Ernesto Guevara de la Serna, plus connu sous le nom de « Che », fut l’une des figures les plus influentes du XXe siècle en Amérique latine. Né à Rosario (Argentine) en 1928, il étudia la médecine avant de se lancer dans un voyage à travers le continent qui allait marquer sa vision du monde. La pauvreté, l’injustice sociale et l’exploitation qu’il a observées dans différents pays d’Amérique latine l’ont conduit à embrasser la lutte révolutionnaire comme seule voie vers la transformation sociale.
Une pensée forgée dans l’action
Che défendait l’idée que la révolution n’était pas un processus spontané, mais qu’elle devait être menée par une avant-garde consciente, organisée et prête au sacrifice. Il croyait en « l’homme nouveau », un modèle de révolutionnaire qui devait dépasser l’égoïsme individuel au profit du bien collectif. Faire la révolution en soi-même pour pouvoir la faire dans la société. Pour lui, la solidarité et l’internationalisme étaient des valeurs essentielles
Lors de sa participation à la révolution cubaine, il s’est distingué comme l’un des leaders de la révolution de 1959, aux côtés de Fidel Castro. À partir de là, il a promu des réformes sociales et économiques, ainsi qu’une politique internationale orientée vers l’unité latino-américaine de résistance et de lutte anti-impérialiste.
Critiques et héritage
La pensée du Che n’a pas été épargnée par les critiques acerbes. Pour beaucoup, sa défense de la lutte armée et sa fermeté idéologique sont en contradiction avec les principes démocratiques bourgeois et avec une gauche latino-américaine enfermée dans la logique de la guerre froide, son hétérodoxie marxiste a fait l’objet de critiques. Cependant, il incarne l’idéal de cohérence entre la parole et l’action, devenant un symbole de résistance face à toute injustice.
Aujourd’hui, sa figure continue de susciter des débats : est-il un mythe romantique de la rébellion ou une référence valable pour les luttes sociales contemporaines ? Au-delà des positions, sa pensée invite à réfléchir à la nécessité de construire des sociétés plus justes et plus solidaires, des sociétés où l’être humain est au centre de l’activité économique, politique et sociale, et non le marché.
Che Guevara : le mythe, l’homme et ses idées qui dérangent encore la bourgeoisie et le capital
« Soyons réalistes et faisons l’impossible ». La phrase d’Ernesto « Che » Guevara continue de circuler sur les murs, les t-shirts et les banderoles, plus d’un demi-siècle après sa mort. En particulier chez les démunis d’Amérique latine et du monde entier. Mais qu’y a-t-il derrière le mythe ? Un guérillero romantique, un révolutionnaire inflexible ou un penseur dont la voix interpelle encore les nouvelles générations ?
Du fusil à la pensée
Le Che n’était pas seulement un homme d’action, il était aussi un idéologue. À Cuba, après la victoire révolutionnaire de 1959, il a occupé des postes à responsabilité politique et économique, tout en écrivant sur le socialisme et la nécessité de forger « l’homme nouveau » : quelqu’un guidé par la solidarité et non par l’égoïsme individuel et le culte de la personnalité.
Il pensait que la révolution ne devait pas se limiter à un seul pays, mais qu’elle devait s’étendre à toute l’Amérique latine, ou du moins à l’échelle régionale, voire au-delà. C’est pourquoi il a abandonné le confort du pouvoir à La Havane et est parti pour l’Afrique (les Grands Lacs), puis la Bolivie, où il allait trouver la mort en 1967.
Le Che, un personnage dérangeant
Sa figure n’a jamais été facile à cerner. Admiré par beaucoup comme un symbole de cohérence et de dévouement, critiqué par d’autres pour sa défense de la lutte armée et sa dureté idéologique, le Che continue de nous obliger à débattre et à confronter nos opinions.
Ce qui est certain, c’est que son héritage reste vivant : son visage est une icône mondiale, mais sa pensée soulève des questions dérangeantes pour les bourgeoisies et les progressistes à la mode, sur les inégalités, la justice et les limites de la société de marché.
Mythe ou actualité ?
Aujourd’hui, dans un monde confronté à de nouvelles crises sociales et économiques, où la concentration et l’accumulation capitalistes génèrent exclusion, pauvreté et famine, les idées du Che sont à nouveau étudiées et révisées. Était-il seulement un rêveur romantique ou un visionnaire qui avait compris que sans sacrifice, il n’y a pas de véritable changement ?
Aujourd’hui, dans un monde marqué par la précarité de l’emploi, la crise climatique et les mouvements sociaux qui réclament l’égalité, les idées du Che trouvent un nouvel écho. Pour certains, c’est un souvenir du passé ; pour d’autres, une inspiration pour continuer à remettre en question et à lutter contre tout type de système générateur d’exclusion ; pour beaucoup en Afrique et en Amérique latine, un guide d’action.
C’est peut-être pour cela qu’au-delà des posters et des t-shirts, le Che reste dérangeant : parce qu’il nous oblige à regarder les injustices actuelles et à nous demander ce que nous sommes prêts à faire pour y remédier.
Le Che et le malaise nécessaire
Certaines figures transcendent l’histoire et deviennent des miroirs dérangeants. Ernesto « Che » Guevara est l’une d’entre elles. Un demi-siècle après sa mort, son image reste une pensée critique, toujours d’actualité, qui nous interpelle.
Le Che parlait de « l’homme nouveau », d’une société où la solidarité l’emporterait sur l’égoïsme individuel. Cela semble utopique, certes, mais en ces temps de précarité, d’inégalités, de crises et de guerres, cela redevient d’actualité.
On l’accuse d’intransigeance, d’avoir défendu la lutte armée comme moyen de changement. Et c’est vrai : sa figure ne correspond pas aux schémas confortables de la gauche parlementaire et encore moins au progressisme hamburgers-coca-cola d’aujourd’hui. Mais c’est peut-être là que réside son actualité : il nous oblige à prendre position.
Alors que certains tentent de le réduire à un mythe romantique, d’autres voient en lui la cohérence entre les paroles et les actes, ce qui est rare dans la politique d’aujourd’hui. Et même si son chemin est celui du sacrifice personnel et collectif, son héritage continue d’interpeller ceux qui croient qu’un monde différent est non seulement nécessaire, mais aussi possible.
Le Che dérange. Et peut-être, à une époque de discours creux et d’engagements à moitié tenus, ce malaise est-il plus précieux que jamais.
hector napoli
2025