Programme politique et initiative
« Euskal Herriko Marxista-Leninista » – Bultza Herri Ekimena
Après plusieurs mois d’analyse de la situation politique, tant nationale au Pays basque qu’internationale, et après un débat intense et son adoption lors d’une assemblée extraordinaire, Bultza Herri Ekimena est parvenu à des conclusions qui constituent désormais notre ligne politique et déterminent notre pratique et nos tâches à court et moyen terme.
Parmi les principales tâches, nous voyons la nécessité impérieuse de créer l’organisation marxiste-léniniste d’E.H. dans le but de regrouper les forces communistes et révolutionnaires et dont le développement futur conduira à la création du Parti communiste ML d’EH. Nous pensons qu’il s’agit là d’un outil fondamental pour influencer le mouvement populaire basque, principalement sa classe ouvrière, et le diriger vers la voie révolutionnaire afin de parvenir au socialisme et à la libération nationale.
Mais cette tâche n’incombe pas uniquement à notre organisation, c’est un projet commun auquel nous appelons toute personne ou organisation qui estime également nécessaire sa création, même si pour cela, nous devons tous être prêts à faire preuve de discipline, de patience, de persévérance et à sacrifier nos egos, notre attachement aux sigles et à certains conforts du militantisme dans des cercles de confiance et d’affinité personnelle, entre autres, au profit d’une unité programmatique et d’action nécessaire à la cause pour laquelle nous luttons. Nous apportons ce document programmatique dans le but de servir d’impulsion, de point de départ ou de base pour le débat sur le projet et, comme nous le disons, nous l’assumons comme ligne politique de notre organisation.
C’est un appel à nous relever et à reprendre la lutte, en tirant parti de toute l’expérience accumulée en tant que peuple et en tant que classe, en assumant nos erreurs avec un esprit critique et autocritique, et en nous laissant guider par une ligne politique qui dispose des armes idéologiques que seules l’analyse et la praxis marxiste-léniniste peuvent apporter.
CONTEXTE POLITIQUE NATIONAL.
Ce sont des moments durs et difficiles pour Euskal Herria, pour la lutte de libération nationale et sociale et pour les communistes en raison de la défaite subie par le MVLN après la trahison exercée par la « Gauche abertzale officielle » et la fin et le changement de cycle historique national. Une trahison politique, idéologique et morale qui a entraîné l’abandon de la lutte en échange de miettes et de réformes, en entrant dans le jeu du partage du gâteau au sein du parlement espagnol, se positionnant ainsi dans le camp social-démocrate de gauche de l’État espagnol et de l’autonomisme, faisant croire au peuple que l’option qu’ils présentaient était inévitable et la seule viable.
Cela a laissé un sentiment de défaite, de lassitude et un moral révolutionnaire bas dans une grande partie du peuple basque travailleur, y compris parmi ses éléments les plus révolutionnaires et les plus actifs, ceux qui ont empêché la chute totale du mouvement.
En effet, après la chute du MVLN, un processus de rupture et d’atomisation s’est produit. Rupture entre la ligne conciliante de l’IAO et les organisations qui, bien qu’elles en soient sorties organiquement et qu’elles en critiquent certains aspects, continuent d’une manière ou d’une autre sous son influence ou sa direction, et d’autre part les organisations qui rompent totalement avec cette ligne, ainsi que celles qui ont émergé dans ce processus d’atomisation ou les personnes déconnectées, mais qui toutes, organisations et individus, continuent de brandir haut le drapeau de la résistance et de la dignité de ce peuple. C’est aux M-L de ces secteurs, ainsi qu’à la classe ouvrière combative et à la jeunesse révolutionnaire, que nous adressons cet appel.
CONTEXTE INTERNATIONAL ET SITUATION DE L’ÉCHÉO DANS CE CONTEXTE
Il est très important de savoir analyser correctement le contexte international et de définir les changements et les évolutions que le monde et l’impérialisme ont subis. Sans une « analyse concrète de la réalité concrète », il serait difficile de caractériser correctement quels pays sont impérialistes et lesquels ne le sont pas, par exemple, ou quelle est la vision internationale et les actions qu’une organisation communiste doit mener, en fonction non seulement du fait que cette lutte se déroule dans une nation opprimée, dans une colonie ou dans une nation oppressive, mais aussi du fait que celles-ci se situent au centre impérialiste ou à sa périphérie, etc.
