Le néofascisme en Allemagne de l’Est

Kommunistische Organisation, 2025

Sur la destruction de l’antifascisme et la construction d’un mouvement néofasciste

Introduction

Les images de Lichtenhagen et Hoyerswerda restent gravées dans les mémoires : des foules nazies pourchassent des migrants. Sans avoir à tirer un seul coup de feu, la RFA annexe peu avant la RDA : chômage de masse, désindustrialisation et chasse aux communistes bouleversent complètement la société. Les économies d’Europe de l’Est ont été pillées et l’Allemagne est redevenue la puissance dominante du continent. Portés par l’euphorie nationaliste de la « réunification allemande », les fascistes se répandent en Allemagne de l’Est ; les premières « zones libérées nationalement » voient rapidement le jour.

L’hégémonie des forces de droite et fascistes en Allemagne de l’Est a-t-elle jamais été brisée ? La force et la présence des groupes néonazis et les scores élevés de l’AfD soulèvent la question de la continuité des années 1990.

On en apprend tout aussi peu sur les véritables raisons du soi-disant virage à droite que sur la fascisation de l’Est menée par l’État dans les années 1990. Personne ne se demande d’où viennent les fascistes, qui leur offre un terrain fertile et les encourage. La réponse serait trop dérangeante.

À qui profite un néofascisme fort ? Et dans quel but ?

Si nous partons du principe, à juste titre, que l’antifascisme était effectivement la doctrine officielle de la RDA, comment le poison du chauvinisme et de la xénophobie a-t-il pu se répandre aussi rapidement ? Comment le mouvement néofasciste s’est-il construit et renforcé en Allemagne de l’Est ? Quels intérêts se cachaient derrière cette évolution et quelles contradictions l’ont favorisée ?

Il ne faut pas oublier que la population est-allemande est encore aujourd’hui une société post-socialiste en pleine transformation. Le socialisme, puis la Treuhand et la liquidation : presque toutes les personnes âgées de plus de 50 ans entre le Vogtland et la mer Baltique ont consciemment vécu ce processus.

Pour comprendre le renforcement du mouvement néofasciste en Allemagne de l’Est, il faut remettre en question la raison d’État antifasciste de la RDA. À partir de là, il convient d’examiner de manière approfondie le développement du mouvement néofasciste en RFA. Nous pouvons ainsi aborder la question fondamentale suivante : quels processus ont été déclenchés lorsque, en 1990, un État imprégné de fascisme a annexé, vendu et soumis à son ordre un État dont la raison d’État était antifasciste ?

Pour se pencher sur le processus de refascisation de l’Allemagne de l’Est, deux tendances doivent être examinées : d’une part, la mise en place d’un mouvement néofasciste en Allemagne de l’Est et, d’autre part, le démantèlement de l’antifascisme de la RDA. Il convient ici d’examiner de près la manière dont les médias, la politique, l’économie et le mouvement néofasciste ont participé à ces deux processus.

La RDA : un État antifasciste ?

Ordre démocratique antifasciste

Dans la zone d’occupation soviétique, un bouleversement démocratique antifasciste a commencé sur la base des décisions de la conférence de Potsdam. Au cours des années suivantes, cet ordre est devenu de plus en plus stable grâce à l’unité politique de la classe ouvrière et du SED. On ne peut toutefois nier le rôle central joué par l’Union soviétique et son administration militaire à cette époque.

L’appareil d’État fasciste démantelé fut remplacé par un pouvoir étatique antifasciste et démocratique composé de partis et d’organisations de masse qui se sont engagés en faveur d’une révolution antifasciste et démocratique sous la direction de la classe ouvrière.

Cet ordre antifasciste constituait une forme transitoire vers la construction socialiste et signifiait en même temps une lutte des classes acharnée, même si elle s’est déroulée sans déclencher de guerre civile.

Dénazification et expropriations

En 1945, quelques semaines seulement après la libération du fascisme, Walter Ulbricht constatait que « […] la grande majorité du peuple allemand s’était laissée utiliser comme un instrument par les dirigeants nazis et les industriels de l’armement. Hitler a pu commettre ses crimes de guerre pendant six ans parce que le peuple allemand ne disposait pas de défenses idéologiques suffisantes contre l’idéologie impérialiste et militariste, parce que le poison de l’idéologie prédatrice et l’obéissance aveugle à l’armée étaient profondément ancrés dans le peuple. »[1] Cette citation met particulièrement en évidence les trois grandes tâches auxquelles étaient confrontés les antifascistes et les communistes sur le territoire de la future RDA.

  1. Les dirigeants nazis devaient être purgés et poursuivis.

  2. Les industriels de guerre et ceux qui avaient profité du génocide devaient être expropriés.

  3. La tâche la plus longue et la plus difficile était sans doute celle-ci : l’idéologie fasciste devait être combattue et vaincue.

Dans de nombreuses villes, des comités ou commissions antifascistes s’étaient spontanément constitués après la fin de la guerre, certains fonctionnant déjà auparavant dans la clandestinité. Sous l’égide de l’administration militaire soviétique, ceux-ci renforcèrent les structures locales de la FDJ, de l’Union démocratique des femmes allemandes (DFD) ou du SED, avant d’être intégrés à ces dernières. Beaucoup furent affectés aux administrations municipales.[2] Dans le même temps, des centaines de communistes revinrent d’exil dans les zones d’occupation.

Afin d’éradiquer économiquement le fascisme dans la zone d’occupation soviétique (SBZ), 7 200 grands propriétaires terriens et 4 500 autres criminels de guerre ont été expropriés sans indemnisation dans le cadre de la réforme agraire. Jusqu’en 1948, 9 200 entreprises appartenant à des profiteurs de guerre et à des activistes nazis ont également été transférées au peuple et expropriées. Ces mesures ont été approuvées par 77,7 % des Saxons lors d’un référendum.

72 % des anciens enseignants appartenaient au NSDAP et ont dû être démis de leurs fonctions.[3] Afin de continuer à garantir l’éducation et la formation, le mouvement des nouveaux enseignants a vu le jour sous la forme d’une campagne politique du SED et de l’administration soviétique. Au total, 40 000 jeunes ouvriers et ouvrières ont été formés à l’enseignement dans le cadre de cours de plusieurs mois. Ces nouveaux enseignants ont été testés pour vérifier s’ils « étaient disposés et capables d’éduquer la jeunesse allemande dans un esprit d’antifascisme, d’humanisme, de démocratie et d’amitié entre les peuples ». [4]

L’historien de la RDA Stefan Doernberg résume bien le rôle de la dénazification : « Bien que la dénazification n’ait pas été la principale méthode de renouvellement démocratique des organes administratifs, car les fonctions dirigeantes ont été reprises dès le début par des antifascistes, elle a néanmoins contribué de manière significative à l’éradication définitive de l’appareil d’État impérialiste.

[…] La destitution politique totale des forces fascistes et militaristes a été un processus de longue haleine, dont l’objectif principal était de démanteler l’appareil d’État impérialiste et capitaliste et de mettre en place de nouveaux organes étatiques antifascistes et démocratiques. »[5]

Rien qu’en 1946, 390 478 anciens nazis ont été démis de leurs fonctions dans l’administration, la justice, l’éducation et d’autres domaines. En outre, le ministère de la Sécurité d’État a enquêté jusqu’en 1989 sur d’anciens criminels de guerre et nazis. [6] En RDA, il était pratiquement impossible d’accéder à des postes sociaux élevés avec un passé dans la SS ou la Wehrmacht. Il y avait certes des hauts fonctionnaires et une poignée de ministres en RDA qui avaient été membres du NSDAP, mais ceux-ci n’avaient jamais appartenu à la SS ni occupé de fonctions dirigeantes leur permettant de coordonner la guerre et les massacres.[7] C’est ce que prouve le cas d’Ernst Großmann, membre de la SS et gardien de camp de concentration, qui a falsifié sa biographie et a gravi les échelons jusqu’au Comité central du SED. Lorsque son passé a été révélé en 1959, Großmann a été immédiatement exclu.[8]

Travail de mémoire et éducation antifasciste

De nombreux travaux scientifiques, mais aussi des publications plus modestes, témoignent d’une réflexion large et approfondie sur le fascisme. Des publications telles que « Der SS-Staat » (L’État SS, 1947) rassemblent les témoignages de détenus des camps de concentration. « Die Legende vom deutschen Sozialismus » (La légende du socialisme allemand, 1946) de Walter Ulbricht dénonce les mensonges et les crimes du fascisme. La littérature pour enfants et adolescents a également apporté une contribution importante à l’éducation antifasciste. Le roman de Bruno Apitz « Nackt unter Wölfen » (1958) est devenu un élément central du travail éducatif antifasciste et a fait son entrée dans presque toutes les salles de classe de la RDA. Auparavant déjà, « Das siebte Kreuz » d’Anna Seghers était un titre bien connu dans les écoles. L’affirmation selon laquelle la RDA aurait ignoré ou jamais traité le génocide et la persécution des Juifs ne résiste pas à un examen approfondi. Au total, 1 086 publications des maisons d’édition de la RDA ont été consacrées à l’histoire, à la religion et à la vie quotidienne des Juifs. Entre 1945 et 1990, au moins 238 œuvres littéraires (dont des romans, des nouvelles et des poèmes) ont été publiées sur le génocide des Juifs européens, sans compter la littérature scientifique ! [9]

Un élément essentiel de la politique mémorielle en RDA consistait à ne pas isoler les victimes du fascisme ni les classer par catégories, mais à leur rendre hommage de manière égale. La résistance contre le fascisme occupait une place particulière dans cette démarche. Cela ne signifiait toutefois pas que les causes spécifiques de la persécution et la situation des groupes de victimes étaient occultées.

Les monuments et mémoriaux dédiés aux victimes du fascisme ont progressivement marqué le paysage urbain de la RDA. Ils ont souvent été érigés en concertation avec des résistants antifascistes et avec le soutien de collectifs de travail. Avec Buchenwald, Ravensbrück et Sachsenhausen, trois grands mémoriaux nationaux ont été créés et ont acquis une renommée mondiale.

À l’occasion de l’anniversaire de la libération du fascisme, de la journée des victimes du fascisme, mais aussi de la libération de certains camps de concentration ou sur les lieux de crimes fascistes, les rues et les lieux de commémoration se remplissaient chaque année d’une foule nombreuse. Grâce à ces manifestations organisées en étroite collaboration avec les écoles, les universités, les collectifs d’entreprises et les sections de la FDJ, le travail de mémoire est devenu un élément central de l’éducation politique.[10]

Les organisations antifascistes de masse et leur travail

Tous les partis, organisations et associations devaient être fondés sur la base de l’ordre antifasciste de la RDA et orienter leur travail en conséquence. Toutes les organisations de masse étaient clairement engagées en faveur de l’entente entre les peuples et de la solidarité internationale.

Alors que l’Union culturelle pour le renouveau démocratique de l’Allemagne explorait régulièrement les moyens de développer une culture antifasciste combative, l’Union démocratique des femmes allemandes (DFD) participait à des conférences internationales contre la guerre et le fascisme. [11] La Gesellschaft für Deutsch-Sowjetische Freundschaft (Société d’amitié germano-soviétique) organisait régulièrement des rencontres et des échanges culturels avec les peuples de l’Union soviétique. Outre les institutions d’éducation populaire, la Freie Deutsche Jugend (FDJ, Jeunesse libre allemande) était principalement chargée de l’éducation antifasciste des jeunes. Elle organisait des excursions et des activités communes, telles que des discussions avec des victimes du fascisme ou des visites de camps de concentration. Lors de conférences internationales, la FDJ ne se consacrait pas seulement au fascisme historique, mais mettait également en garde contre les agissements des fascistes allemands en RFA. [12]

Le Comité des résistants antifascistes jouait un rôle particulier dans la politique antifasciste. Il a été créé en 1953 en tant qu’association regroupant de nombreux clubs et groupes différents d’anciens détenus des camps de concentration : les groupes juifs, chrétiens, libéraux, sociaux-démocrates ou communistes y étaient représentés sur un pied d’égalité.[13] Ils recevaient tous des prestations sociales pour les victimes du fascisme et veillaient en même temps à leur attribution correcte. Les persécutés et les résistants recevaient en RDA des salaires plus élevés, un meilleur accès à la nourriture et aux soins médicaux, ainsi que plus de jours de congé.[14]

Le comité était divisé en 15 comités régionaux et 111 comités de district et était également représenté au Front national de la RDA. [15] Outre la prise en charge des victimes du fascisme et l’organisation de rassemblements, de manifestations et de commémorations, le comité publiait régulièrement des brochures et des ouvrages plus importants sur les camps de concentration, les groupes de résistance, les crimes et les massacres ou les questions relatives à la lutte antifasciste actuelle. La caisse du comité, d’une valeur de 1,7 million de marks allemands, a été saisie et volée par la Treuhandanstalt en 1991. [16]

Pratique antifasciste

Le « traitement opérationnel » incombait au ministère de la Sécurité d’État et aux autorités judiciaires de la RDA. Dès leur création, ces organes se sont occupés des cadres nazis en fuite, des saboteurs et terroristes fascistes, ainsi que des crimes à motivation fasciste. Des criminels fascistes de la guerre aux écoliers faisant le salut hitlérien, tous les crimes étaient minutieusement documentés et poursuivis dans les archives nazies des départements IX/11 et IV de la Sécurité d’État.[17] Sous la direction de la résistante antifasciste Hilde Benjamin, le ministère de la Justice de la jeune RDA s’est prononcé en faveur de jugements clairs et sévères contre les fascistes et les criminels de guerre. Après 1990, la justice de la RFA a déclaré sans objet l’ensemble des jugements rendus contre les criminels nazis et de guerre.[18] La dénazification du système judiciaire en RDA a entraîné le licenciement de presque tous les juges, avocats et employés de justice nazis. Ils ont été remplacés par des juges populaires et du personnel judiciaire issus des classes ouvrières et paysannes. [19]

La division principale IX/11 fournissait des informations aux autres divisions du ministère de la Sécurité d’État et coopérait avec le procureur général de la RDA dans la poursuite des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.[20] Le travail de la Sécurité d’État a permis de nombreuses révélations sur des politiciens de haut rang de la RFA. L’un des points culminants de ce travail fut la publication en 1965 du Livre brun sur plus de 1 000 criminels de guerre et nazis dans l’État, l’économie, l’armée, l’administration, la justice et la science de la République fédérale. [21] L’historien bourgeois Götz Aly estime que le taux d’erreur dans les recherches n’est que de 1 %.[22] Le livre a été interdit en République fédérale. La Stasi a utilisé ces recherches pour, dans des cas particuliers, enlever des personnes au-delà des frontières de la RDA et les traduire en justice. [23]

L’antifascisme de la RDA était également étroitement lié aux principes de l’amitié entre les peuples et de la solidarité internationale. Les manifestations de solidarité avec le Chili, les actions d’aide aux antifascistes grecs et portugais, les campagnes en faveur d’Angela Davis et de Nelson Mandela, ainsi que les films de la DEFA sur les agissements de Pinochet et de Franco ne représentaient qu’une petite partie de ce travail de solidarité. [24] Jusqu’en 1990, les activités néofascistes en RFA étaient suivies et examinées de près par les médias de la RDA.

