux âgés de 18 à 21 ans11.
À la fin des années 1920 et au début des années 1930, la presse du SPD (sociaux-démocrates) exprimait une inquiétude face à la politisation de la jeunesse qui reflétait parfaitement le tempérament de « l’opinion publique » bourgeoise. Les communistes, quant à eux, adoptèrent une approche plus directe avec les gangs.
Ces gangs représentaient une réalité prolétarienne à laquelle le mouvement communiste était concrètement confronté. Avec un nombre d’adhérents oscillant entre 11 000 (en 1927) et plus de 30 000 (en 1923), sans compter les milliers de membres organisés dans des formations auxiliaires comme le Roter Frontkämpferbund (RFB), le KPD était une présence très visible et active dans les rues de Berlin. Le parti revendiquait comme bastions les mêmes quartiers où les gangs étaient les plus développés, et l’univers de ces gangs se reflétait dans la composition sociale du parti lui-même.
Contrairement au SPD, les membres du KPD comptaient une forte proportion d’ouvriers manuels et non qualifiés, d’hommes, de jeunes et de chômeurs. Ces groupes étaient encore plus surreprésentés dans les milices auxiliaires du parti. Avec l’augmentation des effectifs du KPD pendant la crise (le nombre d’adhérents à Berlin a presque doublé entre 1929 et 1932), la tendance à recruter parmi les jeunes et les chômeurs devint écrasante.
L’interaction entre conditions sociales et intérêts politiques dans la formation des gangs créait une affinité naturelle avec le Parti communiste, qui organisait en son sein le « même sujet social ». Les mêmes conditions structurelles s’appliquaient aux résidents communistes de ces quartiers. Cela était plus visible dans le voisinage que sur le lieu de travail. La police et les assistants sociaux étaient perçus comme des figures « intrusives » et hostiles aux travailleurs “sans réserve“. Les gangs étaient décrits comme des organisations s’opposant à la police et au système des « maisons de correction ». Cela constituait la composante « objectivement » politique des gangs et correspondait à l’action pratique du KPD.
Le KPD était un parti ouvertement insurrectionnel, dont la raison d’être était d’offrir une alternative révolutionnaire à la social-démocratie. En tant que tel, il menait une politique d’opposition frontale à l’État de Weimar. Une part importante de l’activité communiste consistait en une agitation dans les quartiers, ciblant des institutions comme la police, les bureaux d’aide sociale, les agences pour l’emploi et les écoles. Cette agitation incluait à la fois : des actions directes (manifestations ou autodéfense face à la police), des demandes de réformes radicales du système, comme le contrôle ouvrier.
Pour les communistes du KPD, ces actions s’inscrivaient dans une stratégie plus large, tout en restant ancrée dans la centralité ouvrière. Les militants du KPD cherchaient principalement à s’implanter parmi les ouvriers, là où ceux-ci prenaient conscience de leurs intérêts collectifs et de leur force sur leur lieu de production. Cependant, la social-démocratie et les syndicats “libres” conservaient le contrôle sur la grande majorité des travailleurs organisés. Après 1924, les communistes éprouvèrent de grandes difficultés à opérer dans les usines et durent souvent recruter des militants en dehors des rangs de la classe ouvrière organisée et employée. Dans ses efforts pour mobiliser divers secteurs de la population, le KPD fit preuve d’une sensibilité notable aux préoccupations de groupes d’intérêt spécifiques – comme en témoignent son agitation parmi les chômeurs et son engagement dans les campagnes contre la loi sur l’avortement.
Le KPD considérait les gangs comme des alliés potentiels plutôt que comme des militants directs du parti. L’intégration des membres de gangs dans les structures du parti ou sous son contrôle (groupes d’autodéfense, etc.) fut entreprise lors des phases les plus radicales de son activité. Ces efforts coïncidèrent avec la volonté des communistes de se distancier de la social-démocratie et d’étendre leur influence à des franges prolétariennes qu’ils considéraient comme extérieures à la classe ouvrière organisée, mais faisant néanmoins partie du prolétariat « métropolitain ».
L’appel aux gangs était lancé lorsque le parti percevait le danger d’une attraction des jeunes vers les mouvements de droite. Il s’accompagnait toujours d’un appel à la résistance physique contre le « fascisme », conçu comme une forme d’entraînement à la future lutte insurrectionnelle (guerre civile) pour le pouvoir ouvrier. Le KPD était l’un des rares partis communistes d’Europe occidentale à disposer d’une structure politico-militaire interne.