Pour cela, nous pensons qu’il est nécessaire de comprendre, par exemple, les thèses du système-monde, du développement et des échanges inégaux entre le centre impérialiste, la semi-périphérie et la périphérie, c’est-à-dire entre le nord et le sud global, développées par Samir Amin, Arghiri Emmanuel ou Torkil Lauesen, entre autres, qui ne sont rien d’autre qu’une mise à jour des thèses léninistes sur l’impérialisme en fonction de la situation de celui-ci un siècle plus tard.
D’où les nombreuses erreurs des organisations communistes qui qualifient la Russie ou la Chine, par exemple, d’impérialistes, ou leurs actions ou guerres défensives de conflits interimpérialistes, suivant des thèses révisionnistes telles que celle de la « pyramide impérialiste » du KKE, que nous rejetons et combattons.
Il est également important d’analyser correctement des phénomènes tels que les BRICS qui, sans avoir un caractère socialiste, génèrent un changement de tendance vers la multipolarité qui crée des options de développement des souverainetés dans le sud global et un affaiblissement et une fissure de l’impérialisme qui peuvent être exploités pour l’attaquer sur plusieurs fronts.
Nous situons aujourd’hui la contradiction principale entre l’impérialisme et les peuples dominés par celui-ci, sans abandonner la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie dans chaque nation dans la contradiction capital-travail et la lutte contre le fascisme qu’ils entraînent et encouragent.
En ce sens, notre analyse de l’E.H. est qu’il s’agit d’une nation opprimée par les États impérialistes espagnol et français. Mais c’est aussi une nation du centre impérialiste, elle contient donc également la contradiction inhérente à cela, comme le disait Engels, d’avoir deux nations au sein de chaque nation, la nation bourgeoise et la nation prolétarienne, et cette nation bourgeoise basque, cette bourgeoisie basque, opprime à son tour le prolétariat basque et les nations du sud global par la loi de l’échange inégal, directement ou par l’intermédiaire des États espagnol et français. Et le peuple travailleur basque bénéficie indirectement de ces plus-values volées à l’extérieur, ce qui crée en lui une aristocratie ouvrière, une aliénation et un conformisme. Le peuple basque travailleur, mené par le prolétariat et son parti, le futur parti communiste M-L, doit lutter contre ces deux contradictions, c’est-à-dire que la lutte pour la libération nationale et sociale est indissociable de son travail anti-impérialiste.
CARACTÉRISATION DES ÉTATS ET QUESTION NATIONALE
Nous caractérisons l’État français comme bourgeois et impérialiste, occupant des colonies et des nations opprimées et exploitant des néocolonies qui, bien qu’ayant obtenu leur indépendance formelle, restent dépendantes, même si beaucoup d’entre elles commencent maintenant à rompre avec cela et à mener à bien leur deuxième indépendance réelle, comme nous le voyons au Sahel, par exemple.
Nous caractérisons l’État espagnol comme bourgeois et impérialiste, occupant des nations opprimées et des colonies, mais avec un État qui, après 40 ans de fascisme et de fausse transition, n’a pas rompu avec ce régime et a maintenu ses principales structures, le système judiciaire, les forces de police répressives, l’armée, les services de renseignement, l’Église… sans les purger, avec seulement un changement de nom ou de façade, et les postes ont continué à être occupés par les mêmes personnes. Par conséquent, même si nous ne vivons plus sous une dictature ou un régime fasciste, nous qualifions ces structures de l’État de fascistes, malgré la démocratie bourgeoise dont se revêtent d’autres institutions telles que le parlement avec ses élections ou certains types de libertés politiques, sociales ou syndicales arrachées au régime par la lutte ouvrière et populaire lors de sa restructuration.
En témoignent l’utilisation systématique du terrorisme d’État (GAL, BVE…) ou de la torture, les tribunaux d’exception (TOP, AN) ou l’existence continue de prisonniers politiques depuis 1939 jusqu’à nos jours. En ce qui concerne les prisonniers politiques, notre position est et sera l’amnistie totale et nous nous battrons pour qu’elle devienne réalité.