La constitution d’un mouvement néofasciste en RFA

Continuités dans l’État et la politique

Les continuités du fascisme en RFA sont bien connues : les organisations antifascistes ont été persécutées et interdites. Outre le KPD et la FDJ, l’Union démocratique des femmes allemandes, l’Association d’amitié germano-soviétique et l’Association des persécutés du régime nazi (VVN) ont également été prises pour cible par les autorités. Les continuités nazies dans l’appareil d’État de la RFA étaient graves : à la fin des années 1960, 75 % des employés du BKA étaient encore membres du NSDAP, 50 % étaient d’anciens membres de la SS. Au niveau de la direction du ministère de la Justice, le taux d’adhésion au NSDAP était de 66 % en 1966. [25] Les postes clés de l’État et de l’économie étaient occupés par 300 représentants d’entreprises monopolistiques telles que Flick AG, Deutsche Bank ou Thyssen AG.[26] Les monopoles allemands ont restauré leur appareil d’État impérialiste, avec l’aide des États-Unis, pour répondre aux exigences de la guerre froide : alignement sur l’Occident, anticommunisme et remilitarisation.

Si l’on se réfère aux chiffres de l’historien bourgeois Wolfgang Benz, on peut estimer à 140 000 le nombre de nazis licenciés dans les zones d’occupation occidentales.[27] Un chiffre insignifiant, car la loi 131 promulguée en 1951 a réhabilité et réintégré toutes les personnes qui travaillaient dans la fonction publique avant le 8 mai 1945. [28] Cette loi émanait d’un gouvernement Adenauer dans lequel 16 des 25 secrétaires d’État avaient un passé fasciste lourdement chargé.[29]

En 1972, la Cour constitutionnelle fédérale a apporté une réponse claire à la question de la continuité. Les juges ont constaté que la Loi fondamentale part du principe « que le Reich allemand a survécu à l’effondrement de 1945 et n’a pas disparu ni avec la capitulation, ni avec l’exercice d’une autorité étatique étrangère en Allemagne par les puissances d’occupation alliées, ni plus tard ». La création de la République fédérale d’Allemagne n’a pas donné naissance à un nouvel État ouest-allemand, mais « à une partie de l’Allemagne réorganisée […] . La République fédérale d’Allemagne n’est donc pas le « successeur légal » du Reich allemand, mais un État identique à l’État « Reich allemand », – toutefois « partiellement identique » en termes d’étendue territoriale, de sorte que l’identité ne revendique pas l’exclusivité à cet égard. »[30]

Base populaire et moteur

Le néofascisme trouvait sa base populaire dans diverses associations traditionnelles de la SS et de la Wehrmacht, ainsi que dans l’ultra-réactionnaire et revanchiste « Bund der Vertriebenen » (Union des expulsés), qui comptait selon ses propres déclarations 2 millions de membres.[31] D’autres associations et confréries régionales regroupaient non seulement des députés CDU du Bundestag, mais aussi d’anciens officiers SS. [32] Les associations traditionnelles SS comptaient 40 000 membres, parmi lesquels de nombreux officiers de la Bundeswehr.[33] Le chef de la CSU, Franz Josef Strauß, résume ainsi la relation entre le conservatisme allemand et le néofascisme : « Il faut utiliser les forces nationales, même si elles sont réactionnaires. Après coup, il est toujours possible de s’en débarrasser avec élégance. Car on ne doit pas faire dans la dentelle avec les troupes auxiliaires ».[34] Les réseaux des politiciens nationaux-conservateurs de l’Union s’étendaient profondément dans le mouvement néofasciste. Ces soi-disant « Stahlhelmer » (casques d’acier) ont participé à plusieurs reprises à la création de partis néofascistes.

Avec l’arrivée au pouvoir de la coalition socio-libérale entre le SPD et le FDP, ainsi que les manifestations étudiantes de 1968/69, une certaine dynamique s’est installée dans les rangs de ces structures néofascistes, que nous devons comprendre plus en détail afin de saisir le néofascisme des années 1990.

Modernisation idéologique

À partir des années 1970, le néofascisme a progressivement modernisé ses principes idéologiques. L’évolution idéologique essentielle a consisté en une retouche de l’idéologie « national-socialiste » par un rapprochement avec les idéologues pré-fascistes.[35] En se référant à des écrivains tels qu’Ernst Jünger, Oswald Sprengler et Carl Schmitt, il a été possible d’établir une distance apparente avec le « national-socialisme ».

Dans les années 1920, le constitutionnaliste Carl Schmitt esquissa des idées d’espace vital populaire et de gouvernement autoritaire qui rencontrèrent un grand succès auprès des conservateurs et des fascistes.[36] L’écrivain Oswald Sprengler était un fervent admirateur du fascisme italien et conçut un modèle d’État autoritaire sur le modèle de Jules César.[37] Ernst Jünger s’est fait connaître après 1918 grâce à ses romans militaristes sur la guerre mondiale.[38] Tous ces précurseurs se ressemblent essentiellement dans leur fusion du conservatisme juridique contemporain avec l’idéologie fasciste naissante.

Le Suisse Armin Mohler a été une figure clé de la refonte idéologique du mouvement néofasciste après 1945. Avec sa thèse intitulée « Die Konservative Revolution in Deutschland 1918–1932 » (La révolution conservatrice en Allemagne 1918-1932), publiée en 1950, il a présenté l’un des textes fondamentaux les plus importants pour la Nouvelle Droite. Il a dénazifié et canonisé des auteurs tels que Schmitt, Jünger et Sprengler, les inscrivant dans la tradition de la « révolution conservatrice ».

Après la guerre, Mohler s’engagea comme secrétaire particulier d’Ernst Jünger et resta en contact étroit avec Carl Schmitt tout au long de sa vie.[39] Les idées de Mohler semblèrent rapidement trouver un écho dans les cercles dirigeants : à partir des années 1960, la Fondation Siemens l’engagea comme président. En tant qu’auteur régulier pour des journaux tels que Die Zeit ou Die Welt, Mohler acquit une influence considérable sur le conservatisme ouest-allemand et entretint des contacts avec la Nouvelle Droite française. Grâce à ses relations avec Franz Josef Strauß, il disposait d’un accès direct à la politique de l’Union.[40] Tous les grands partis, maisons d’édition et groupes de travail proches de la Nouvelle Droite portèrent plus tard sa marque idéologique. Son influence s’étendait jusqu’aux échelons supérieurs de l’Union populaire allemande (DVU) et des Républicains (REP). Il écrivait non seulement régulièrement dans Criticon ou Junge Freiheit, mais contribuait également à leur développement. Götz Kubitschek, éditeur enthousiaste de Mohler et stratège de la nouvelle droite, le qualifia plus tard de « précurseur et mentor de notre milieu politique ». [41] Au sein de la Fondation Siemens, il a tiré les ficelles jusqu’en 1985 et a rassemblé autour de lui de nombreux partisans partageant les mêmes idées.[42] Il serait erroné de lui attribuer à lui seul la modernisation des mouvements fascistes. Il convient ici de le présenter comme le représentant éminent d’une tendance générale, et non comme son seul initiateur.

Une analyse détaillée des théories et des concepts de la Nouvelle Droite dépasserait le cadre de cette brochure. Le principe le plus important réside sans doute dans la métapolitique : la lutte pour l’hégémonie culturelle et politique dans l’espace prépolitique. Alors que dans les cinq décennies qui ont suivi 1945, on ne disposait que d’une poignée d’éditeurs, de magazines et de centres d’études, on dispose aujourd’hui d’un vaste réseau de médias, de groupes d’action et d’éditeurs. Alors que la Nouvelle Droite a historiquement soutenu des projets de partis, elle s’organise aujourd’hui autour de l’AfD. L’objectif reste de construire un mouvement néofasciste moderne en marge de la politique partisane. À cela s’ajoute le renforcement de l’influence des néofascistes au sein du parti.

Le NPD, la DVU et les Républicains présentent trois projets de restructuration du parti dans le sens de cette réorganisation et de cette modernisation. Tous trois, en particulier les Républicains, sont influencés par les idées de la Nouvelle Droite. Il s’agit avant tout de projets du capital monopolistique allemand visant à créer un parti néofasciste fédérateur. Ces trois projets ont en commun les idées de la révolution conservatrice et leur origine à l’extrême droite de la CDU. Ils sont nés en réponse aux crises du conservatisme.

Pour mieux comprendre les forces qui se sont développées en Allemagne de l’Est dans les années 90, présentons brièvement le NPD, la DVU et les Républicains.

Le NPD

L’historien soviétique Frumkin révèle une continuité historique intéressante dans la relation entre le NPD et la CDU/CSU : « Malgré les échecs et les défaites des néonazis ces dernières années, le capital monopolistique de la RFA a besoin du NPD et des autres groupes néonazis. Et surtout, ils sont nécessaires à la CDU/CSU, le principal parti politique des cercles agressifs du capital monopolistique en RFA. Le NPD fonctionnait déjà comme « groupe de choc de la CDU/CSU » lorsque celle-ci était à la tête du gouvernement de Bonn. La CDU/CSU a pu se déplacer toujours plus à droite et donner l’impression de vouloir défendre la ligne « modérée » et « libérale » contre « l’extrémisme » et le nationalisme « exagéré » du NPD. »[43]

Malgré, et peut-être précisément à cause de ses dizaines de biographies nazies, le NPD veillait à représenter un « conservatisme civilisé ». Le parti entretenait de bonnes relations personnelles avec la CDU/CSU et était financé par le ministère de la Défense de Bonn, la Fédération de l’industrie allemande[44] et une partie du commandement de la Bundeswehr.[45] Des annonces publicitaires de Bayer et Bertelsmann ont permis d’accroître de manière ciblée la notoriété du parti. [46]

Après avoir fait son entrée dans presque tous les parlements régionaux de la RFA, le parti échoua de peu à entrer au Bundestag en 1969, ce qui entraîna de vives discussions et des scissions.[47] En 1971, le parti avait déjà perdu la moitié de ses membres (14 000) et était nettement plus dominé par l’aile ouvertement néofasciste du parti. Cela s’accompagna d’une mauvaise image du parti, considéré comme un groupe extrémiste marginal.[48]

Les disputes au sein du NPD autour d’une ligne national-conservatrice, contraire à la volonté des groupes militants, ont entraîné des luttes d’influence et des incertitudes qui ont finalement conduit à la crise persistante du NPD dans les années 1970.

Union populaire allemande

Afin de faire pression sur le SPD et le FDP, mais aussi sur la CDU elle-même, Franz Joseph Strauß (CSU) a inspiré en 1971 la création de l’Union populaire allemande (DVU), un parti néofasciste.[49] Celle-ci devait désormais remplir la fonction que le NPD ne pouvait plus assurer en raison de son déclin.

Gerhard Frey, fondateur, bailleur de fonds et leader politique, était le candidat idéal pour un tel projet. Il entretenait des relations étroites avec la CSU et Franz Joseph Strauß et était intégré dans les cercles du capital allemand grâce à son empire éditorial valant plusieurs millions. [50] Son réseau de relations s’étendait du fondateur du BND, Reinhard Gehlen, au ministre de l’Intérieur de la RFA, Seidl. Avec le déclin du NPD à partir de 1969, des plans pour la formation d’un nouveau parti ont commencé à voir le jour. Frey déplorait que le NPD ait été « trop restrictif » et se prononçait en faveur d’un parti plus ouvert. Le journal des membres de la DVU écrivait en 1971 : « La dernière raison qui a motivé la création du parti a été la politique de capitulation croissante du gouvernement rouge envers l’Est, en particulier les accords de Moscou et de Varsovie… La DVU n’est pas un parti. Elle veut rassembler toutes les forces fidèles à la Constitution, du centre à la droite »[51] La faction conservatrice de droite Stahlhelm au sein de l’Union espérait que la création de la DVU exercerait une pression politique constante sur la CDU et la CSU, poussant le parti vers la droite. Plusieurs membres du NPD, de la CDU et de la CSU, ainsi que de nombreux anciens nazis, ont participé à la conférence fondatrice de la DVU. [52]

Grâce aux moyens financiers importants et aux réseaux de Frey, la Deutsche Volksunion a pu se constituer progressivement et devenir une force politique solide à partir de 1976. Dans les années 1980, le parti devait passer de 15 000 à 25 000 membres et enregistrer ses premiers succès électoraux importants dans les années 1990. [53]

Les Républicains

Avec le déclin du gouvernement socio-libéral et l’arrivée au pouvoir de la CDU/CSU en 1982/83, un nouvel élan est apparu dix ans après la création de la DVU. L’aile droite radicalement anticommuniste de la CDU était consternée par les crédits de plusieurs milliards accordés à la RDA par Franz Joseph Strauß et par la prétendue orientation à gauche de la CDU/CSU. Cela a conduit à la création des Républicains en 1983 par les membres de la CSU Ekkehard Voigt et Franz Handlos. [54] Un autre membre fondateur, le présentateur de télévision Franz Schönhuber, avait été licencié en 1981 pour avoir tenu des propos édulcorés sur la Waffen-SS.[55] Entre 1985 et 1989, le nombre de membres des Républicains est passé de 2 500 à 25 000 et le parti a fait son entrée dans plusieurs parlements régionaux. [56]