La première de ces occasions se produisit au printemps 1923. La crise nationale déclenchée par l’occupation française de la Ruhr et l’hyperinflation galopante poussa le KPD à organiser des manifestations de masse à grande échelle, à multiplier les avertissements sur les dangers d’un mouvement fasciste de type italien submergeant l’Allemagne, et finalement à entamer les préparatifs d’une révolution ouvrière.
Dans ce contexte, les membres des Jeunesses Communistes de Berlin conçurent l’idée de créer une organisation faîtière pour les gangs. Baptisée Roter Wanderring (RWR, Cercle des Randonneurs Rouges), elle publia un journal intitulé Der Rote Wanderer (Le Randonneur Rouge). Le journal fustigeait la presse bourgeoise pour son « bavardage sur la prétendue « dégénérescence morale » de la jeunesse », soulignant que même le Vorwärts (journal social-démocrate) s’était joint à la critique des clubs de « randonnée ».
Le programme du RWR incluait : une assistance juridique gratuite, le soutien aux organisations révolutionnaires, l‘aide dans la lutte pour le logement.
Dès sa première réunion, un groupe de clubs hostiles à la ligne radicale du RWR fit scission pour former un Free Hiking Ring (Cercle de Randonnée Libre), où coexistaient groupes nationalistes et sociaux-démocrates.
Le journal communiste Die Rote Fahne rapporta plusieurs épisodes où les « camarades » du RWR soutinrent les Jeunesses Communistes dans des affrontements contre la police et les Jeunesses Bismarck. Des sections du RWR apparurent actives, aux côtés d’autres clubs locaux difficiles à identifier, dans les « cartels de la jeunesse prolétarienne » qui se formèrent à travers Berlin durant la phase finale de l’agitation proto-révolutionnaire du KPD12.
Bien que conscients des excès comportementaux liés à la vie des gangs – qu’ils cherchaient à réprimer autant que possible -, les activistes reconnaissaient généralement que les membres actuels et anciens des gangs avaient apporté une contribution majeure au parti et à son organisation de jeunesse.
Avec la montée du nazisme à Berlin dès 1926, les gangs proches du KPD et des Jeunesses Communistes s’engagèrent davantage dans la lutte politique, menant des actions directes contre les militants nazis et leurs réunions.
1929 marqua un tournant dans la tactique du Parti Communiste, avec le développement de nouvelles formes d’agitation de masse. Pour rallier les « masses laborieuses », notamment les jeunes et les chômeurs, les communistes intensifièrent leur travail de terrain dans les quartiers. Un volet crucial fut la promotion de l’autodéfense contre la terreur des SA (« lutte militante contre le fascisme »), impliquant : la reconstruction d’organisations légales et clandestines après l’interdiction des formations paramilitaires, le recrutement de jeunes activistes dans des groupes d’autodéfense locaux.
Fin 1930, après les succès électoraux nazis au Reichstag, le KPD chargea ses structures « armées » clandestines à Berlin et Hambourg d’« élaborer un plan d’agitation parmi les gangs et de compiler leurs expériences pour une utilisation par l’ensemble de l’organisation ».
Dès 1929, le parti s’engagea pleinement dans une campagne contre le système des maisons de correction pour, combinant protestations bruyantes (parfois violentes) des détenus avec une vaste agitation publique.
Plusieurs cas ont été documentés où des jeunes menaient simultanément des activités de gang et des engagements politiques, ou passaient des organisations communistes aux gangs, et vice versa. Les structures politiques liées au Parti communiste, qui cohabitaient avec ces gangs dans les quartiers ouvriers, partageaient nécessairement leur quotidien urbain.
Les communistes n’étaient pas les seuls à attirer l’attention des gangs – les organisations paramilitaires nazies recrutaient dans les mêmes milieux. Il convient toutefois de souligner que les gangs proches des positions nationalistes, racistes et ouvertement nazies étaient souvent ceux entretenant les liens les plus étroits avec le crime organisé de l’époque.
Pourtant, le mouvement communiste affirma clairement son affinité avec les gangs. La presse de droite diabolisait le KPD à travers des formules comme « l’identité entre communisme et criminalité ». Les sociaux-démocrates accusaient régulièrement les communistes d’avoir introduit une vulgarité et une brutalité sans précédent dans la vie politique, les rues et les arènes parlementaires, bien avant que les nazis ne deviennent une menace pour l’ordre public – les blâmant explicitement d’avoir instrumentalisé et recruté parmi les gangs juvéniles.
Le KPD non seulement épousa ouvertement la cause de la jeunesse « criminelle » à travers sa campagne contre les maisons de correction et son agitation antipolicière, mais sa direction berlinoise défendit la culture prolétarienne des gangs contre la « respectabilité » prônée par les sociaux-démocrates et les libéraux.
