El insurgente, octobre 2025, Mexique
La complexité de la réalité exige une compréhension approfondie. Afin de pouvoir la transformer en fonction de la fin du capitalisme, nous devons disposer des outils nécessaires pour que notre pratique réponde aux besoins sociaux et aux conditions historiques auxquels nous sommes confrontés. Le vieil adage « on ne peut pas courir si on n’apprend pas à marcher » s’applique à la connaissance scientifique de la société. Connaître les principes qui définissent l’existence sociale, la généralité, la particularité et la spécificité de chaque contexte permet d’avoir une vision plus claire de la réalité à laquelle nous sommes confrontés pour atteindre nos objectifs révolutionnaires. Prendre conscience de son exploitation et de son oppression est la première étape vers l’action révolutionnaire. Dans ce processus, il est nécessaire d’assimiler la méthode du matérialisme dialectique, d’apprendre à penser en termes d’analyse multilatérale fondée sur des bases scientifiques. La connaissance du marxisme et l’activité révolutionnaire sont étroitement liées à l’activité quotidienne, à l’acquisition de la capacité de résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, les tâches que la vie nous présente quotidiennement. Concrètement, cela s’exprime par une transformation personnelle qui détruit la vie quotidienne bourgeoise et concentre nos efforts sur la construction révolutionnaire. L’assimilation de la théorie ne répond pas à des goûts ou à des caprices personnels, la connaissance de la réalité ne peut pas non plus être réduite à la loisirs et à la passivité. Ceux d’entre nous qui décident de consacrer leurs efforts à mettre fin au pouvoir du capital ont besoin d’une arme pour interpréter et transformer la réalité. Le matérialisme historique est la science des lois générales du développement de la société humaine. Pour le comprendre, nous devons saisir que la nature, les phénomènes et les processus existants s’expriment sous différentes formes, et sont donc étudiés par différentes branches du savoir. Nous devons intérioriser les conditions fondamentales de la société humaine, puis approfondir et perfectionner en permanence la science révolutionnaire, qui n’est ni statique ni dogmatique, mais en constante évolution. Le matérialisme historique étudie la société humaine comme faisant partie du monde matériel, partie qualitativement distincte du reste de la nature que nous connaissons. Ainsi, selon les principes du matérialisme dialectique, l’étude de la société et de son développement aborde la vie sociale dans son ensemble, c’est-à-dire les lois générales qui régissent le développement social. L’être et la société humaine en tant que généralité, qui englobe la vie de tous les peuples, de la société en général, ce qui englobe les phénomènes et les processus sociaux, le produit de l’activité humaine en tant qu’être social. Les principes généraux avec lesquels on étudie la société humaine englobent la totalité à partir du général, d’où découlent le particulier et le spécifique de chaque forme de société. Le spécifique ne peut être porté au rang d’absolu, et la généralité marque des principes communs qui dénotent l’interrelation du monde matériel. Chaque processus s’adapte aux besoins et aux possibilités, en fonction de ses conditions, mais il ne s’agit pas d’un phénomène étranger à la généralité, il n’est ni étranger ni détaché de l’existence matérielle. Ainsi, la société humaine partage des traits généraux, qui s’expriment dans sa spécificité. La société est une partie essentielle du matérialisme historique ; d’un point de vue mécanique et/ou idéaliste, elle est considérée comme une totalité spirituelle ou la simple somme d’individus, l’ensemble des personnes, des choses et des idées. Nous ne pouvons réduire la société à la somme mécanique d’individus, ou aux idées et expressions déjà existantes. Le matérialisme historique étudie l’origine de l’homme et son développement, les relations qu’ils établissent entre eux et qui s’expriment dans un organisme social basé sur des liens matériels de production, en principe dans les relations économiques entre les hommes et celles qui en découlent, dans une interrelation dialectique. Avant d’établir des idées et des traits culturels, l’être humain survit matériellement en tant qu’être social pour assurer son existence. Ces idées se développent et influencent sa vie matérielle, dans une spirale