En ce qui concerne les démocraties bourgeoises du centre impérialiste ou de la semi-périphérie, nous pensons que beaucoup d’entre elles entraînent un processus de fascisation, car nous comprenons le fascisme non seulement comme Dimitrov l’a défini à l’origine, comme la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, chauvins et impérialistes du capital financier, mais aussi comme la contre-révolution permanente développée par le capitalisme dans sa phase impérialiste développée et agonisante. En d’autres termes, nous comprenons le fascisme non seulement comme un type de régime et d’idéologie, mais aussi comme la phase et l’outil utilisés par de nombreux États bourgeois impérialistes dans la lutte des classes.
Cela dit, cela implique implicitement une série de caractéristiques, nous ne pouvons pas non plus tomber dans l’erreur de qualifier de fasciste n’importe quel régime, État ou parti réactionnaire, il est nécessaire d’avoir une vision dialectique de « l’analyse concrète de chaque réalité concrète ».
En ce sens, nous proposons une lutte antifasciste énergique conforme à cette définition, loin de ceux qui ne voient le fascisme que dans les partis ou groupes « d’extrême droite » ou de ceux qui le voient partout et l’utilisent comme un terme péjoratif pour tout ce qui ne correspond pas à leur vision petite-bourgeoise.
Nous pensons qu’en EH également, le racisme et les nouveaux groupes fascistes, dont certains prônent un « identitarisme basque », commencent à faire leur apparition et doivent être éradiqués de manière résolue.
Quant à la définition de la nation et à ses différences avec les peuples ou les régions, il s’agit d’un débat long et compliqué, même au sein du M-L, pour être exposé dans ce texte, mais nous défendons clairement le principe léniniste fondamental du droit à l’autodétermination des nations opprimées, y compris leur indépendance et leur séparation totale de leur nation oppressive, et nous luttons pour cela jusqu’à obtenir la République socialiste basque. De même, nous défendons celui des autres colonies et nations opprimées, tant par l’État espagnol que par l’État français : Galice, Catalogne (ou Pays catalans), Canaries, Corse, Bretagne… ainsi que celles du reste du monde.
CADRE D’ACTION ET SUJET POLITIQUE
Compte tenu de ce qui précède, nous définissons Euskal Herria, ses sept Herrialdes, comme un cadre national autonome pour le développement de la lutte des classes et comme sujet politique révolutionnaire, le peuple basque travailleur. Concept qui, comme le disait Argala, entend par travailleur basque toute personne, indépendamment de son origine, de son sexe, de son appartenance ethnique, etc., qui vit et travaille en E.H. Nous considérons comme primordiale la tâche d’intégrer à la lutte et à l’organisation la classe ouvrière migrante, qui, dans la plupart des cas, occupe les emplois les plus exploités et vit dans les pires conditions. Le concept de peuple basque travailleur englobe la classe ouvrière ainsi que les secteurs populaires de la petite bourgeoisie, les baserritarras, les arrantzales, les artisans, les travailleurs indépendants… Des secteurs souvent moins bien lotis économiquement que les salariés de l’aristocratie ouvrière qui bénéficient de salaires élevés et d’une bonne qualité de vie. En outre, les baserritarras, les arrantzales… appartiennent à un secteur essentiel, celui du primaire, et ont également un poids culturel et identitaire national important.
Nous accordons une importance vitale à la lutte pour l’émancipation des femmes travailleuses, qui subissent une double oppression en tant que travailleuses et en tant que femmes en raison du caractère patriarcal que le capitalisme maintient structurellement.
Nous en excluons la bourgeoisie, même nationaliste basque, les forces de répression, les fonctionnaires exerçant des fonctions d’oppression sociale ou nationale et les fascistes, même s’ils sont ouvriers.
Le prolétariat basque sera à la tête de tous ces mouvements, car nous continuons à croire aux enseignements du marxisme selon lesquels c’est cette classe, plus organisée et plus soudée, qui n’a rien à perdre, qui mènera et dirigera la lutte révolutionnaire à travers le Parti communiste.
Comme le disait Argala, « ce que nous partageons avec les ouvriers d’Espagne ou de France, ce n’est pas l’appartenance à une même nation, mais à une même classe sociale ». Et comme le disait Txabi Etxebarrieta, « la situation d’oppression nationale et sociale crée une classe ouvrière dotée d’une conscience nationale de classe ».