Le conservatisme du parti s’est progressivement enrichi d’idées nationalistes et revanchistes. Cette évolution s’explique par la politique de Schönhuber et par le groupe de réflexion proche du parti, le « Deutschlandrat » (Conseil allemand). Ce « Deutschlandrat » a vu le jour en tant que groupe de travail de la fondation Siemens. [57] Le président Franz Schönhuber pouvait compter sur le soutien des associations de personnes déplacées, qui comptaient de nombreux membres, et a très tôt ouvert le parti à de nombreux néofascistes.[58]

Maisons d’édition, cercles et groupes de travail

La création du Thule Seminar en 1980 a marqué une évolution notable de cette réorientation du mouvement néofasciste. Ce groupe de réflexion fondé à Kassel par Pierre Krebs et le couple d’éditeurs Grabert a réuni de nombreux membres de la CDU/CSU, du NPD et de la DVU dans le but de mener des débats stratégiques « pour atteindre l’hégémonie culturelle » et de mener une « révolution culturelle de droite ».[59] Le centre d’études Weikersheim, fondé en 1979, poursuivait des objectifs similaires et était financé par la fondation Daimler-Benz.[60]

En 1986, un autre organe important dédié au débat et à l’orientation stratégique a vu le jour : la Junge Freiheit. Ce journal s’adressait principalement aux milieux étudiants et se consacrait aux « activités dans l’espace prépolitique national-conservateur ». [61] Il réalisait ainsi le grand écart entre conservatisme et néofascisme. Les fondateurs de l’Institut für Staatspolitik (Institut de politique d’État), Karlheinz Weitzmann et Götz Kubitschek, écrivaient également régulièrement pour la Junge Freiheit, qui organisait également des universités d’été à partir des années 1990. Aujourd’hui, de nombreux membres et porte-parole de l’AfD sont d’anciens auteurs du journal. [62] Alexander Gauland, membre de la CDU et ancien porte-parole fédéral de l’AfD, a révélé dans une interview : « Pour comprendre l’AfD, il faut lire la Junge Freiheit. »[63]

Dans l’organe théorique Criticon, on a largement discuté de la manière dont des partis tels que la Deutsche Volksunion (DVU) et Die Republikaner pouvaient contribuer à exercer une influence accrue sur le conservatisme en Allemagne. [64] En 1989, Karlheinz Weißmann, idéologue de la nouvelle droite, formulait ainsi sa pensée : « Dans cette perspective, les Républicains apparaissent plutôt comme le premier état d’agrégation d’un futur mouvement conservateur de base qui doit agir à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace parlementaire. »[65] Il ne faut pas sous-estimer l’environnement du paysage politique de droite. Des discussions déterminantes y ont été menées et des réseaux y ont été créés, qui ont survécu à l’ascension et au déclin des partis.

Un groupe de travail de l’Institut für Staatspolitik (Institut de politique publique) tire la conclusion suivante : « Il est toutefois difficile d’imaginer que sans l’effondrement du bloc de l’Est et la réunification du reste de l’Allemagne, la renaissance de la droite conservatrice aurait été aussi rapide. »[66] La politique de la RFA, les grands médias et les services secrets ont fourni les arguments, les finances et l’impunité nécessaires à la renaissance de la terreur d’extrême droite et de la xénophobie.

Le néofascisme en RDA

Les tendances de plus en plus ouvertes à la dissolution du socialisme ont également entraîné une recrudescence des activités néofascistes en RDA à la fin des années 1980. Avant l’ouverture des frontières, les regroupements néonazis étaient fortement influencés par les structures fascistes de la RFA et leur sous-culture. Ces groupes étaient marginaux et faisaient l’objet de poursuites pénales (comme toute propagande fasciste).[67] La taille des groupes néofascistes dépassait à peine celle de petits groupes de dix à douze partisans. [68]

Et pourtant, des groupes de skinheads racistes et nationalistes, inspirés du modèle occidental, ont vu le jour parmi certains supporters de football violents et dans la « sous-culture » déjà marquée par l’anticommunisme en RDA.[69].

Ces développements ont été relayés publiquement. Le journal télévisé Aktuelle Kamera a largement couvert les profanations de tombes dans le cimetière juif de Berlin-Est. Des films tels que « Unsere Kinder » (Nos enfants) ont abordé la question de la scène néofasciste naissante.[70] Le procès des voyous néofascistes de la Zionskirche a été suivi par les médias. [71]

Les autorités de la RDA, qui observaient de près ces agissements, réagirent immédiatement par des mesures répressives. Rien qu’en 1988, 94 skinheads furent arrêtés pour incitation à la haine et xénophobie. Un groupe de travail du ministère de l’Intérieur chargé d’étudier et de lutter contre les skinheads d’extrême droite fut mis en place. Ces développements furent discutés au sein des sections de la FDJ, qui réfléchirent à des contre-mesures possibles. [72]

Les discussions au sein de la FDJ ont également permis de constater une influence déclinante sur la jeunesse. Parallèlement, les procès contre les voyous fascistes ont révélé que les collectifs de travail et scolaires ne se penchaient guère sur la façon de penser et d’agir des néonazis. Une étude menée en décembre 1989 par la section de criminologie de l’université Humboldt sur les néofascistes et les extrémistes de droite a révélé que l’agitation ciblée des néofascistes ouest-allemands et les problèmes sociaux en RDA en étaient les deux causes principales. [73]

La transmission de contenus antifascistes dans les programmes pour la jeunesse et l’enseignement scolaire en RDA n’était manifestement plus aussi fructueuse qu’au début de la RDA. Même les organisations antifascistes de masse étaient parfois très éloignées de leurs missions initiales et accumulaient les membres fantômes. Le fossé entre les aspirations et la réalité de l’antifascisme en RDA se creusait de plus en plus. L’effondrement progressif de l’État ouvrier et paysan s’est manifesté le plus clairement dans l’échec des organisations de masse et du SED, qui n’ont pas su prendre en compte de manière constructive les intérêts et les évolutions de la société, ni gérer le mécontentement. Là où les organisations sociales du socialisme échouaient et ne représentaient plus un lieu de collectivité et de cohabitation, l’individualisme, le cynisme, le repli sur la sphère privée et l’apolitisme ou encore des mouvements et des sous-cultures tels que ceux des néonazis ont vu le jour.

Les enquêtes menées par le groupe de travail du ministère de l’Intérieur de la RDA ont révélé que des néonazis de l’Est et de l’Ouest se réunissaient et échangeaient de manière conspiratrice : « L’établissement de liens communicatifs servait à développer des relations de communication. La communication servait au transport d’informations et à l’échange de matériel. Cette coopération était donc susceptible de donner aux groupes participants des impulsions pour poursuivre leur développement. Pour être capable de coopérer, il fallait pouvoir « offrir » quelque chose, pouvoir se prévaloir de la qualité de l’organisation et du succès de ses propres activités. » [74] Le matériel de propagande des Républicains, du Parti libre des travailleurs (FAP) et du NPD aurait été particulièrement diffusé lors de réunions secrètes en RDA.[75] À cela s’ajoutait le Front nationaliste (NF), infiltré par des informateurs, qui établissait des contacts avec les milieux skinheads et hooligans de la RDA. [76] Les cadres du Front nationaliste ont par exemple utilisé leurs contacts au sein de clubs de football est-berlinois tels que l’Union Berlin et le BFC-Dynamo. Le leader Andreas Pohl s’est vu interdire l’entrée en RDA à partir de 1985 pour cette raison.[77]

Les enquêtes de la Stasi ont révélé l’existence d’un potentiel de 1 067 personnes d’extrême droite, pour la plupart des skinheads. Les extrémistes de droite étaient de mieux en mieux connectés aux néofascistes ouest-allemands. Ils utilisaient leur musique et leur matériel de propagande.[78] Formation des cadres, organes propres, possibilités de mise en réseau plus importantes, sans parler du financement ou du soutien de l’État – tout cela était impensable tant que le SED restait au pouvoir.

La culture et l’éducation antifascistes ont été considérablement affectées par la paralysie et l’aliénation de presque toutes les organisations de la RDA. De nombreuses études réalisées après 1990 montrent clairement que la société est-allemande avait une « conscience des problèmes et une connaissance du passé fasciste » nettement plus élevées, et ce dans toutes les générations. Une tendance à la baisse est néanmoins clairement observable à partir de 1972. Même cette génération continuait toutefois à dépasser le niveau de connaissances de la population de la RFA.[79] Cette tendance à la baisse met en évidence le problème des institutions de la RDA face à des générations nées sous le socialisme et qui considéraient de nombreuses avancées politiques et sociales comme allant de soi.

Un sondage Emnid réalisé en 1991 a révélé que 16 % de la population ouest-allemande avait des opinions « extrêmement antisémites », contre seulement 4 % de la population est-allemande[80]. Ces différences sont encore plus frappantes lorsqu’on examine les infractions pénales. En 40 ans de RDA, 85 cimetières juifs ont été profanés. La RFA a enregistré 1 400 profanations de tombes au cours de la même période.[81]

Avant l’ouverture de la frontière, les fascistes rachetés par la RFA ont joué un rôle important dans l’établissement de liens avec la RDA. Contrairement à la RFA, les prisons de la RDA étaient remplies d’anciens et de nouveaux nazis. Ils purgeaient des peines pour des crimes commis sous le fascisme hitlérien ou pour incitation à la haine raciale, actes de violence ou propagande en RDA – mais souvent dans les mêmes prisons et avec la possibilité d’échanger entre eux.[82] Afin de se procurer des devises, la RDA a cédé à la République fédérale les prisonniers qui souhaitaient de toute façon quitter le pays et a reçu en échange plusieurs milliers de marks allemands par prisonnier. Des dizaines de fascistes ont également profité de cette affaire, car ils ne pouvaient guère mener d’activités politiques en prison.[83] Ils ont retrouvé leur liberté en RFA, ont été en partie considérés comme des persécutés politiques et ont pu reprendre leur travail. Cet exemple montre particulièrement clairement à quelles conclusions erronées et fatales pouvait conduire le problème des devises étrangères en RDA.

Parmi les fascistes rachetés, nombreux sont ceux qui reprirent leur travail à l’Est après 1990. C’était le cas, par exemple, du fasciste Arnulf Priem, emprisonné en 1967 et racheté un an plus tard. Il put mettre à profit son expérience de la RDA dans le réseau de Michael Kühnens, « Gesinnungsgemeinschaft der Neuen Front » (Communauté d’idées du Nouveau Front). Un autre cadre dirigeant du réseau à Cottbus avait également été emprisonné dans les années 1980 pour avoir pris contact avec des nazis de l’Ouest, mais il avait ensuite été racheté et intégré au réseau en question. [84] Le terroriste d’extrême droite Josef Kneifel, qui est arrivé en RFA en 1987 dans le cadre d’un échange d’agents, a dès lors pu se présenter avec succès comme une « victime du stalinisme ». Ce combattant autoproclamé pour la liberté contre la dictature du SED s’est organisé au sein du groupe de solidarité avec les prisonniers du NPD et a ensuite entretenu des liens avec le NSU.[85]

Dans les années 1980, le réseau de Kühnens s’est progressivement transformé en une vaste organisation faîtière qui entretenait non seulement des contacts en RDA, mais était également très bien connectée avec les néofascistes américains.[86] La communauté d’idées du Nouveau Front (GdNF) entretenait des dizaines de structures périphériques et des contacts étroits avec de nombreux partis. [87] Non seulement les organisations satellites, mais aussi les dirigeants étaient infiltrés par des informateurs qui investissaient leurs salaires versés par les services de protection de la Constitution dans le travail politique. [88] Même le leader Michael Kühnen entretenait des contacts avec les services de protection de la Constitution. Alors que l’Office régional de protection de la Constitution de Basse-Saxe ne parvient plus à retrouver tous les dossiers relatifs à ces agissements et réseaux, un dossier de la Stasi révèle ces liens. La Stasi, qui collectait des preuves sur Kühnen depuis 1970 et observait de près son travail politique, a constaté dans un rapport qu’après sa libération en 1982, Kühnen avait été pris en charge à la prison par un véhicule des services de protection de la Constitution de Basse-Saxe (LfV). [89] Le « rapport d’étape » transmis par le département principal (HA) III, responsable du renseignement électronique, tirait la conclusion suivante : « Il est possible que l’incarcération de K. pendant plusieurs années ait été mise à profit pour le recruter comme informateur ou pour obtenir sa collaboration sous une autre forme. » [90] Quelques années plus tard, Kühnen élabora un document stratégique pour l’organisation faîtière GdNF, intitulé « Plan de travail Est ». En cas d’effondrement de la RDA, il fallait déménager afin de mettre en place des structures d’extrême droite en Allemagne de l’Est. L’ouverture des frontières le 9 novembre 1989 donna le coup d’envoi. Selon ses propres déclarations, Michael Kühnen put passer un poste-frontière « avec l’aide de camarades locaux ».[91] Des dizaines de cadres néofascistes suivirent Kühnen dans son projet politique commun en RDA.