de contradictions. Dans la société, les hommes agissent avec conscience et volonté, non pas comme des entités passives, mais comme des animaux rationnels. À mesure qu’ils transforment/connaissent/transforment consciemment la nature qui les entoure, ils acquièrent des capacités qui leur permettent d’utiliser les forces naturelles à leur avantage. L’histoire de la société est faite par les hommes, en tant qu’espèce humaine, nature en soi et capable de la transformer consciemment pour réaliser ses intérêts, de sorte que la société émerge de l’activité humaine, consciemment ou inconsciemment. De par son origine, elle part de la relation matérialité-action-expérience-conscience-praxis, qui s’interrelie à mesure que nous connaissons de plus en plus la réalité matérielle. Ainsi, les individus sont le produit de l’histoire, des relations sociales, des relations entre semblables, tout en pouvant former leur propre histoire en tant qu’entités actives. Comprendre la société humaine comme un phénomène particulier de la nature permet de la différencier de la société biologique, le point de différenciation étant le travail dans son acception générale (aspect qualitatif), qui implique la production sociale. L’acte matériel qui différencie l’être humain des autres êtres du règne animal est son activité adaptée à une fin et dirigée vers l’utilisation et la soumission des forces de la nature. À partir de cette activité, qui englobe l’expérience et son assimilation consciente, permettant sa reproduction, se construisent les liens sociaux qui regroupent les hommes, en principe comme des liens de production qui sont à la base des relations sociales, avec un certain degré de développement historique et une société particulière. Les relations économiques, de production entre les hommes, sont le fondement de la vie sociale, la racine, le principe et la raison principale, non unique, mais dialectique. Ignorer cette relation humaine implique d’aborder la réalité de manière subjective, de nier la base matérielle et dialectique de la société. Il est donc nécessaire de connaître les relations de production pour pouvoir comprendre la vie sociale, politique et spirituelle d’une société particulière, en tenant compte des particularités sociales. La méthode dialectique consiste à analyser l’unité du général, du particulier et du spécifique, ce qui permet de voir les différentes facettes de la société humaine, de chaque contexte historique et de ses formes d’expression. En ce sens, il est nécessaire de connaître les caractéristiques spécifiques qui donnent corps à la société, de connaître la formation économique et sociale qui lui donne vie et la manière dont cette société s’exprime à un certain stade de développement historique, dans un certain régime social, dans son propre mode de production, les relations de production et sa superstructure. Chaque formation socio-économique a ses propres lois spécifiques qui régissent sa naissance, son développement et son passage à des formes plus élevées, qui s’expriment en fonction du processus historique et géographique dans lequel elle s’inscrit. C’est pourquoi étudier les relations de production, c’est étudier la superstructure, le squelette social et le sang et la chair qui le remplissent. Il s’agit d’une étude étrangère aux dogmes, car le matérialisme historique conçoit la société humaine, qui est constituée de formations socio-économiques, comme un organisme vivant en constante évolution. Il s’agit d’une brève définition du matérialisme historique qui nécessite d’être approfondie, elle fait partie des besoins du militant révolutionnaire pour pouvoir mener son activité transformatrice en fonction de la construction des piliers de la révolution. Connaître et approfondir cette théorie scientifique du développement social permet d’appliquer la méthode de recherche appropriée des sciences sociales en fonction de la transformation radicale de la société, permet une analyse précise de la réalité, afin d’appliquer le principe de connaître la réalité pour pouvoir la transformer. Nous devons élargir l’analyse aux différents éléments et phénomènes qui s’expriment dans la réalité, ce qui nécessite une préparation multiforme, l’étude de l’histoire et des détails des conditions de vie des différentes formations sociales. Le marxisme est une théorie vivante, en constante évolution, un système d’idées qui est indissolublement lié à l’activité révolutionnaire.