Comment apprend-on à se battre ?

Organización de Lucha por la Emancipación Popular (OLEP) (Mexique)

Comment apprend-on à se battre ? Cette question naît parfois du désespoir des travailleurs et travailleuses qui ne supportent plus l’exploitation et les mauvais traitements infligés par leurs patrons ou leurs contremaîtres… Et non, ce n’est pas un problème théorique, cette question ne naît pas d’une préoccupation académique. Elle trouve son origine dans le quotidien de l’exploitation au travail que vit la classe ouvrière chaque jour et que nous avons l’occasion de connaître et d’entendre lorsque nous donnons des ateliers sur les droits du travail et l’origine de l’oppression contre la classe qui crée la richesse sociale.

Comment apprend-on à lutter ? Lorsque nous essayons de rompre avec l’injustice et que le vent de la dignité souffle en nous, nous cherchons, nos camarades cherchent, comment améliorer nos conditions de vie et récupérer les droits qui ont été acquis grâce à la lutte de milliers de personnes à différentes étapes de notre histoire. Cette question devient alors concrète, on tente d’y répondre par l’action et l’étude, par l’expérience accumulée par la classe prolétarienne dans sa tentative de mettre fin à l’exploitation de l’être humain par l’être humain.

On apprend à lutter dans l’acte même de la lutte

L’origine de la question peut être variée, mais pas celle de notre réponse : on apprend à lutter dans l’acte même de la lutte, en luttant. L’expérience accumulée par la classe prolétarienne nous montre qu’une fois qu’une personne a décidé de lutter, c’est la pratique même de la lutte qui lui apprend à s’améliorer, cette même pratique la conduit à la nécessité d’étudier, de se doter de bases scientifiques solides pour s’améliorer dans tous les aspects nécessaires que requiert la lutte pour mettre fin au système économique et social capitaliste. L’étude et la pratique de la lutte sont les deux éléments qui construisent la nouvelle personne qui, petit à petit, brise les chaînes de la peur imposée par la classe bourgeoise et son État, et qui déterminent ses pensées, ses émotions, ses actions face à l’ abus, l’injustice et l’exploitation. La pratique remet en question notre petit confort qui nous permet de lutter et de changer « tout »… tant que cela ne m’oblige pas à changer mon environnement immédiat ni à perdre le petit confort que me procurent mes petits plaisirs qui me font me sentir « unique et spécial ».

La lutte elle-même et l’étude nous construisent en tant que personnes courageuses, audacieuses, pleines d’initiative ; elles érodent ce vieil égoïsme endurci, parfois déguisé en liberté, elles fissurent cet individualisme qui nous fait nous sentir si « spéciaux » que nous sommes incapables de nous sentir partie intégrante d’une collectivité de milliers de personnes qui luttent ou aspirent à lutter ; « si spéciaux » que nous sommes incapables d’assumer de manière responsable les efforts que supposent apprendre à lutter, apprendre à enseigner et apprendre à diriger, mais aussi à nous subordonner aux besoins imposés par le développement même de la lutte que nous souhaitons voir mettre fin au capitalisme. Apprendre à lutter en luttant, et sur ce chemin développer et renforcer toutes les capacités et qualités que nous exige d’être partie prenante d’une lutte collective pour construire une société différente de celle qui nous détermine comme la classe destinée à l’exploitation pour produire la richesse dont s’approprie la classe bourgeoise monopoliste transnationale, par le biais de la violence quotidienne de l’exploitation et de celle exercée par l’État et ses forces répressives, épine dorsale de l’oppression contre la classe ouvrière.

Lutter à partir de la théorie et de la pratique

La praxis de la lutte (lutter à partir de la théorie et de la pratique), telle est notre meilleure école pour devenir des femmes et des hommes qui s’approprient leur destin, qui le construisent loin de la peur et de l’angoisse quotidiennes que nous imposent ceux qui nous exploitent. Dans cette école, nous nous sommes construits en tant qu’Organisation de lutte pour l’émancipation populaire et c’est à cette école, dont l’adhésion est volontaire, que nous invitons toutes les personnes que nous connaissons. Les règles de coexistence ont été consignées dans nos statuts, car une lutte sérieuse, une lutte qui vise à transformer la réalité sociale, doit se doter de règles pour avancer et résoudre les problèmes quotidiens auxquels nous sommes confrontés dans le processus d’apprentissage de la lutte en tant que classe prolétarienne.

Ceux qui adhèrent ou collaborent avec notre organisation le font de manière consciente et volontaire. Nous ne voulons pas que la participation devienne une obligation imposée. La discipline qui nous unit et nous donne notre force repose sur l’acceptation libre, volontaire et consciente des règles que nous nous fixons en tant que participants à un processus de libération des chaînes de l’exploitation et de l’oppression qui nous soumettent physiquement et mentalement.

Et bien sûr, aucun processus de lutte, aucun processus d’organisation n’est exempt de contradictions ; la réalité et ses multiples contradictions ne nous effraient pas, car celles-ci s’ expriment dans tous les phénomènes de la vie sociale et plus encore dans la lutte de la classe ouvrière qui cherche à s’émanciper de la classe bourgeoise qui l’opprime. L’important pour nous est d’apprendre à résoudre les contradictions ; car apprendre à lutter, c’est aussi apprendre à identifier la contradiction, les éléments qui la causent, l’élément qui la détermine, et construire le chemin pour surmonter la contradiction qui limite notre croissance, sans craindre qu’une fois résolue, d’autres contradictions surgissent.

Un processus de lutte sans contradictions serait un processus mort, sans possibilité de transformation.

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