Mise en place d’un mouvement néofasciste en Allemagne de l’Est

Amnistie pour les fascistes

Les néofascistes actifs en RDA (à partir de 1989) ont mis en place des structures et des groupes et se sont rapidement mis à acheter ou à occuper des biens immobiliers et des maisons afin de dominer des quartiers entiers. Il n’a pas fallu longtemps pour que cette construction, axée principalement sur la jeunesse, soit suivie d’actes de violence et de pogroms contre les antifascistes et les étrangers. Sous l’égide de Michael Kühnens et du réseau Gesinnungsgemeinschaft der Neuen Front (Communauté d’idées du Nouveau Front), des branches de la FAP et du NPD ont été créées et des dizaines de nouvelles organisations ont vu le jour.[92] Les manifestations du lundi ont vu se mêler de plus en plus souvent et de manière de plus en plus visible des acteurs néofascistes, qui trouvaient un point de convergence dans le caractère anticommuniste des manifestations. Le slogan « Wir sind ein Volk » (« Nous sommes un peuple ») est devenu le lien entre les conservateurs, les néofascistes et un large éventail de manifestants du lundi. À partir de mars 1990 au plus tard, les néofascistes ont pu défiler sans opposition avec leurs banderoles et leurs pancartes.[93] Dans certaines localités, ils ont formé des cordons de sécurité et se sont attaqués, armés, aux contre-manifestants de gauche en marge des manifestations pour l’unité. Une amnistie accordée le 6 décembre 1990 aux « prisonniers politiques de la RDA » (parmi lesquels se trouvaient de nombreux skinheads) a progressivement renforcé les rangs des néofascistes, à mesure que les libérations se succédaient.[94] Parmi eux se trouvaient également les voyous qui avaient attaqué l’église Zion en 1987, ainsi que celui qui allait devenir le « Führer de Berlin », Ingo Hasselbach.[95] Les cadres fascistes, pour la plupart libérés ou venus d’Allemagne de l’Ouest, ont non seulement soutenu la mise en place de structures et de réseaux, mais ils ont également parcouru l’ancienne RDA pour donner des conférences et des discours. Des fascistes d’autres pays ont également participé à cette reconstruction. Ainsi, à l’invitation de l’Union populaire allemande (Deutsche Volksunion), David Irving a été invité à Dresde pour prononcer plusieurs discours visant à ancrer le mythe de « l’holocauste des bombardements alliés ». Les frais liés à ces voyages et manifestations ont été pris en charge par Frey, millionnaire dans l’édition et fondateur de la DVU.[96] Le mythe de l’holocauste des bombardements mobilise encore aujourd’hui les néonazis à Dresde autour du 13 février.

À Berlin, le néonazi Ingo Hasselbach, remis en liberté, a fondé la Nationale Alternative en collaboration avec Michael Kühnen. Cette organisation forte de 800 membres a occupé une maison et y a stocké plus de 100 mitrailleuses et 20 bazookas. Des manifestations antifascistes ont régulièrement eu lieu contre la maison de la Weitlingstraße. [97]

À Cottbus, Kühnen a laissé la direction à l’Autrichien Gottfried Küssel. Ce fasciste violent et négationniste de l’Holocauste est considéré comme le mentor politique de Martin Sellner qui, contrairement à Küssel, s’efforce aujourd’hui de donner une image moins ouvertement fasciste.[98]

Déménager, attiser, passer à l’action

L’activité accrue de ces groupes néofascistes s’accompagnait d’excès de violence et de pogroms. Les cimetières juifs et les tombes des soldats de l’Armée rouge et des communistes étaient vandalisés. Les graffitis « Sau Juden » (sales Juifs) et « Juden Raus » (dehors les Juifs) comme ceux sur la tombe d’Helene Weigel et Bertolt Brecht n’étaient pas des cas isolés. [99] Le mémorial du Treptower Park fut également victime de vandales néofascistes qui couvrirent de slogans fascistes les sarcophages et les statues rendant hommage aux libérateurs soviétiques. Cette action suscita une forte protestation antifasciste à laquelle se joignirent 250 000 citoyens de la RDA le 3 janvier 1990. [100] Lors des manifestations du lundi et des manifestations spécialement organisées, des slogans d’extrême droite tels que « Rotfront Verrecke » (Mort au Front rouge) ou « Kanaken Raus » (Dehors les étrangers) ont été entendus pour la première fois depuis la tentative de coup d’État du 17 juin 1953. [101]

Les slogans et les graffitis ont été suivis d’attaques et de pogroms. En 1992, le nombre de crimes violents d’extrême droite enregistrés sur le territoire de la RFA a atteint un niveau sans précédent depuis 1949. Sans l’indifférence délibérée des autorités fédérales allemandes et le soutien des services de protection de la Constitution, cela aurait été impensable. Dans toutes les villes est-allemandes, des foules d’extrême droite ont pu commettre des agressions et des incendies criminels.[102] En réponse, une résistance antifasciste et migratoire s’est organisée à la base.

À Hoyerswerda et Rostock, des foules violentes ont pu traquer les étrangers pendant des jours. Ceux qui applaudissaient et regardaient n’avaient pas seulement été mobilisés par les groupes fascistes, mais surtout par les campagnes racistes menées dans les médias allemands. Ils se sont rendus complices en tant qu’incitateurs intellectuels. Les persécutions et les attaques contre les étrangers, qui ont duré plusieurs jours, ont été accompagnées dans les médias par des reportages sur le soi-disant « problème de l’asile », tandis que la police laissait les fascistes agir à leur guise. [103]

Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1990, la nuit de l’annexion définitive de la RDA, plus de 1 500 néonazis armés ont attaqué des antifascistes, des squatteurs et des travailleurs contractuels en RDA dans des situations parfois semblables à des pogroms. Au total, 30 attaques violentes ont eu lieu dans différentes villes. [104]

Fonds publics du ministère de la Jeunesse et des services secrets

Au cours de la même période, la ministre fédérale de la Jeunesse sous Merkel a continué à jeter de l’huile sur le feu et a mis à disposition 20 millions de marks allemands pour le « travail auprès des jeunes à l’Est ». L’argent a été investi dans des projets et des locaux où les néonazis s’organisaient. Sous le prétexte d’un « travail acceptant auprès des jeunes », des fonds publics provenant de fonds communaux ont été versés à des lieux de rencontre de la scène d’extrême droite, qui ont été laissés à eux-mêmes. Dans de nombreux endroits, les travailleurs sociaux et les personnes participant à des mesures de création d’emplois ont été confrontés à une supériorité numérique des jeunes d’extrême droite. Dans une interview accordée à la chaîne NDR en octobre 1992, le jeune néonazi Andreas Irrgang explique calmement comment ils ont pu demander des fonds et des locaux au service de la jeunesse et au conseil municipal afin de produire des affiches pour les Jeunes nationalistes (JN). De nombreux nazis ont ainsi pu rapidement trouver un emploi sûr dans le domaine du travail auprès des jeunes et se faire rémunérer pour l’organisation de camps de droite au titre du travail social. Tout cela était systématique : comme le prouve une interview, Merkel avait connaissance de l’infiltration d’extrême droite et n’a rien fait.[105]

Grâce au soutien financier des services de protection de la Constitution et sans être inquiétés par la police, les fascistes ont pu s’étendre sur le territoire de la RDA et mettre en place dans toutes les grandes villes des réseaux et des structures qui auraient auparavant été interdits et poursuivis. L’explosion de violence du début des années 1990 a coûté la vie à des dizaines de personnes et n’a toujours pas été élucidée à ce jour. La politique fédérale allemande a soutenu ce mouvement fasciste en détournant le regard et en tirant largement profit de lui, tandis que la presse Springer et Cie fournissaient le combustible nécessaire avec leur rhétorique « Le bateau est plein ».

Tout ce processus, que nous avons pu décrire ici de manière fragmentaire, s’est déroulé comme un projet politique de contre-révolution et de répression de toute une société. Les nazis bottés armés de battes de baseball n’étaient qu’un petit rouage, certes très important, dans toute cette évolution.

Résistance antifasciste

Les groupes, mouvements et actions antifascistes peuvent être classés principalement en trois niveaux sociaux. D’une part, il y avait les premiers groupes antifascistes, qui avaient déjà vu le jour à la fin de la RDA et s’étaient développés à la suite des évolutions politiques. D’autre part, certains efforts antifascistes émanaient des vestiges réformistes du SED, le Parti du socialisme démocratique (PDS, aujourd’hui Die Linke). Enfin, des actions spontanées de protestation et de commémoration ont régulièrement été menées par la population de l’ancienne RDA elle-même.

Une grande partie du mouvement antifasciste est-allemand était fondée sur un consensus anticommuniste et une opposition farouche à la RDA.[106] L’anti-impérialisme, considéré comme faisant partie de l’« idéologie de la RDA », était laissé aux groupes communistes radicaux d’Allemagne de l’Ouest, dont on se démarquait largement. Les procès politiques dans le cadre de l’annexion de la RDA ont également donné naissance, par exemple, aux anti-allemands. Le développement des mouvements antifascistes et de l’auto-organisation des migrants dans le contexte de la contre-révolution mériterait un texte à part entière. Nous nous contenterons ici de mentionner ces trois phénomènes.

Causes sociales et désorganisation

Le « traité d’unification », l’« union économique, monétaire et sociale », la « loi sur la restitution avant indemnisation », le « règlement des dettes anciennes » et l’immunité pénale garantie par le gouvernement fédéral pour la Treuhandanstalt ont préparé et rendu possible la liquidation. [107] En 1993, 3 millions de citoyens de la RDA se sont retrouvés au chômage.[108] Presque toutes les grandes entreprises et tous les combinats de la RDA ont été démantelés ou vendus à des investisseurs. Les anciens biens publics ont été transférés à 85 % à des Allemands de l’Ouest, à 10 % à des investisseurs internationaux et à seulement 5 % à des Allemands de l’Est. [109] En réalité, des actifs d’une valeur de 850 milliards de marks allemands ont été vendus presque exclusivement aux monopoles allemands. À cela s’ajoutaient les économies des citoyens de la RDA, qui ont été appropriées par les compagnies d’assurance, les banques, etc. ouest-allemandes.[110]

Ringo Ehlert a décrit de manière détaillée et pertinente, lors de la conférence Hauptfeindkonferenz 2010, ce que cette liquidation allait signifier pour la société de la RDA. Le choc du chômage de masse en RDA ne résidait pas seulement dans la perte d’emploi en soi. Le travail en RDA était plus qu’un simple emploi. Des liens sociaux solides et des activités communes se sont développés au sein des collectifs de travail. Au regard de la destruction de ce mode de vie, Ehlert écrit :

« L’éclatement des collectifs dû aux licenciements massifs n’était très souvent que la fin d’une chasse à l’homme, dans laquelle l’individualisme et l’égoïsme, qui devaient justement être repoussés par la structure solidaire des collectifs et l’intégration de nombreux aspects sociaux dans le combinat, reprenaient le dessus. L’incertitude a attisé cela et a donné lieu à une concurrence répugnante pour les emplois qui se faisaient rares. On s’est rapidement rendu compte que ce ne sont pas ceux qui défendaient la cohésion des collectifs qui ont conservé leur emploi un peu plus longtemps, mais ceux qui ont pu obtenir des avantages supposés, qui ont conclu des accords secrets, dénoncé et courtisé les nouveaux propriétaires. Avec la disparition des rapports de production de la RDA et la transformation en production capitaliste privée – dans la RDA annexée, cela signifiait avant tout la fermeture des sites de production –, tous les effets secondaires typiques des relations de travail salariées « traditionnelles » sont rapidement réapparus. »[111]

Des dizaines de groupes sociaux ont perdu de nombreux acquis juridiques ainsi que l’égalité sur le lieu de travail et leur droit au travail en général.[112] La dévalorisation massive des années de service et des qualifications, la négation du droit d’exister de secteurs entiers de la production et de la recherche et de toute une vie de travail n’ont constitué qu’une partie de l’humiliation et de la privation des droits de millions de personnes. De nombreuses petites villes et régions rurales ont été littéralement dépeuplées jusqu’à aujourd’hui. Au total, 2 millions de personnes ont quitté la RDA.[113]

Lutte contre la Treuhand !

À cette époque, des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre les fermetures d’usines et le chômage de masse. À l’échelle internationale, les travailleurs ont commencé à se solidariser avec eux. Les artistes et les créateurs culturels ont participé aux actions des travailleurs et vice versa. Il n’était pas rare, comme dans le cas de Bischofferode, que la survie de régions entières soit en jeu.

L’annexion de la RDA et le pillage de la Treuhand ont donné lieu à de forts mouvements sociaux : des grèves sauvages, des occupations d’usines et des actions de protestation ont eu lieu partout dans la RDA annexée. De la construction navale à l’usine de fibres chimiques, qu’il s’agisse de grands combinats ou de petits, la résistance s’est manifestée partout. À partir de 1991, les manifestations du lundi contre la liquidation de la RDA ont de nouveau rempli les rues de Leipzig et bientôt aussi celles de Berlin-Est. À leur apogée, 100 000 personnes au total ont manifesté semaine après semaine. Pour le gouvernement Kohl et les monopoles ouest-allemands, le problème devenait de plus en plus grave. C’est grâce à l’ignorance des dirigeants syndicaux et à la pression des politiques et des médias que ces luttes n’ont pas pu être coordonnées à l’échelle suprarégionale et à long terme.[114] Le PDS a réussi à acquérir dans ces luttes son statut de parti social, dont il a profité pendant des années.

Une coupe claire aux conséquences à long terme

Depuis 1990, la presse Springer dictait aux millions de personnes déclassées vers qui diriger leur colère : vers les plus faibles, les demandeurs d’asile, les « chaussettes rouges » et les gauchistes. La brutalisation sociale délibérément attisée trouva de nombreux exutoires.

La vie politique en RDA, y compris l’antifascisme, était toujours organisée autour de différents collectifs, qui ont alors été démantelés. À cela s’ajoutaient les campagnes médiatiques anticommunistes et les conséquences économiques de la contre-révolution et de l’annexion. Ce processus a bouleversé presque toutes les relations sociales. Une chose est claire : il n’y a pas de lien automatique entre la pauvreté et la xénophobie. Ce sont plutôt les campagnes médiatiques xénophobes, la nouvelle concurrence, la division et la destruction et la désorganisation simultanées de tout communisme et antifascisme qui ont renforcé le néofascisme.