Le KPD appréhendait les gangs – et plus généralement cette frange du prolétariat – selon deux axes parallèles mais connectés. Une lecture symptomatique: le prolétariat extra-légal des bandes juvéniles était perçu comme le produit d’une société en décomposition, révélant les contradictions objectives du capitalisme. Une reconnaissance sociale: ce segment était considéré comme partie intégrante de la classe ouvrière.
Cette double approche se traduisait par : d‘un côté, une insistance sur les aspects négatifs de cette condition et sur l' »aide » nécessaire que devait apporter la classe organisée, de l’autre, un soutien actif à l’engagement de ces groupes dans les luttes liées à la criminalité, la jeunesse et la critique des institutions bourgeoises.
Ainsi le KPD tentait-il d’articuler action syndicale, agitation publique, travail parlementaire et préparation insurrectionnelle avec un travail social et culturel. Cette intervention visait à : insuffler un contenu socialiste aux formes de résistance et de socialisation existantes et protéger la jeunesse ouvrière de l’influence des médias et institutions bourgeoises.
Dans les années 1930, le réseau d’organisations juvéniles liées au KPD établit un pont visible entre l’agitation des gangs et un mouvement littéraire réexaminant la culture de masse. Les membres de la Société des écrivains prolétariens-révolutionnaires analysèrent le succès des romans-feuilletons et magazines pornographiques – non plus pour les dénoncer purement, mais pour envisager un équivalent socialiste : un roman prolétarien à fort potentiel d’adhésion13.
Au cours de la campagne contre le système des réformateurs en 1930-1931, une critique émergea à l’encontre du concept de délinquance « bourgeoise », qui légitima encore davantage le recrutement par les communistes au sein des gangs de jeunes. Les gangs étaient généralement considérés comme caractérisés par une condition de Verwahrlosung (abandon moral) ou de rébellion. La preuve de cette condition était l’une des principales raisons pour lesquelles les enfants étaient envoyés en maison de correction ou confiés à des institutions d’assistance. Mais le terme lui-même était particulièrement ambigu, car dans sa forme active, verwahrlosen pouvait signifier négliger, souffrir d’abandon ou simplement tomber en décadence. Dans son usage, la délinquance active était automatiquement identifiée à un manque de supervision, la dépravation individuelle à une vie familiale inadéquate.
Pendant une grande partie de son histoire, le mouvement communiste, lorsqu’il abordait la question de la délinquance, utilisait ce terme de manière non critique ; ses représentants admettaient que l’enfant prolétaire était sujet à la Verwahrlosung comme conséquence de l’effet destructeur du travail salarié sur la famille. Sur le plan général, les communistes continuaient à soutenir que les véritables prolétaires ne pouvaient pas être des criminels. Ils reconnaissaient l’activité des gangs de jeunes comme une forme de résistance collective contre les prédations du système capitaliste. Le fait qu’ils ne se contentent pas d’être des victimes passives était considéré comme un point en leur faveur. Mais en même temps, ils avertissaient que les jeunes des gangs risquaient de sombrer dans le « marginalisme » s’ils persistaient à poursuivre leur rébellion personnelle en s’isolant du mouvement ouvrier organisé.
Les formations actives des Jeunesses Communistes engagées dans la lutte contre les nazis à Berlin se caractérisaient par un style et un état d’esprit proches de ceux des gangs de jeunes. Comme ces derniers, les groupes d’action et d’auto-défense des Jeunesses Communistes étaient explicitement territoriaux. Certaines zones de Berlin étaient communément considérées comme des territoires « rouges ». L’idée que tous les quartiers ouvriers de Berlin relevaient de fait des « rouges », propagée par le KPD (Parti communiste d’Allemagne), fut reprise par les nazis comme principe organisateur de leurs campagnes dans la ville. Les membres des SA étaient décrits par leurs propres chefs comme des envahisseurs du quartier, déterminés à briser l’hégémonie marxiste en s’implantant zone après zone.
Parmi les formes d’action collective (KPD) les plus courantes figurait le Durchzug– une opération de « police prolétarienne » dans le quartier : les nazis connus ou suspects étaient interpellés et fouillés, souvent accompagnés d’injures et de violences physiques ; leurs insignes et drapeaux (ainsi que les armes éventuellement trouvées) étaient ensuite « confisqués » par les communistes, qui les accumulaient comme des trophées précieux.