Nous ne sommes pas intéressés par une indépendance pure et simple qui nous libérerait de l’Espagne et de la France, mais pas de l’exploitation capitaliste. Nous ne comprenons pas non plus une révolution sociale qui nous libérerait du capitalisme, mais qui ne nous permettrait pas d’être libres en tant que nation. Il s’agit d’une lutte simultanée et dialectique. Face au nationalisme basque bourgeois ou au socialisme étatiste, nous représentons le patriotisme révolutionnaire internationaliste et anti-impérialiste basque. Nous comprenons la lutte révolutionnaire basque comme faisant partie de la lutte révolutionnaire internationale pour le socialisme et la libération nationale de tous les peuples du monde.
Par conséquent, la possibilité future d’union avec d’autres peuples se ferait avec des républiques également socialistes ou populaires sous la forme d’une confédération ou d’une fédération. Nous fuyons ce républicanisme socialiste étatiste qui efface toute nation pour former une seule République-État-Nation espagnole ou française.
DÉBATS HISTORIQUES AU SEIN DU MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL ET LUTTE CONTRE LE RÉVISIONNISME SOUS TOUTES SES FORMES.
Nous proposons une définition et une délimitation claires de la « lutte des lignes ou des positions au sein du marxisme », où il n’y a pas de place pour le nationalisme chauvin petit-bourgeois ni pour le faux socialisme postmoderne ou indéfini. Nous nous définissons comme communistes et défendons fermement les positions marxistes-léninistes basées sur le matérialisme dialectique et historique et la lutte contre le réformisme, l’opportunisme et le révisionnisme sous toutes leurs formes. Nous défendons la validité des théories de Marx, Engels et Lénine.
Nous défendons leur application correcte par Staline et l’URSS jusqu’en 1956 et nous défendons les expériences du socialisme réel développées dans le monde entier jusqu’à leur chute ou leur passage au révisionnisme.
Nous défendons également les théories léninistes de la conjugaison de la lutte anticolonialiste et anti-impérialiste avec la révolution socialiste jusqu’à la transformation de l’une en l’autre, comme au Vietnam, en Chine, en Corée…
De même que celle de la transformation de la guerre civile antifasciste en révolution socialiste, comme en Albanie.
Nous revendiquons les figures, avec leurs réussites et leurs erreurs, de communistes tels que Ho Chi Min, Enver Hohxa, Dimitrov, Che Guevara… ou celles de révolutionnaires anti-impérialistes tels que Thomas Sankara, Amilcar Cabral…
Nous pensons que seul le bloc socialiste de la RPD de Corée subsiste, malgré tous ses « mais » et ses particularités. Cuba, le Vietnam ou la Chine, en raison de leur économie mixte et du révisionnisme de leurs partis dirigeants, ne peuvent plus être identifiés comme des pays socialistes au sens où l’entend le m-l, mais ils conservent encore certaines positions ou structures socialistes qui font qu’ils ne sont pas non plus des pays capitalistes au sens habituel du terme. Il en va de même pour la Biélorussie. C’est pourquoi nous devons agir de manière dialectique à leur égard et, tout en critiquant certaines de leurs erreurs ou certains de leurs processus, nous les défendons contre l’impérialisme, tout comme nous défendons les processus populaires tels que ceux du Venezuela ou du Nicaragua.
Nous ne pouvons pas nous étendre sur certaines erreurs de Mao ou de Hoxha, par exemple, ni sur les leçons tirées de tous ces processus.
Nous condamnons les processus de désintégration tels que le XXe congrès du PCUS ou la Quatrième Internationale. Nous combattons le trotskisme, l’eurocommunisme, le « marxisme occidental », le « rojipardisme », le postmodernisme ou des tendances et des figures telles que Negri, l’école de Francfort, etc.
Nous critiquons également un certain dogmatisme maoïste (M-L-M) ou « hoxhist ».
Comme dans les autres blocs, il est très difficile de résumer ici tout ce qu’il serait possible de développer à ce sujet, mais nous pensons que cela suffit pour clarifier le cadre théorique dans lequel s’inscrit ce projet.
EXPÉRIENCES M-L EN E.H. QUE REVENDQUONS-NOUS ?
Il est nécessaire d’analyser quels processus, organisations ou projets communistes doivent être revendiqués ou récupérés.