La politique continue de coupes sociales et de braderie a encore des répercussions aujourd’hui : pauvreté, chômage, secteur des bas salaires gigantesque, retraites plus faibles, exode de la main-d’œuvre, vieillissement de la population et baisse de la production industrielle, pour ne citer que quelques aspects qui mériteraient un article à part entière. Toute la structure patrimoniale et sociale de la société est-allemande reste aujourd’hui encore très différente de celle de l’Allemagne de l’Ouest. En conséquence, la lutte des classes présente également des spécificités et des particularités très marquées. En témoignent les protestations contre la réforme Hartz IV, nettement plus virulentes dans l’Est dans les années 2000, ainsi que la position plus faible des syndicats et des comités d’entreprise. Le mouvement antifasciste et le mouvement pacifiste en Allemagne de l’Est s’appuient également sur une tradition et une histoire très différentes, et le mouvement communiste n’y fait pas exception. Nous devons tenir compte de tous ces facteurs lorsque nous nous intéressons au néofascisme est-allemand. Nous devons avant tout être précis et ne pas nous laisser tromper par des corrélations apparemment simples (telles que celles présentées par de nombreux médias : Est = pauvreté = droite).

Il faut comprendre que le travail, les loisirs, la vie politique et la culture – tout ce qui constituait la vie avant 1989 – ont été supprimés et remplacés par de nouvelles conditions. Des conditions que la grande majorité ne voulait pas à l’époque et ne veut toujours pas aujourd’hui. Plus concrètement, nous pouvons constater comment les institutions sociales, les services et les relations ont été complètement détruits, ce qu’un État capitaliste ne peut offrir. C’est là que les néofascistes ont pris le relais. L’hégémonie de la droite en Allemagne de l’Est s’appuie de plus en plus sur une société civile de droite, une « nouvelle » base de masse des conservateurs de droite et des néofascistes. Elle trouve son origine dans les vides occupés par les néofascistes à partir de 1990. Ceux-ci profitent encore aujourd’hui du manque de perspectives sociales dans les villes et les campagnes. Les néofascistes mènent une agitation ciblée dans les associations et les lieux de vie sociale. Aujourd’hui encore, les néofascistes de l’ouest de la République s’installent principalement dans les régions rurales de l’Allemagne de l’Est. Ce que l’on qualifie souvent de « normalisation » doit être considéré à juste titre comme un détournement délibéré du regard et une tolérance de la part des responsables politiques. De nombreux projets antifascistes ont échoué dans ce domaine et se sont détournés de ces problèmes dans leur propre sous-culture.

Dans ce qui suit, nous voulons comprendre plus précisément le rôle que le néofascisme a joué pour la classe dirigeante dans l’Allemagne des années 1990.

Le rôle du néofascisme dans le processus d’annexion

Quel intérêt le capital ouest-allemand avait-il à voir le néofascisme se répandre avec une telle violence ? Quelle fonction les groupes et réseaux d’extrême droite remplissaient-ils pour la RFA ?

Le chercheur marxiste Reinhard Opitz, spécialiste du fascisme, a étudié le fascisme à la fois comme forme de domination et comme mouvement, et en a tiré des conclusions précieuses pour la lutte contre le néofascisme. Il a ainsi mis en évidence différentes fonctions que remplit le néofascisme en tant que mouvement politique.

Modèle pour une politique gouvernementale réactionnaire

Opitz cite par exemple la « fonction d’alibi pour une politique gouvernementale réactionnaire ». Le gouvernement peut se référer au mouvement néofasciste pour justifier ensuite des mesures réactionnaires plus sévères. Cette fonction est particulièrement évidente dans le compromis sur l’asile de 1993. [115] On a laissé les fascistes excités et leurs partisans se livrer à des actes de vandalisme à Hoyerswerda et Rostock sans intervenir. Il a ensuite fallu trouver une « solution » au soi-disant problème de l’asile : le droit d’asile a été considérablement restreint.

Réorientation à long terme

Au cours de l’annexion de la RDA, les cercles et les acteurs de la nouvelle droite ont réussi à s’infiltrer profondément dans la CDU et le FDP, mais aussi dans le SPD, comme le prouvent de nombreuses interviews de politiciens de la CDU publiées dans le magazine Junge Freiheit, ainsi que la « commission d’enquête » sur le traitement de la RDA et la « Bund der Selbständigen » (Union des indépendants), où, outre des politiciens du SPD, CDU/CSU et du FDP, mais aussi des idéologues de la nouvelle droite.[116] Un objectif important de la nouvelle droite était la réorientation idéologique à long terme de la scène politique. Surtout les intellectuels et les milieux conservateurs. Ils ne misent donc pas sur les jeunes fans de football et les skinheads violents, mais plutôt sur les étudiants, les intellectuels et les élites.

À cette époque de renforcement considérable de l’impérialisme allemand, la nouvelle droite, en mettant davantage l’accent sur la culture nationale, la patrie et la souveraineté, est non seulement devenue plus accessible, mais aussi de plus en plus intéressante en tant que source d’inspiration et précurseur de la politique fédérale allemande. L’Union populaire allemande, qui n’a cessé de développer ses structures en Allemagne de l’Est dans les années 1990, a remporté un grand succès lors des élections régionales de 1998 en Saxe-Anhalt. L’idéologue de la nouvelle droite Karlheinz Weitzmann a salué la démagogie du parti : « Les observateurs attentifs ont rapidement constaté à quel point les revendications de ses partisans rejoignent celles de l’extrême gauche, et à quel point leur attachement aux positions de droite, dans la mesure où celles-ci peuvent être comprises au sens large comme bourgeoises et englobant des idées traditionnellement conservatrices ou libérales, est faible. » [117]

Avec 12,9 % des voix, le parti a obtenu le meilleur résultat d’un parti néofasciste dans l’histoire de l’Allemagne d’après-guerre. Lors des élections de 1999 dans le Brandebourg, la DVU a de nouveau réussi à entrer au Landtag avec 5,3 % des voix. [118] Non seulement le parti a pu capter et rediriger de nombreux potentiels de protestation, mais il a également réussi à continuer de courtiser la CDU et la CSU et à donner des impulsions à la politique fédérale allemande. Les Républicains ont soutenu le succès en Allemagne de l’Est. Beaucoup de leurs dirigeants politiques ont renforcé les rangs de l’Union populaire allemande et soutenu la campagne électorale. [119]

Terreur et intimidation

Outre les pogroms mentionnés à Rostock et Hoyerswerda et les 30 agressions du 2 octobre 1990, la « fonction d’intimidation terroriste et d’aide à la police » s’est manifestée dans de nombreuses autres agressions et intimidations contre des antifascistes, des opposants à la guerre et des migrants. C’est ici que le terme « années des battes de baseball » prend tout son sens. Les auteurs étaient souvent des skinheads et des jeunes néofascistes qui, bien que n’adhérant guère à la politique du parti DVU ou aux discours de la nouvelle droite, n’hésitaient pas à utiliser leur matériel de propagande et leurs arguments. Le recul de la police face aux pogroms de Rostock et Hoyerswerda est symptomatique de la carte blanche accordée à ce mouvement néofasciste violent dans « l’Est sauvage ». Pas étonnant : en avril 1992, 20 % des policiers ont déclaré sympathiser avec les néofascistes du parti Die Republikaner. [120] Le ministre-président de Saxe Kurt Biedenkopf, originaire d’Allemagne de l’Ouest, a diagnostiqué au début des années 2000 une « immunité contre l’extrémisme de droite »[121] chez les Saxons. Ce qui semble complètement irréaliste au vu de la violence ouverte n’était pas une erreur : Biedenkopf a répété cette déclaration en 2017. Le déni et la diversion des cercles dirigeants de la CDU ont donné au mouvement néofasciste exactement le soutien dont il avait besoin. Cela vaut pour la jeune RFA, pour l’annexion de la RDA – et cela vaut encore aujourd’hui.

De l’amitié entre les peuples à la xénophobie

Nous avons pu entre-temps déterminer les fonctions remplies par le néofascisme. Penchons-nous à présent plus concrètement sur la propagation des attitudes xénophobes qui prévalent encore aujourd’hui.

La xénophobie en RDA

Pendant l’existence de la RDA, 40 attaques contre des logements de travailleurs immigrés ont été enregistrées, la quasi-totalité d’entre elles ayant eu lieu après 1975. [122] En septembre 1987, par exemple, la division principale XVIII du MfS a enquêté sur des agressions xénophobes contre des Mozambicains et a constaté « que ce groupe d’étrangers était victime de provocations de la part de citoyens est-allemands, principalement des jeunes, qui avaient une attitude négative, ce qui conduisait à des affrontements violents. De telles provocations et des slogans incendiaires ont été signalés dans la région de Dresde, ainsi qu’à l’encontre de travailleurs à la peau foncée originaires de la République populaire d’Angola et de la République de Cuba. On observe ici une tendance des organes judiciaires (ministère public) à prendre des mesures unilatérales à l’encontre des travailleurs étrangers »[123]. La division principale XVIII a réagi aux tendances xénophobes chez les jeunes : « Les événements actuels liés aux travailleurs mozambicains montrent la nécessité d’activer le travail politique de masse auprès de certaines parties de la population afin de lutter efficacement contre les prémices d’une xénophobie potentielle ». [124] La Stasi a non seulement identifié des problèmes chez les jeunes, mais aussi dans les institutions de la RDA, et a développé des concepts pour lutter contre ces tendances.

L’internationalisme prolétarien, la politique d’amitié entre les peuples et la politique de la RDA en matière de travailleurs contractuels, en tant que contre-projet à l’incitation à la haine raciale, constituaient la base de l’antiracisme de la RDA. Avec l’arrivée des travailleurs contractuels, celui-ci a été en quelque sorte mis à l’épreuve dans la vie quotidienne de la population. Cela a donné lieu aux problèmes mentionnés, mais aussi à une multitude de liens d’amitié et de regroupements solidaires au sein des collectifs d’entreprise et en dehors.

La politique migratoire de la tête aux pieds

Au milieu de la période d’effondrement, les promesses capitalistes diffusées à la radio et à la télévision se sont rapidement révélées être du vent. La majorité de la société est-allemande et même une partie du mouvement citoyen l’avaient déjà compris avant l’annexion de la RDA le 3 octobre 1990. La majorité ne voulait ni la « réunification » ni la dissolution de la propriété publique. [125] Compte tenu des développements dramatiques sous la Treuhand, il n’est guère surprenant que des recherches récentes supposent un traumatisme massif et durable de la société est-allemande.[126] En 1990 encore, 50 % de la société est-allemande rejetait le système de la RFA dans son ensemble et 22 % rejetait sa politique. [127]

Le fait que les migrants soient exploités politiquement et économiquement pour créer une pression concurrentielle et salariale et pour légitimer les divisions et les coupes sociales était un phénomène nouveau pour la société de l’Est annexé. Les travailleurs contractuels qui étaient venus en RDA n’étaient pas utilisés pour disputer des emplois ou créer des tensions sociales. Ils étaient invités et formés dans le cadre de contrats équitables avec d’autres États afin d’apporter leur « savoir-faire » dans leurs pays, qui avaient souvent été délibérément sous-développés par la guerre et le colonialisme. La propagande contre les migrants n’était pas seulement poursuivie politiquement – il aurait également été impensable que les partis et les médias de la RDA incitent à mener de véritables campagnes contre les migrants. Au début des années 90, des milliers d’anciens travailleurs contractuels ont perdu leur droit au travail et à un logement. Beaucoup ont dû attendre des années pour obtenir un permis de travail, tandis qu’ils étaient expulsés de leur logement.

Les travailleurs étrangers de la RDA étaient dans le pays pour être formés et soutenir plus tard leur pays d’origine, et non pour le priver, comme c’est le cas aujourd’hui, de main-d’œuvre qualifiée que l’on exploite ici à bas prix. L’objectif de cette politique n’était donc pas de les intégrer à long terme dans la société est-allemande. Les contacts et les relations actives avec les travailleurs étrangers étaient néanmoins encouragés dans les collectifs d’entreprise et pendant les loisirs.

Diviser et monter la population

Il fallait recourir à un moyen éprouvé : attiser les peurs et susciter la xénophobie là où la conscience de classe pouvait naître ou était encore présente. La CDU/CSU et le FDP, suivis avec un peu de retard par le SPD, ont lancé une vaste campagne anti-asile. Les mouvements migratoires importants de 1990 ont donc bien arrangé les dirigeants. Jusqu’en 1992, le nombre de nouveaux migrants est passé de 50 000 à 440 000. La plupart fuyaient les guerres en Yougoslavie, activement attisées par la RFA, les États-Unis et l’OTAN. Des conflits frontaliers faisaient rage entre l’Éthiopie et l’Érythrée, ainsi qu’entre le Mali et le Burkina Faso. Pendant ce temps, des guerres civiles faisaient rage au Burundi, en République du Congo, au Sénégal et au Zimbabwe. Là encore, l’Occident, soucieux de l’accès aux matières premières, s’est activement impliqué. [128]

Dans le cadre de la campagne anti-asile lancée en 1990 par tous les grands partis du Bundestag et la plupart des médias, les citoyens ont été rapidement et radicalement alignés sur la nouvelle situation, l’état normal raciste. Une sélection de titres du journal BILD illustre bien l’ampleur du phénomène : « La marée monte – quand le bateau coulera-t-il ? » « Presque un nouveau demandeur d’asile chaque minute ». « Des demandeurs d’asile désormais dans les cours d’école – nouvelle vague ! Et 40 000 autres arriveront d’ici Noël ». « Logements réquisitionnés. Les familles doivent accueillir des demandeurs d’asile ». [129] Pendant ce temps, les politiciens de la CDU diffusaient des questions types aux communes de l’Est et de l’Ouest : « Les demandeurs d’asile ont-ils été hébergés dans des hôtels ou des pensions ? Pendant combien de temps ? À quel coût ? ».[130] Le président du groupe parlementaire SPD en a conclu que les étrangers détérioraient les conditions de vie des citoyens allemands. [131] Alors qu’Edmund Stoiber (CSU) parlait d’un « métissage de la société », le SPD propageait l’idée d’une « paupérisation des grandes villes » due aux étrangers.[132] Avec de tels titres et campagnes politiques, on a poussé une partie de la population dans les bras du mouvement néofasciste. Pour beaucoup, la nouvelle concurrence capitaliste ne devait donc pas apparaître comme un conflit de classes, mais comme un conflit de répartition avec leurs propres frères et sœurs de classe.