Sur cette question, la direction communiste était constamment tiraillée entre, d’un côté, la tolérance envers cette obsession de l’auto-représentation et de l’ostentation, considérée comme un comportement naturel et attrayant pour les jeunes, et de l’autre, sa condamnation comme dangereuse pour les intérêts d’une organisation où la discrétion et le secret opérationnel étaient hautement valorisés (le KPD se concevait comme une force politico-militaire). Au lieu des pseudonymes anonymes recommandés par la direction pour cette activité conspirative, les communistes utilisaient souvent des surnoms. Des noms comme Tarzan, Sinalco (marque d’une boisson gazeuse) ou Gitan rappelaient ceux des gangs, certains étant directement issus des surnoms que les jeunes militants portaient lors de leur précédente appartenance à ces bandes. Ces noms ne garantissaient pas nécessairement l’anonymat ; leur fonction principale était de souligner la singularité de l’individu tout en l’identifiant au groupe.
Les formes de discipline interne et la structure de l’autorité au sein des « formations d’auto-défense » présentaient des parallèles avec celles des gangs. La cohésion et la confiance collective qui rendaient possible ce type de « terreur rouge » dans les quartiers populaires dépendaient largement de la force et de l’autorité – morale et physique – des militants eux-mêmes. C’est eux, et non la police ou les représentants politiques libéraux et sociaux-démocrates, qui menaient directement la « purification » contre les nazis et la criminalité organisée (drogue, prostitution, racket) et le soutien social (lutte pour le logement et les salaires).
Bien qu’animés par des communistes, ces groupes d’auto-défense étaient souvent minés par l’indiscipline, source de fortes tensions avec le parti. L’attitude de ce dernier face à ces débordements est confirmée par le nombre élevé de d’expulsions de « chefs » locaux de gruppe de “auto-défense”.
Sur la question générale de la brutalité comme style organisationnel, les avis de la direction étaient ambivalents. Un rapport de 1928 suggère que le « harcèlement », notamment envers les plus jeunes membres, était une pratique bien connue au sein des Jeunesses Communistes de Berlin. La direction ne pensait pas que ces méthodes renforçaient la cohésion et la confiance du groupe ; au contraire, le très haut taux de rotation des membres était attribué à ce « hooliganisme » interne. Pourtant, les responsables du KPD berlinois rappelaient que si les « brutes » étaient souvent absentes lors du travail quotidien [du parti], voire le perturbaient… ils restaient des éléments profondément révolutionnaires, dont le mouvement avait besoin et qu’il devait éduquer.
La ligne officielle du KPD stipulait que le rôle des femmes dans tous les domaines de la vie du parti, y compris l’organisation de la défense physique (questions militaires et groupes d’auto-défense), devait être identique à celui des hommes. Cette méthode de travail politique, imposée par les communistes à leurs groupes d’intervention de masse – et donc également au sein des groupes d’auto-défense influencés par les « gangs » de jeunes –, constituait une anomalie par rapport aux pratiques politiques de tous les autres groupes de l’époque (libéraux, démocrates, sociaux-démocrates, radicaux de gauche, nationalistes, nazis, et même parmi les anarcho-syndicalistes…), où les femmes n’étaient jamais associées aux problématiques de la guerre et aux aspects militaires de la lutte politique…
La question plus problématique était celle de la violence de certains groupes liée au « terreur individuelle » : des actes isolés de violence, de nature gangster – souvent dirigés contre les SA nazis. La déclaration du Bureau politique du parti rejetant le « terrorisme individuel », publiée en novembre 1931 et accompagnée d’une campagne concertée contre toutes les tendances « terroristes » et « aventuristes » au sein du mouvement communiste, déclencha des débats houleux et même des affrontements au sein des formations d’auto-défense et des Jeunesses communistes de Berlin. Les dirigeants du parti furent ouvertement accusés d’avoir abandonné leurs idéaux révolutionnaires et trahi leurs camarades ; pour préserver la fragile légalité du parti, ils auraient troqué le droit des jeunes communistes à une défense efficace contre les attaques mortelles des nazis.
Face à ces reproches, la direction répondit que les tendances au « terrorisme individuel » reflétaient un état d’esprit de « désespoir » et de « vengeance », des « motifs qui caractérisent la petite bourgeoisie déracinée, instable et rendue folle… étrangère à la classe ouvrière socialiste ». De même, les membres s’opposant à l’organisation des femmes furent qualifiés de « petits-bourgeois peints en rouge ».