Tout d’abord, nous écartons l’existence actuelle d’une organisation ou d’un parti m-l à l’échelle de l’ensemble de l’EH, car sinon ce projet n’aurait aucun sens. Il ne s’agit pas de contribuer à l’atomisation, ni à la création de petits groupes pour des questions d’incompatibilités personnelles ou d’egos, ni d’élargir la « soupe d’acronymes » déjà existante. Nous pensons que les organisations communistes existantes en EH sont soit de petites organisations à caractère local ou régional, comme la nôtre, que nous invitons à participer au débat et au projet, soit des organisations à caractère national et dont le champ d’action est national, soit des organisations qui ne sont pas marxistes-léninistes.
Tout cela dans le respect d’une organisation communiste à caractère national qui a derrière elle des années de lutte et de répression, ou dans le respect et la camaraderie avec des organisations basques qui, sans être marxistes-léninistes, font un bon travail anti-répressif, populaire, anti-impérialiste, antifasciste ou indépendantiste. Avec toutes ces organisations, nous espérons continuer à unir nos forces et à collaborer.
En ce qui concerne l’expérience historique, nous pensons qu’il existe des expériences d’organisations et de processus dont nous pouvons nous réclamer comme continuateurs. La première, dont nous sommes issus, est la Fédération communiste basco-navarraise du début des années 30, dissoute après la création du PC d’Euskadi en 1935. Nous pensons que cette organisation a correctement repris les fondements du m-l et les suggestions de l’Internationale communiste dans la célèbre lettre de Manuilsky qui proposait aux camarades basques « l’objectif du Parti communiste doit être de créer sur les ruines de l’État espagnol la libre fédération ibérique des républiques ouvrières et paysannes de Catalogne, du Pays basque, d’Espagne, de Galice et du Portugal ». Nous avons adopté la ligne exprimée dans son document-programme de 1933, qui commençait ainsi : « La fédération communiste d’Euskadi, (…) invite les masses populaires basques à lutter révolutionnairement contre le pouvoir impérialiste espagnol et ses agents infiltrés dans le mouvement nationaliste basque, qui servent les intérêts des capitalistes basques alliés au pouvoir impérialiste espagnol, pour la plate-forme révolutionnaire suivante de lutte pour notre véritable libération d’Euskadi ».
Nous revendiquons également ces premières années du PC d’Euskadi et son action dans la guerre antifasciste avec la création de 17 bataillons communistes, jusqu’à son absorption par le PCE, les deux finissant peu après par dégénérer dans le révisionnisme et la trahison. De même, nous revendiquons les communistes basques qui ont maintenu la résistance dans les guérillas contre le franquisme et le nazisme en EH, en Espagne et en France, ou les communistes comme Rubén Ruiz Ibarruri, morts au combat dans l’armée rouge en défendant le socialisme et l’URSS.
Nous revendiquons également les communistes et les révolutionnaires qui ont donné naissance et ont participé au MLNV jusqu’à sa fin. Des figures telles que les frères Etxebarrieta ou Argala, qui ont impulsé les débats de la V^e Assemblée et ce qu’ils ont représenté pour identifier le sujet politique, le cadre national d’action, les stratégies, etc.
Il convient également de mentionner les tentatives de regroupement communiste au sein du MLNV, la dernière en date étant celle menée par l’EHK. Nous considérons comme très précieuse leur archive documentaire très complète, dont nous nous nourrissons souvent pour notre formation et nos études.
De même, nous rendons hommage aux communistes basques qui ont donné leur liberté et leur vie dans des organisations étatiques, comme Kepa Crespo ou Martín Eizaguirre (PCE(r)), etc.
Il y a beaucoup de noms de communistes et de gudaris héroïques dans notre histoire jusqu’à nos jours que nous pourrions citer et dont nous nous considérons comme les héritiers.
De même, nous nous inspirons de la longue histoire et de la tradition de lutte nationale pour notre souveraineté et notre indépendance en tant que nation, depuis des batailles telles que celle d’Orreaga en 778 jusqu’à nos jours.
Nous pensons également qu’il est nécessaire de mener un processus courageux de critique et d’autocritique vis-à-vis de toutes les erreurs commises au cours de tous ces processus historiques mentionnés et revendiqués, c’est-à-dire que nous les revendiquons mais que nous sommes critiques vis-à-vis de leurs erreurs ou de leur issue, afin de ne pas les reproduire, en maintenant un processus continu de vérification de la ligne et de la voie à suivre.
LUTTE OUVRIÈRE
E.H. a une forte tradition historique de lutte et de conscience ouvrière. En raison de sa forte industrialisation, elle a toujours eu un prolétariat nombreux et combatif.