Cette idéologie était particulièrement importante pour la classe ouvrière est-allemande, qui se retrouvait dans la République fédérale sans aucune aide sociale-démocrate, expropriée, privée de ses droits et désorganisée.

Le démantèlement de l’antifascisme

Retour à l’ancienne puissance

Afin de pouvoir intervenir à nouveau dans la « restructuration de l’Europe de l’Est » en tant que « force d’ordre » à partir des années 1990, le flirt des élites politiques et économiques avec des éléments de l’idéologie et de l’histoire fascistes correspondait à deux égards aux intérêts du capital monopolistique allemand. D’une part, cela offrait au mouvement néofasciste de la RDA annexée exactement le soutien dont il avait besoin pour diviser certaines parties de la société y soumise. D’autre part, cette évolution nationaliste devait servir à éliminer tout antifascisme et antimilitarisme dans l’ensemble de la société afin de légitimer de nouveaux projets de grande puissance allemande et de nouvelles guerres.

À cette époque, l’idéologie totalitaire a favorisé d’autant plus la diabolisation du communisme. Elle a servi à embellir le fascisme tout en dévalorisant le socialisme. L’antifascisme a été bourgeoisé et instrumentalisé contre le communisme.

Le néofascisme de l’après-guerre nous avait déjà permis de constater que les néofascistes avaient toujours été intégrés dans une certaine mesure à l’État et à la politique. En 1990, la Nouvelle Droite avait trouvé un moment historique propice pour contribuer à façonner, attiser et diffuser les discours anticommunistes. Cette nouvelle petite marche à travers les institutions a été accueillie favorablement. Il n’est donc pas surprenant que la Nouvelle Droite ait qualifié la « réunification » de renaissance. À cette époque, les représentants de la Nouvelle Droite ont pu créer de nombreux groupes et initiatives non partisans, grâce auxquels ils ont exercé une influence directe sur les jeunes des partis et les députés du Bundestag. [133]

Néo-fascisme et travail de mémoire sur la RDA

Le magazine Junge Freiheit, puis l’Institut für Staatspolitik (Institut de politique d’État) et sa maison d’édition Antaios Verlag ont reconnu le grand potentiel de réhabilitation de l’idéologie fasciste dans le contexte du travail de mémoire sur la RDA. Les auteurs de Junge Freiheit ont participé de manière intensive et nombreuse aux travaux d’associations telles que l’Union des associations de victimes de la violence communiste (Union der Opferverbände Kommunistischer Gewalt) et l’Union des persécutés staliniens (Bund der Stalinistisch Verfolgten). Dans l’organe le plus important de ces associations, le « Stacheldraht », des dizaines d’auteurs issus des rangs de l’hebdomadaire Junge Freiheit ont publié leurs articles.[134] Des auteurs de la Junge Freiheit tels que Werner H. Krause ont gravi les échelons jusqu’à la direction des associations.[135]

L’anticommunisme comme pivot

Ces recoupements ne sont guère surprenants. Non seulement ces associations étaient unies dans leur anticommunisme radical et leur rejet de tout antifascisme, mais l’Union des victimes de la violence communiste et l’Association des victimes du stalinisme ont toutes deux une longue histoire. Dès les années 1950, des membres de la SS et du NSDAP se sont rassemblés dans les rangs de ces associations. [136] Avec la chute de la RDA, ils ont tenté à nouveau de se rallier à la politique établie et d’exercer une influence sur celle-ci. Des membres tels que Hugo Diederich ont réussi dans cette entreprise : l’auteur de Junge Freiheit est devenu membre du conseil de télévision de la ZDF.[137] Des hommes de cette envergure étaient les porte-parole idéaux pour diaboliser la RDA et son antifascisme. En outre, on s’est efforcé de réhabiliter les criminels fascistes, que l’on pouvait désormais présenter comme des victimes du communisme et blanchir. Ainsi, le Waldheim-Kameradschaftskreis (cercle des camarades de Waldheim) a organisé des hommages aux médecins pratiquant l’euthanasie qui avaient été condamnés à mort en RDA. Ils ont soigneusement embelli les biographies des criminels fascistes.[138]

Après l’annexion de la RDA, il ne fallut pas longtemps pour que l’un des rédacteurs en chef des « associations de victimes », Sigurd Binski, annonce que le « pourcentage de victimes » parmi les morts des « camps de concentration soviétiques de Sachsenhausen et Buchenwald » était plus élevé que dans les camps de concentration jusqu’en 1945. [139] À la même époque, la bibliothèque commémorative pour les victimes du stalinisme, financée par l’État, a vu le jour. Son programme éditorial comprenait des négationnistes de l’Holocauste, des néofascistes et des néo-conservateurs tels que David Irving, Germar Rudolf, Horst Mahler, Gustav Sichelschmidt et Franz Schönhuber.[140]

Un autre cas notable est celui d’Herbert Kühn. Dans le cadre des événements du 17 juin 1953, il a placé plusieurs engins explosifs dans des bâtiments gouvernementaux, dont un seul a heureusement explosé. Plus tard, en avril 1961, il a tagué « Liberté pour Eichmann » sur le ministère des Affaires étrangères à Bonn et, deux ans plus tard, il a participé à des attentats terroristes d’extrême droite en Italie. En 1994, ce terroriste d’extrême droite dirigeait un groupe régional de l’Association des victimes du stalinisme et organisait des « programmes de témoignages » dans les universités ouest-allemandes. En 2015 encore, Kühn était invité à donner une conférence à l’université de la Ruhr à Bochum sur « la révolution pacifique et les victimes de la dictature du SED ».[141]

La lutte pour la culture

Après 1990, les vestiges de l’antifascisme marquaient encore les villes et les villages de l’Est. Le pays avait certes pu être annexé en peu de temps, mais la lutte pour gagner les esprits battait encore son plein. Les monuments, les bâtiments et les institutions de la RDA constituaient un facteur perturbateur pour l’historiographie et la culture mémorielle des nouveaux dirigeants.

Partout sur le territoire de la RDA, les monuments dédiés aux communistes et aux antifascistes ont donc été supprimés.[142] Les protestations visant à empêcher la démolition des monuments étaient très répandues, mais elles n’ont que rarement abouti. Après 1990, tant de rues, places, ponts, entreprises, clubs et écoles ont été rebaptisés que de nombreuses communes ont dû publier de nouveaux plans de ville. Ces changements de nom ont fait disparaître la mémoire de dizaines de résistants antifascistes.[143] Des musées entiers et des petits mémoriaux de camps de concentration ont dû fermer. Les expositions ont été retirées et les bâtiments ont été abandonnés. Plus rien ne devait rappeler leur existence.

Dans l’une de ses réflexions sur l’annexion de la RDA, l’écrivaine Daniela Dahn cite un exemple emblématique de cette cure radicale : « Les maires est-allemands des quartiers berlinois de Prenzlauer Berg, Mitte et Friedrichshain ont refusé d’accepter les changements de nom de Clara Zetkin, Arthur Becker, Hans Beimler et Georgi Dimitroff. Finalement, (le sénateur) Haase a imposé son point de vue en déclarant que la conscience historique des habitants des quartiers est était trop influencée par la politique du parti de la RDA et qu’ils n’étaient pas en mesure de porter un jugement. C’est pourquoi les demandes de consultation des citoyens et des habitants ont été catégoriquement rejetées par les sénateurs de Berlin-Ouest. La mise sous tutelle n’aurait pas pu être plus parfaite. Incapables de porter un jugement, ceux qui protestaient encore se dévoilaient comme des vestiges du passé. »[144]

Albert Norden, fils de rabbin et membre du Politburo, ne fut pas pardonné d’avoir publié le Livre brun sur les nazis et les criminels de guerre en RFA. Son nom devait également disparaître du paysage urbain de Berlin-Est. Ce projet suscita notamment la protestation des membres du conseil d’administration de l’association culturelle juive de Berlin, qui s’opposèrent à la suppression des noms juifs. Günter Nobel, membre du conseil d’administration, résume de manière très pertinente l’impact politique de ces agissements dans une plainte adressée aux conseillers municipaux de Marzahn : « Ne comprenez-vous vraiment pas qu’à une époque où le racisme et l’antisémitisme sont en hausse, de telles décisions peuvent encourager les tendances néofascistes ? »[145]

Le changement de nom d’une rue qui portait le nom du résistant Bruno Baum a également suscité des protestations. « Il ne sait manifestement pas que Bruno Baum était l’un des leaders de la résistance internationale dans les camps d’extermination d’Auschwitz et de Mauthausen. Qui oserait aujourd’hui insulter de telles personnes ? », déclare Günther Nobel. [146]

Cette politique de démolition et de démantèlement ne concernait pas seulement les places et les rues. Il s’agissait de faire disparaître tout vestige de l’antifascisme marxiste.

Mémoriaux et lieux de mémoire nationaux : une culture du souvenir sans antifascisme

Nous renvoyons ici à la transformation des mémoriaux de Buchenwald, Ravensbrück et Sachsenhausen. Ils comptaient parmi les mémoriaux antifascistes les plus importants. Leur exemple montre de manière exemplaire et impressionnante comment les néofascistes et la politique gouvernementale ont uni leurs forces pour effacer l’antifascisme de l’histoire et de la mémoire.

Le révisionnisme historique de la RFA a touché ici des points particulièrement sensibles de la culture mémorielle progressiste de la RDA. Les anciens camps de concentration étaient des lieux de mémoire nationaux que presque tous les citoyens de la RDA connaissaient et avaient visités (principalement dans le cadre de la Jugendweihe, cérémonie marquant le passage à l’âge adulte). Les expositions du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück ont été supprimées, tout comme celles de Buchenwald et de Sachsenhausen. [147] Les priorités en matière de politique mémorielle ne cadraient pas avec l’image véhiculée. Elles montraient les souffrances des victimes en relation avec les auteurs fascistes et les entreprises qui tiraient profit des prisonniers travaillant jusqu’à la mort.[148] Les riches recherches menées par les lieux de mémoire étaient désormais gérées par un État qui, jusqu’en 1995, ne menait même pas ses propres recherches sur les camps de concentration. [149] L’argent qui était désormais investi pour corriger en profondeur cette vision de l’histoire profita pour la première fois depuis 1945 au mémorial du camp de concentration de Dachau, qui avait résisté pendant des années aux demandes de fermeture de la CSU.[150]

Avec le temps, une résistance s’est également manifestée ici. Par exemple lors de la cérémonie d’adieu à Günter Morsch, directeur de longue date du mémorial du camp de concentration de Sachsenhausen. Lui-même et son collègue historien Volkhard Knigge, directeur à Buchenwald, ont vivement dénoncé les ingérences de l’État dans leur travail. On leur avait imposé des directeurs généraux étroitement liés à la politique. On souhaitait une perspective axée sur les victimes, avec peu de liens avec l’élite nazie, car cela aurait pu susciter un nouveau débat sur la continuité du personnel en RFA. [151]

Les camps spéciaux de l’Armée rouge et des services secrets soviétiques après 1945 sont devenus une nouvelle priorité. L’utilisation d’anciens camps de concentration pour l’internement de nazis fortement compromis avait déjà été décidée lors des conférences des quatre Alliés de la coalition anti-hitlérienne à Téhéran en 1943, puis à nouveau à Yalta en 1945. Les détentions n’étaient pas le fruit de l’arbitraire des services secrets soviétiques, mais reposaient sur des listes de fonctionnaires établies depuis octobre 1944 par le haut commandement anglo-américain. Après la fin de la guerre, les Américains remplirent 15 anciens camps de concentration, les Britanniques, les Français et les Soviétiques 10 chacun. [152]

Dans une brochure publiée en 1952, les groupes de lutte contre l’inhumanité qualifiaient ces camps spéciaux de « camps de concentration soviétiques sur le sol allemand ». Une opinion qui allait se répandre largement en République fédérale.[153] L’assimilation et la prétendue continuité font aujourd’hui partie des convenances dans la culture mémorielle allemande. La caractérisation de « camps de concentration soviétiques » a jusqu’à présent été largement promue par les éditeurs du mouvement néofasciste. Dans les années 1990, des politiciens fédéraux, tels que l’ancien président fédéral Joachim Gauck et de nombreux historiens, se sont également ralliés à cette interprétation. Gauck a qualifié le camp spécial de « camp de concentration sur le modèle des camps de la mort et d’extermination staliniens » .[154]

Certains activistes néofascistes et leurs partisans anticommunistes n’ont pas attendu les décisions des autorités compétentes et se sont rendus eux-mêmes en pèlerinage aux mémoriaux des camps de concentration de Buchenwald et de Sachsenhausen pour y ériger des croix et des monuments funéraires. Ceux-ci étaient dédiés aux « victimes de l’arbitraire stalinien ». Logiquement, ces monuments rendaient également hommage à des personnes qui avaient manifestement participé aux crimes des fascistes allemands.[155] À partir de 1990, le camp de concentration de Sachsenhausen est devenu un véritable lieu de pèlerinage pour les néofascistes. « Honneur et gloire aux héros allemands », pouvait-on lire sur une pancarte érigée par les fascistes. [156]

La nouvelle orientation des mémoriaux vers les camps spéciaux soviétiques rendit un grand service à ces forces. On assista ici à l’imposition manifeste de l’assimilation, véhiculée par les médias de droite et néofascistes, qui s’acharnait sur les « atrocités commises par les communistes ». [157] Les survivants des camps de concentration et de nombreux antifascistes se sont élevés contre cette réinterprétation révisionniste de l’histoire. Les survivants ont insisté sur le fait que les camps de concentration avaient été des lieux de souffrance et de lutte, et que les mémoriaux antifascistes érigés à leur place ne devaient donc pas être simplement transformés en mémoriaux anticommunistes. [158] La protestation a été rejetée par les médias Springer, qui l’ont qualifiée de manœuvre des idéologues communistes.[159]

Des voix se sont élevées pour réclamer une indemnisation financière des détenus des camps spéciaux, d’un montant équivalent à celui des détenus des camps de concentration. Après tout, les victimes du communisme auraient souffert au moins autant que les victimes du fascisme. [160] À cette époque, les membres de la SS originaires des pays baltes percevaient déjà des pensions de la RFA, car ils avaient servi l’Allemagne jusqu’en 1945 et avaient ensuite été persécutés pour des raisons politiques.[161] La commission d’historiens nouvellement créée à Buchenwald a reconnu le statut de victimes aux anciens membres de la SS et soldats de la Wehrmacht, tout en s’intéressant à la culture mémorielle de la RDA. Trois expositions ont ainsi vu le jour, consacrées respectivement aux camps de concentration fascistes, aux camps spéciaux de l’Union soviétique et au mémorial national de la RDA. Certaines anciennes gardiennes de camps de concentration, comme Hertha Pakozdi (gardienne à Ravensbrück et Majdanek), ont ainsi été indemnisées en tant que victimes du stalinisme. [162]

Les crimes qui ont réellement été commis dans ce lieu et sous le fascisme, ainsi que les circonstances qui les ont rendus possibles, ont été autant que possible mélangés à des récits sur le totalitarisme et à des diatribes contre la RDA. Le travail forcé pour le capital monopolistique allemand ou les camps spéciaux dans le cadre d’une dénazification systématique – dans le meilleur des cas, personne ne devait plus en savoir quoi que ce soit.