En raison d’une socialisation commune et d’un recrutement mutuel, les gangs de jeunes et les formations d’auto-défense à Berlin partageaient un code social et une culture organisationnelle où le style de la « bande » était étroitement associé à la dureté, à une solidarité fondée sur l’entraide et l’affection, ainsi qu’à un fort attachement au quartier local. Les éléments respectifs de ce code se renforçaient mutuellement, le tout étant façonné et soutenu par les conditions de vie dans les quartiers ouvriers de Berlin dans les années 20 du 1900.
Dans leur forme « embryonnaire », comme les communistes le reconnaissaient, les gangs de jeunes constituaient essentiellement des formes sociales de « culture » et d' »action » défensive. Le style des gangs et les types de consommation qu’ils représentaient reflétaient les modèles et les matériaux mis à disposition par la société bourgeoise, et leurs fonctions allaient de l’enrichissement des loisirs à la garantie de la survie. Ils n’offraient aucune alternative au système existant de relations économiques et de pouvoir, ni aucune échappatoire à leurs membres.
Pourtant, au sein de cette culture et de ces actions, il existait des ouvertures vers des formes d’activité ayant le potentiel d’attaquer et de changer le système. Celles-ci consistaient en des conflits objectivement politiques dans lesquels les gangs étaient impliqués en vertu de leur appartenance à cette culture, ainsi que dans la manière dont certains aspects du comportement social étaient explicitement politisés dans l’Allemagne du XXe siècle.
Le KPD était un parti politico-militaire révolutionnaire qui choisissait consciemment de briser les gages de la légalité bourgeoise (gérée par les libéraux, sociaux-démocrates et nationalistes). Aux yeux de la bourgeoisie, le KPD apparaissait comme la force politique « antisystème » qui cherchait explicitement à renverser la pyramide sociale – et ce « stigmate » légitimait en réalité le KPD aux yeux des masses populaires des banlieues urbaines, particulièrement parmi les membres des gangs. Lorsque ces jeunes ont commencé à percevoir la police et leurs adversaires comme faisant partie d’un système à combattre politiquement, il leur était donc « facile » de choisir le mouvement communiste comme cadre de référence pour leur lutte. L’objectif du parti, quant à lui, était d’accélérer le moment où cette perception deviendrait inévitable, à travers l’agitation et l’éducation pour transformer la culture défensive en mouvement offensif.
L’alliance des libéraux et des nationalistes avec les nazis, couplée à l’opportunisme des sociaux-démocrates, donna naissance au Troisième Reich, détruisant politiquement et militairement les bastions rouges des périphéries urbaines et mettant ainsi fin à une période extrêmement vivante d’expérimentation et d’action pour le mouvement communiste révolutionnaire.
Ce n’est pas ici le lieu de juger les erreurs et les limites du KPD de l’époque. Ce que nous avons voulu souligner, c’est la tentative directe des communistes d’agir au sein d’un contexte prolétarien et urbain précis, en confrontant et en cherchant à hégémoniser une frange sociale souvent « invisible » ou stupidement « idéalisée » par la gauche elle-même…14 Cette masse de jeunes prolétaires “sans réserve” qui peuplent aujourd’hui les banlieues des métropoles impérialistes.
1 Eyck Erich (1878-1964) histoire de la république de weimar, 1959
2 Pour une brève histoire du KPD: etoilerouge.chez-alice.fr/documents/kpd.html
3 Il existe certes des expériences, comme le travail des Black Panthers aux États-Unis ou des organisations communistes combattantes en Europe, telles que les Brigades rouges dans les années 1970 en Italie ou la gauche révolutionnaire en Amérique du Sud, mais ces expériences constituent davantage des exceptions qu’un véritable travail politique structuré.
4 The German Working Class 1888-1933, Sous la direction de Richard J. Evans, 1982
5 Les spartakistes: 1918 : L'Allemagne en révolution, Gilbert Badia, 1966
6 The German Working Class 1888-1933, Sous la direction de Richard J. Evans, 1982
7 Idem
8 Idem
9 Idem
10 Puis, elle s’est transformée avec la convergence des libéraux et des syndicalistes réformistes dans le Front de fer.C’est cette organisation qui a été la première à utiliser les trois flèches comme symbole. Il n’est pas négligeable de rappeler que les trois flèches représentaient la lutte contre le nazisme, la lutte contre le communisme et la lutte contre les monarchistes. Il s’agissait essentiellement d’une organisation qui défendait la démocratie libérale de la République de Weimar.
11 Idem
12 Idem
13 Idem
14 De ceux qui ne pensent qu’à des masses compactes d’ouvriers… à ceux qui, de manière « raciste », admirent le « bon sauvage ». En mettant bien sûr la dialectique de côté…