On peut citer comme exemples les grèves importantes de 1890, 1903, 1917 ou la grève des mineurs de 1962 qui a donné lieu à plus de 600 grèves dans le Hego Euskal Herria au cours de cette décennie. Des luttes fortes et constantes dans des secteurs prolétariens importants tels que la mine ou la sidérurgie, des luttes qui se sont poursuivies pendant des années à Altos Hornos de Vizcaya ou Euskalduna, des batailles qui se sont prolongées jusqu’aux années 90, marquant la fin d’un cycle historique de lutte ouvrière tant en E.H. qu’au niveau mondial avec le changement d’ère après la chute du bloc socialiste, le passage économique capitaliste à sa phase néolibérale et la défaite pour la classe ouvrière que cela a supposé, qui dure encore aujourd’hui.
Tout ce mouvement ouvrier d’E.H. doit être remis sur pied, en partant du principe que, comme nous l’avons dit, nous vivons dans une nation sans État du centre impérialiste et que tant la bourgeoisie qu’une partie importante de la classe ouvrière vivent avec un certain niveau de vie aux dépens de l’extraction de la plus-value dans le sud global. Cela crée une aristocratie ouvrière avec des salaires élevés qui achètent leur passivité, en particulier celle des bureaucraties syndicales, et crée une aliénation et un conformisme chez la majorité sociale des travailleurs, ce qui rend très difficiles les tentatives de radicalisation de leurs idées ou leur soutien aux causes révolutionnaires. Sans comprendre cette réalité, nous pouvons facilement tomber dans des frustrations stériles et des déviations gauchistes ou droitières/syndicalistes.
Mais cela maintient également une conscience ouvrière ou du moins syndicale différenciée, étant donné que plus de 50 % des grèves dans toute l’Espagne ont aujourd’hui lieu dans cette petite nation.
Il est également nécessaire de prendre en compte deux processus. Le premier est celui de la désindustrialisation menée depuis les années 80, qui a démantelé le tissu industriel et, avec lui, le prolétariat industriel et minier, pour le transformer en secteur des services, avec tous les changements que cela implique au niveau de la conscience de classe. Le second processus, engagé depuis la crise de 2008, a vu une grande partie des petits commerces ruinés et fermés, leurs propriétaires finissant comme salariés. En d’autres termes, d’une part, le poids du prolétariat lui-même, le prolétariat productif, a diminué, celui-ci ayant été délocalisé vers la périphérie mondiale, et d’autre part, la classe ouvrière salariée s’est agrandie, une partie de la petite bourgeoisie commerciale ayant été entraînée dans son sillage.
TACTIQUE. STRATÉGIE ET OBJECTIFS
Notre objectif, en tant qu’organisation communiste, est la révolution socialiste, la prise du pouvoir par la classe ouvrière, l’imposition à la bourgeoisie de la dictature du prolétariat et, à travers la démocratie populaire, la garantie d’une République socialiste basque réunifiée et euskaldun. Notre stratégie consiste à accumuler des forces en créant un parti communiste de type léniniste, composé de cadres révolutionnaires qui organisent le prolétariat et les secteurs populaires. Celui-ci sera organisé selon le principe du centralisme démocratique. Nous ne croyons pas à la formule menchevik, trotskiste ou social-démocrate du parti de masse.
Nous considérons comme stratégiquement importante la formation théorique de ces cadres et leur démonstration révolutionnaire dans la pratique. Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de pratique révolutionnaire, sans ligne politique correcte, il ne peut y avoir de praxis correcte. Nous ne voulons pas tomber dans l’activisme stérile et le spontanéisme inoffensif. Pour cela, il est essentiel d’élaborer un programme politique qui inclue à la fois le programme minimum pour l’unité populaire révolutionnaire et l’indépendance nationale, et le programme socialiste de prise du pouvoir et de construction du socialisme. La tâche immédiate est de secouer la mentalité sociale, de briser son aliénation et de politiser et organiser les masses travailleuses par l’exemple.
Toutes les méthodes de lutte jugées nécessaires et utiles pour atteindre les objectifs politiques seront adoptées.