Cette campagne de politique mémorielle révèle d’anciennes continuités. Aucun anticommunisme ne pouvait être assez agressif lorsqu’il s’agissait de réhabiliter le fascisme dans l’est de l’Allemagne. Du groupe de combat contre l’inhumanité à Joachim Gauck, des groupes de pèlerins fascistes à la nouvelle direction du mémorial, tous étaient unis dans un anticommunisme plus ou moins fanatique.

Révision de l’histoire de la RDA : une histoire sans antifascisme

Réécrire l’histoire

Comme nous l’avons vu, il était très important pour les nouveaux dirigeants de s’arroger le droit d’interpréter l’histoire. À l’avenir, la « commission d’enquête sur la révision politique des 40 années d’histoire de la RDA » s’est chargée de redéfinir l’image de l’histoire.

Derrière ce titre pompeux se cachait une instance créée par le Bundestag, dans laquelle travaillaient des politiciens de tous les partis ainsi que des collaborateurs et des conseillers issus de différents domaines. Cette commission d’enquête était la première du genre à se consacrer à l’écriture de l’histoire. Auparavant, les commissions traitaient exclusivement de problèmes contemporains tels que le sida, les inondations, l’énergie nucléaire et autres sujets similaires. Il s’agissait désormais de réécrire l’histoire de « l’ancien ennemi ». Il n’y a d’ailleurs jamais eu de commission d’enquête sur le fascisme. Pour ce nouveau projet, il a fallu nécessairement renoncer au droit fondamental à la liberté scientifique.[163]

Le politicien CDU et anticommuniste radical Rainer Eppelmann a été choisi pour diriger la commission. [164] Eppelmann a non seulement polarisé l’opinion publique en déclarant la guerre à la RDA et à son antifascisme, mais il a également invité avec enthousiasme des acteurs de la nouvelle droite à rejoindre sa commission. Par exemple, le professeur de sciences politiques Klaus Hornung, qui était membre d’organisations telles que la « Konservative Aktion » (Action conservatrice) et le « Studienzentrum Weikersheim » (Centre d’études de Weikersheim), un groupe de réflexion de la nouvelle droite. Ou encore Eckhard Jesse, qui s’est longtemps consacré à mettre en avant « les aspects modernes et progressistes du Troisième Reich ».[165]

La commission a travaillé jusqu’en 1998 sur ce qui figure aujourd’hui dans de nombreux manuels scolaires : la RDA comme deuxième dictature allemande, comparée et souvent assimilée à l’Allemagne fasciste.

La mise en œuvre de cette nouvelle vision de l’histoire n’a été possible qu’au prix d’une vaste vague de purges dans les universités et autres institutions académiques. Ces purges visaient principalement les historiens et les enseignants marxistes qui s’opposaient à l’historiographie imposée. Il s’agissait d’établir un nouveau récit qui marginalisait la RDA et son antifascisme, tout en renforçant les discours néo-conservateurs et anticommunistes de la République fédérale. Les historiens qui s’opposaient à ces interprétations ont été soit démis de leurs fonctions, soit discrédités dans leur travail scientifique.

Purges des chaires

Les purges dans les sciences sociales et humaines ont dépassé celles de la RFA après 1945 et même la vague de purges qui a suivi la prise du pouvoir par le fascisme hitlérien en 1933. Plus des trois quarts du corps enseignant et du personnel ont dû partir. [166] Wilhelm Krelle fut nommé responsable des purges des scientifiques marxistes à l’université Humboldt de Berlin. Il dirigea dès lors une commission chargée d’examiner tous les employés afin de déterminer leur proximité avec la RDA. Pendant la guerre fasciste, Krelle appartenait à la 164e division d’infanterie du XXXe corps d’armée, qui a participé à des crimes de guerre tels que des massacres en Grèce.[167] En tant que SS-Sturmbannführer, il est devenu le premier officier d’état-major général d’une division blindée SS. [168] Dans le cadre de ses fonctions à l’université Humboldt, il fit licencier 170 enseignants parce qu’ils « ne s’étaient pas soustraits au système de la RDA ».[169] Ces vagues de licenciements suscitèrent les protestations de nombreux étudiants. Dans le cas de l’université Humboldt, où la participation égalitaire des étudiants dans tous les comités n’avait pas encore été supprimée, les étudiants organisèrent des manifestations de protestation.[170] Leur protestation antifasciste visait les licenciements et Wilhelm Krelle. L’officier général SS resta toutefois fidèle à son principe : « Aucun marxiste ne franchira jamais le seuil de cette maison tant que j’en serai responsable. »[171]

Une partie des nombreux scientifiques est-allemands licenciés ne se laissa toutefois pas abattre et développa sa propre culture scientifique, peu remarquée, et s’organisa en associations, petites maisons d’édition et journaux. Même ceux qui menaient des recherches sur le fascisme et la guerre d’extermination en RDA tentèrent dès lors de poursuivre un discours scientifique antifasciste.[172]

Alors que ces développements établissaient des faits clairs, Rainer Eppelmann, président de la commission d’enquête, révéla ce dont il s’agissait réellement dans ce travail de mémoire. Lors de la 30e réunion de la commission en mars 1993, il affirma : « Même après la chute du mur, des représentants très respectables du mouvement citoyen qui avaient contraint les dictateurs du SED à démissionner ont invoqué l’antifascisme comme le cœur du passé de la RDA, qu’il fallait préserver à travers tous les bouleversements. Ces personnes n’avaient pas encore pris conscience de la manière dont les dirigeants du SED avaient utilisé et abusé de l’idéal de l’antifascisme comme alibi pour leur propre régime autoritaire. »[173]

Il fallait maintenant aider ces personnes à comprendre : plus jamais d’antifascisme, tel était le mot d’ordre du moment. Non seulement dans les lieux de mémoire, mais aussi dans les universités et dans la recherche, tous pouvaient agir de concert : les politiciens des partis représentés au Bundestag, les idéologues de la nouvelle droite et les anciens meurtriers SS – unis dans l’anticommunisme. L’arsenal idéologique accumulé pendant la guerre froide contre la RDA pouvait désormais être pleinement utilisé.

Perspectives : s’enraciner et se développer

Formation et éducation

Partout dans l’est de l’Allemagne, des groupes avaient vu le jour grâce au vaste réseau de Kühnens et à ses scissions. Au fil du temps, ces structures sont devenues de plus en plus indépendantes de la scène néonazie ouest-allemande. Les services secrets allemands Verfassungsschutz ont continué à soutenir activement ces groupes : ils ont dissimulé, détourné le regard et financé partout où cela était possible. La preuve la plus terrible en est le réseau NSU. Le NSU est issu de la scène néonazie saxonne et thuringienne et pouvait compter sur des contacts dans toute l’Allemagne. De nombreux informateurs ont été impliqués dans les assassinats du NSU. [174]

Tout comme les partis néofascistes, les jeunes groupes néonazis avaient de grandes tâches à accomplir. Le juriste nazi Jürgen Rieger constate : « Si nous avions suffisamment de sous-officiers, nous pourrions faire défiler des dizaines de milliers de personnes. »[175] Une opinion partagée par de nombreux cadres fascistes. De nouveaux centres de formation et d’éducation ont vu le jour en Allemagne de l’Est pour former les cadres. Dans le cadre de diverses initiatives, de vastes réseaux ont été mis en place entre les Républicains et l’Union populaire allemande, jusqu’aux camaraderies et au Parti libre des travailleurs (FAP).[176]

DVU : un succès fragile

Dès 1989/90, l’Union populaire allemande a créé ses premières sections locales à l’Est. Pendant ce temps, le président et multimillionnaire bavarois Gerhard Frey parcourait l’ancienne République et donnait des dizaines de conférences.[177]

En 1998, l’Union populaire allemande (DVU) a fait son entrée au Landtag de Saxe-Anhalt avec 12,9 % des voix. Ses relations étroites avec les Républicains, qui l’ont soutenue pendant la campagne électorale, y ont également contribué. Le parti a surtout séduit les jeunes électeurs issus de la classe ouvrière et a misé sur une image de parti protestataire avec le slogan : « Voter la protestation – voter allemand ». Les succès remportés en Saxe-Anhalt, puis peu après dans le Brandebourg (5,3 %), ont permis d’inverser temporairement la tendance à la baisse du nombre d’adhérents.[178] Au fil des ans, le parti a péniblement réussi à atteindre le nombre de 4 000 adhérents en Allemagne de l’Est. Ceux-ci étaient toutefois peu actifs ou peu formés. [179] Il n’est donc pas surprenant que le groupe parlementaire régional en Saxe-Anhalt se soit désagrégé avant même la fin de la législature.[180] Les membres des premiers groupes parlementaires en Allemagne de l’Ouest étaient déjà largement inactifs, incompétents et divisés.[181]

Cela montre les problèmes qui, malgré les succès électoraux en Allemagne de l’Est, devaient conduire au déclin de l’Union populaire allemande. Au fil des ans, le parti s’était fortement endetté auprès de son président Frey. Ce dernier n’autorisait aucune discussion ni débat au sein du parti, ce qui empêchait toute vie politique réelle de s’épanouir. À l’exception des réunions régulières du parti, les membres, peu formés, ne menaient pratiquement aucune activité en dehors de la campagne électorale. Frey compensait ces lacunes par des dépenses considérables en tracts et affiches électorales. À partir de 2004 au plus tard, le parti se trouvait dans une crise profonde qui l’a conduit six ans plus tard à fusionner avec le NPD.[182]

Les Républicains en déclin

La crise au sein des Républicains présentait des caractéristiques similaires. Les grands succès électoraux remportés lors des élections au Sénat de Berlin et des élections européennes de 1989, où le parti avait obtenu plus de 7 % des voix, ont donné lieu à des luttes de pouvoir et à des conflits d’orientation. Là aussi, la contestation s’est déchaînée contre le « style de direction dictatorial » du président Schönhuber, qui éloignait le parti de son profil conservateur proche de la CDU. [183] Alors que les Républicains en Allemagne de l’Ouest parvenaient de plus en plus à intégrer des policiers, des soldats de la Bundeswehr et des universitaires dans leurs rangs, le parti échouait à l’Est. Les Républicains ouest-allemands se rendaient certes régulièrement dans les villes est-allemandes pour y faire campagne lors des manifestations du lundi, mais les quelques responsables recrutés se révélèrent inexpérimentés, mal formés et parfois trop ouvertement néofascistes. La campagne anti-asile massive qui a suivi devait donner un dernier petit coup de pouce au parti. Le nombre de membres des Républicains en Allemagne de l’Est est ainsi passé à 3 000 en 1992. [184]

Franz Schönhuber et ses Républicains réussirent à cette époque à s’infiltrer avec succès dans les cercles bourgeois-libéraux. Afin de réfuter l’accusation d’extrémisme de droite portée contre les Républicains, Schönhuber accorda généralement une grande importance, pendant son mandat de président du parti, à la distinction entre le DVU et le NPD. [185] L’objectif de créer une « alternative sérieuse et démocratique aux partis situés à droite de l’Union »[186] a toutefois souffert de la pression exercée par l’aile ouvertement d’extrême droite du parti. Ces différends programmatiques ont conduit les Républicains à sombrer davantage dans l’insignifiance politique.[187]

Mais pas de crise pour les néofascistes

Le déclin de ces deux partis n’a toutefois pas freiné le développement du mouvement néofasciste. Le NPD a pu profiter de l’absence de concurrence et regrouper les potentiels existants. En 2004, le parti a obtenu 9,2 % des voix aux élections régionales en Saxe et 7,3 % deux ans plus tard en Mecklembourg-Poméranie occidentale. Nous parlons ici de 190 909 voix (Saxe) et de 59 845 voix (Mecklembourg-Poméranie occidentale). Lors des campagnes électorales, il s’est principalement présenté comme un parti protestataire de droite. Dans son sillage, les groupes de jeunes néofascistes ont continué à se développer. En 2000, l’Allemagne de l’Est a enregistré quatre fois plus d’actes de violence xénophobes que l’Allemagne de l’Ouest. Les étrangers en Allemagne de l’Est étaient 20 fois plus exposés au risque d’être victimes de violences d’extrême droite.[188] Dans les régions rurales, les néofascistes ont pris le dessus sur la culture des jeunes et les espaces publics. De telles « zones libérées du nationalisme » ont également été créées dans les quartiers des grandes villes est-allemandes. Les options pour ceux qui pensaient différemment se limitaient souvent à l’adaptation, au silence ou à l’acceptation de la violence. L’autodéfense antifasciste organisée des migrants et de la gauche dans ces régions est peu documentée.

Le mouvement néofasciste a pu continuer à s’enraciner sans entrave, mais il manquait toujours de fonctionnaires et de cadres formés. Jusqu’à la création de l’AfD, le NPD a réussi à se maintenir dans certains parlements régionaux est-allemands. Dans les années 2010, il a pour ainsi dire passé le relais au parti bleu.