Comme nous l’avons dit, nous vivons au centre de l’impérialisme, c’est pourquoi nous pensons que la possibilité d’une révolution socialiste ou de processus de libération nationale sera plus probable dans la périphérie ou la semi-périphérie, mais il serait absurde de tomber dans le défaitisme en pensant qu’il n’y a rien à faire ici, sauf attendre que la révolution éclate ailleurs. Ici, nous devons lutter depuis les entrailles de l’impérialisme pour le vaincre, pour vaincre nos États oppresseurs. La destruction des États impérialistes espagnol et français et des autres institutions impérialistes auxquelles nous sommes soumis, comme l’UE et l’OTAN, est donc une question stratégique, et nous mènerons cette bataille aux côtés de la classe ouvrière des peuples soumis par ces institutions.
Nous ne subordonnons pas notre lutte à la victoire de la révolution dans les États espagnol ou français, car, suivant les enseignements léninistes sur le développement inégal des nations et leur conscience, la révolution commencera dans leurs maillons les plus faibles, et la lutte menée en E.H. depuis des décennies et sa conscience nationale de classe en font l’un de ces maillons faibles des impérialismes espagnol, français et européen.
Mais nous comprenons qu’ils ne permettront pas de bonne grâce la lutte pour le socialisme, ni même la lutte légale pour l’indépendance par le droit à l’autodétermination, comme l’a bien montré le « procès catalan ». Ce sera une révolution victorieuse et l’effondrement de ces institutions supranationales impérialistes qui le rendront possible. C’est pourquoi il est également important d’établir des relations internationalistes avec les organisations et les partis révolutionnaires du monde entier, en particulier ceux avec lesquels nous avons des cadres de lutte communs contre l’OTAN, l’UE ou les États espagnol et français.
Sur le plan tactique, nous proposons par exemple de rétablir les Batzarres, sous la forme d’assemblées populaires ou de soviets basques et de représentation révolutionnaire du peuple basque travailleur. Nous pensons qu’il est nécessaire de créer dès maintenant un contre-pouvoir populaire à partir duquel adopter des formes d’organisation populaire qui contiennent le germe de ce que sera le nouveau pouvoir.
Sans être abstentionnistes en soi, nous ne considérons pas viable la participation électorale dans le nord impérialiste mondial, en particulier dans l’État espagnol avec ses institutions et ses lois fascistes, comme celle sur les partis. Si les conditions ou les options permettant de le faire de manière utile pour la classe ouvrière existaient, nous ne l’écarterions pas de manière idéologique, mais nous l’écartons de manière stratégique en raison des conditions actuelles. Aujourd’hui, entrer dans leur cirque électoral n’apporte rien d’autre que de la tromperie.
EN CONCLUSION
Nous tenons enfin à préciser que ce texte est une synthèse et que chacun des thèmes abordés pourrait être développé beaucoup plus longuement, sans compter les thèmes que nous n’avons même pas abordés. Nous développerons tout cela dans de futures analyses et de futurs textes. Néanmoins, nous pensons que ce programme donne à notre organisation une base théorique solide à partir de laquelle exercer une praxis révolutionnaire et qu’il met également sur la table une proposition d’unité autour de la nécessaire création de l’organisation des marxistes-léninistes d’Euskal Herria. C’est pourquoi nous changeons dès à présent la définition de notre nom, Bultza Herri Ekimena, en BULTZA (EHM-L), car nous le jugeons plus approprié pour cette nouvelle phase et ses objectifs.
Nous invitons toutes les personnes disposées à s’organiser autour du projet ou celles qui souhaitent apporter des contributions ou des critiques constructives à nous contacter en personne, que vous nous connaissiez personnellement ou non, par courrier électronique à l’adresse bultzaehml@protonmail.com ou en nous contactant sur nos réseaux sociaux.
Nous espérons avoir apporté avec ce travail une initiative à partir de laquelle trouver des personnes disposées à faire un pas en avant et à s’engager dans la lutte et la résistance. Le matérialisme dialectique et historique nous enseigne que la roue de l’histoire nous conduit à la fin de l’impérialisme et au socialisme, mais ceux-ci ne viendront pas d’eux-mêmes. Alors que les conditions objectives s’accumulent, nous devons créer les conditions subjectives pour cela et, en tant que marxistes-léninistes, la principale condition est le Parti.
JO TA KE IRABAZI ARTE
SOCIALISME OU BARBARIE, PATRIE OU MORT. NOUS VAINCRONS
BULTZA (EHM-L)
https://bultza.eus/