En route vers la quatrième tentative

La soumission de l’Europe de l’Est et le modèle d’exportation allemand laissaient présager une phase d’intégration et de domination stable. Le compromis social-démocrate entre les classes pouvait s’appuyer sur les profits supplémentaires impérialistes générés par l’intégration européenne. L’Allemagne a établi son statut de puissance mondiale sur la base de la contre-révolution internationale.

Les conditions d’un tel compromis social-démocrate entre les classes étaient nettement moins réunies en Allemagne de l’Est. Le néofascisme s’y est développé comme une force intégrative constante sous la forme de partis tels que le NPD, ainsi que de camaraderies et de groupes de jeunes.

Kurt Gossweiler, qui s’est penché en 1998 sur cette question précise du mouvement néofasciste fort et de l’option réelle de domination, a conclu à juste titre : « C’est pourquoi le capital financier allemand n’a aujourd’hui pas besoin du fascisme pour établir son hégémonie sur l’Europe « unie » – ce serait même le moyen le moins approprié. » Gossweiler ajoute : « Cela ne signifie toutefois pas qu’une Union européenne ne puisse pas connaître de situations de crise que les dirigeants ne pourraient surmonter qu’en supprimant tous les droits démocratiques et en instaurant une dictature néofasciste – bien sûr « moderne » équipée des derniers moyens techniques de surveillance et de contrôle des masses. »[189] La crise financière et la crise de la dette européenne ont marqué le début de cette situation de crise : l’AfD a ainsi fait son entrée sur la scène politique.

Une chose est sûre : les partis néofascistes ne naissent pas spontanément et par le bas. L’histoire du NPD, du DVU et des Républicains le prouve. Ils sont créés par le haut, quand on en a besoin. Et leur puissance correspond toujours à ce qu’on souhaite leur donner. La classe dirigeante dispose de fondations, de médias et de réseaux précisément à cette fin.

Garder la poudre sèche

La Nouvelle Droite savait à quel point un processus de construction durable et à long terme serait décisif pour le mouvement néofasciste.

La stabilisation des idées de droite devait désormais devenir l’une des principales tâches de la Nouvelle Droite. [190] Dans les différentes maisons d’édition, cercles et groupes de travail, les discussions se poursuivaient et la propagande en faveur de la révolution conservatrice continuait. Parallèlement au déclin de la DVU et des Républicains, l’Institut für Staatspolitik (IfS) a vu le jour – aujourd’hui l’un des plus importants think tanks de la nouvelle droite en République fédérale.

Les formations et les séminaires de l’institut sont encore aujourd’hui très fréquentés et suivis par des personnalités de premier plan. Leurs publications ont également trouvé un large public et ont pu, de plus en plus souvent, donner des impulsions au mouvement néofasciste. La collaboration avec le magazine à fort tirage Junge Freiheit était assurée dès le début pour les fondateurs de l’institut. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire en 2001, l’un de ses fondateurs, Karlheinz Weißmann, a défini les objectifs de l’IfS : « Ce qui nous intéresse, c’est l’influence intellectuelle, non pas la suprématie intellectuelle dans les cafés, mais dans les amphithéâtres et les salles de séminaire. Il s’agit d’influencer les esprits, et si ces esprits se trouvent dans la tête des détenteurs du pouvoir et des élus, tant mieux. »[191]

La création de l’institut s’inscrit clairement dans la continuité du développement de la Nouvelle Droite et répond à la stagnation des années 2000. Weißmann et Kubitschek, les deux fondateurs les plus connus de l’institut, partageaient leurs origines politiques communes issues de l’association étudiante völkisch Deutsche Gildenschaft ainsi que leur collaboration à la rédaction du magazine Junge Freiheit.[192]

Avec le centre de Schnellroda, les fondateurs, pour la plupart originaires de l’Allemagne de l’Ouest, ont délibérément renoué avec les stratégies de peuplement de l’Allemagne de l’Est. Des formations et des séminaires ont permis de rattraper le retard urgent en matière de formation des cadres, des fonctionnaires, des orateurs et des auteurs. La revue théorique Sezession a permis d’aborder de manière ciblée de nouvelles stratégies, tandis que différentes forces étaient rassemblées, organisées et formées. Depuis leur création en 2000, les éditeurs et les organisateurs ont fait preuve de patience et d’une vision à long terme. La même année, Kubitschek a accordé une interview à la Junge Freiheit dans laquelle il soulignait qu’ils « prenaient leur travail très au sérieux », mais qu’ils n’étaient « pas vraiment utiles pour le moment » : « Notre société parfaitement sécurisée n’est pas touchée par nos avertissements et nos revendications. » Il faut « garder la poudre sèche (…), car le climat nous est favorable : il y a quelque chose dans l’air », a déclaré Kubitschek lors de la création de l’institut.[193]

La capacité d’intégration de l’État impérialiste n’est pas illimitée, c’est pourquoi un mouvement néofasciste qui stabilise la domination capitaliste est très utile. Tout porte à croire que la crise financière et la crise de l’euro ont précisément engendré une telle dynamique.

Rassembler les forces

Le travail laborieux de consolidation des forces restantes a donné naissance dans les années 2000 à un vaste réseau. L’Institut für Staatspolitik y jouait le rôle de think tank central, complété par le centre d’études Weikersheim financé par Daimler et le séminaire Thule. La maison d’édition interne Antaios avait pour mission organiser et consigner les débats stratégiques et les discussions politiques. Ce travail a été traduit en formations lors des séminaires de l’Institut für Staatspolitik, tandis que le magazine Junge Freiheit devait assurer la propagande à grande échelle. Des contacts permanents ont été recherchés avec les partis conservateurs de droite dispersés tels que « Freiheit » ou « Bund Freier Bürger », qui ont ensuite cofondé l’AfD. Les contacts nécessaires avec le capital ont été assurés par la « Hayek Gesellschaft », l’association d’entrepreneurs « die Familienunternehmer » et les réseaux de Bernd Lucke.

Lorsque, en 2013, poussés par le succès du livre de Thilo Sarrazin « Deutschland schafft sich ab » (L’Allemagne court à sa perte), les derniers conservateurs de droite de la CDU ont quitté le parti pour fonder l’AfD avec d’autres personnes partageant les mêmes idées, ce réseau avait déjà depuis longtemps un pied dans la porte et accompagnait le processus de création du parti. Björn Höcke décrira plus tard l’institut comme « une oasis de régénération intellectuelle »[194]. L’Institut für Staatspolitik est devenu le moteur du développement idéologique de l’AfD et un catalyseur du renforcement de l’aile néofasciste du parti. [195]

Les stratèges de la nouvelle droite, tels que Martin Sellner, mettent par exemple en garde contre un militantisme et une violence trop forts. À moyen terme, ceux-ci ne mèneraient qu’à la répression et au rejet et n’offriraient aucune voie réelle vers le pouvoir. Dans le même temps, ils mettent en garde contre le « patriotisme parlementaire ». Ils entendent par là l’intégration dans l’establishment politique conservateur et l’abandon des positions populistes et nationalistes. [196] Ce que Sellner propose et que mettent en œuvre une grande partie de l’AfD et de la nouvelle droite, c’est une reconquête à long terme des espaces politiques et des droits d’interprétation, tout en cherchant à s’attirer les faveurs du capital allemand et américain.

À ce stade, il apparaît déjà clairement que nous avons depuis longtemps dépassé les questions de l’annexion et des années 1990. Nous pouvons continuer à observer les répercussions de l’annexion de la RDA et de la mise en place d’un mouvement néofasciste en Allemagne de l’Est jusqu’à aujourd’hui. Le développement de l’AfD et son taux de popularité élevé en Allemagne de l’Est – tous ces développements sont liés à la refascistisation de l’Allemagne de l’Est. Les graines semées dans les années 1990 continuent de fleurir aujourd’hui.

Les développements qui ont suivi l’annexion de la RDA ont non seulement conduit à une large cooptation de la nouvelle droite dans l’État et la politique, mais ont également créé une riche expérience dont le mouvement néofasciste a tiré des conclusions : les flambées de violence des années 1990 ont été suivies de formations dispensées par des néonazis ouest-allemands (souvent dans des centres de jeunesse financés par l’État) et le mouvement s’est professionnalisé de plus en plus. À partir du milieu des années 1990, les créations d’entreprises et les efforts visant à mieux s’intégrer dans la société urbaine se sont multipliés. Les entreprises de sécurité créées par des néonazis pour « protéger » des clubs ou des fêtes municipales et de la presse en sont un excellent exemple.

Remarques finales et perspectives

Cette refascisation de l’Allemagne de l’Est a commencé comme une offensive contre les vestiges de la RDA annexée – elle est intrinsèquement liée à la contre-révolution et se poursuit en conséquence. La victoire sur le socialisme, l’exploitation économique et politique de l’Europe de l’Est qui s’ensuivit, ainsi que la destruction de structures sociales entières ont fourni un terrain fertile à un mouvement néofasciste qui, avec le soutien des services secrets allemands, grâce à l’indifférence délibérée des autorités et à des campagnes médiatiques anticommunistes et xénophobes en Allemagne de l’Est. Le capital allemand et le gouvernement Kohl avaient un intérêt évident à cette brutalisation de la société et à la violence xénophobe dans les rues. Elles ont servi à faire taire les forces de gauche et les antifascistes et ont été utilisées pour affaiblir les droits fondamentaux tels que le droit d’asile, tout en détournant l’attention des problèmes fondamentaux de la population est-allemande. L’opinion personnelle des dirigeants politiques de la RFA sur le NPD ou d’autres néofascistes n’a ici aucune importance : à cette époque, ils ont joué exactement le rôle qu’ils devaient jouer, sinon ils auraient été combattus politiquement.

Avec la RDA, ce n’est pas seulement un État qui a disparu, mais aussi, pour beaucoup, une idée. Il ne faut pas sous-estimer l’aspect idéologique de cette contre-révolution. L’exemple de l’antifascisme l’illustre particulièrement bien. Dans cette campagne contre l’antifascisme marxiste, l’anticommunisme a été le pivot essentiel vers un antifascisme vide de sens, inoffensif et embourgeoisé, qui, à long terme, renforce le néofascisme plutôt qu’il ne l’affaiblit.

Les groupes néofascistes qui se sont constitués à la suite de l’annexion de la RDA continuent aujourd’hui encore de semer la violence et l’intimidation. L’est de l’Allemagne sert encore aujourd’hui de refuge et d’espace de liberté pour les fascistes. Avec l’« Initiative Zusammenrücken » (Initiative pour se rapprocher), une plateforme a été créée en 2020 pour coordonner et promouvoir les déménagements de l’ouest vers l’est, tout à fait dans le style de Michael Kühnen dans les années 1990. Le mouvement fasciste profite encore aujourd’hui des continuités et des réseaux établis et développés dans les années 1990.

Une analyse plus approfondie du développement du néofascisme en République fédérale d’Allemagne devrait inévitablement se pencher sur l’AfD. Nous devons bien comprendre et saisir précisément son émergence dans les cercles du néofascisme et du conservatisme, et être conscients du rôle particulier joué par la Nouvelle Droite dans son processus de création et son développement ultérieur. Nous devons clarifier différentes questions concernant ce parti : dans quelle mesure est-il imprégné du néofascisme sur le plan idéologique et personnel ? Quelle voie le parti suit-il ?

Alors que presque tous les partis néofascistes européens ont abandonné leur ligne nationaliste et critique envers l’OTAN, l’Alternative pour l’Allemagne y est longtemps restée fidèle – une position qui ne convient bien sûr pas au capital allemand, fortement lié à l’Atlantique. Mais maintenant que le capital américain s’immisce dans la campagne électorale allemande de 2025 et que l’administration Trump réclame ouvertement un gouvernement AfD, ce dernier s’oriente progressivement vers une ligne transatlantique.

Il est certain que les points de convergence idéologiques du fascisme ont toujours été plus diversifiés que sa fonction ultérieure. La propagande prétendument « pro-russe » de l’AfD s’adresse principalement à l’électorat est-allemand et exploite les désavantages concurrentiels que l’intégration européenne entraîne pour certaines parties de la petite bourgeoisie. Cette ligne politique atteint ses limites. Le parti s’oriente vers une ligne transatlantique et signale à la CDU sa volonté de gouverner.

Les développements évoqués ici indiquent que le néofascisme s’est à nouveau développé de manière plus active et plus ciblée ces dernières années. L’antifascisme actuellement hégémonique et soutenu par l’État vise en même temps le contraire de ce qu’il prétend être : il renforce le néofascisme et contribue à la formation d’une communauté populaire libérale.

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Note:

[1] Schulz (1986), p. 79.

[2] Michelmann (2015), p. 12 et suivantes.

[3] Collectif d’auteurs (1970), p. 11 et suivantes.

[4] Ibid.

[5] Leide (2011), p. 33 et suivantes.

[6] Collectif d’auteurs UdL (2019), p. 37.

[7] Kunze (2022), p. 294.

[8] Ibid.

[9] Holz (2020).

[10] Moller (2006), p. 50 et suivantes.

[11] Collectif d’auteurs (1970), p. 124-138.

[12] Jahnke (1959).

[13] VVN-BDA (site Internet).

[14] Holz (2020).

[15] Ibid.

[16] Commission (2006), p. 73.

[17] Leide (2011), p. 156.

[18] Collectif d’auteurs UdL (2019), p. 45.

[19] Ibid.

[20] Dumschat (2005), p. 121-124.

[21] Ibid.

[22] Kunze (2022), p. 287 et suivantes.

[23] Großmann/ Schwanitz (2021), p. 63.

[24] Rodermund, (2023).

[25] Kunze (2022), p. 287 et suivantes.

[26] Winkler (1980), p. 35 et suivantes.

[27] Benz (2005).

[28] Winkler (1980), p. 38.

[29] Winkler (1980), p. 38.

[30] Service scientifique du Bundestag allemand (2007).

[31] Winkler (1980), p. 38.

[32] Winkler (1980), p. 80.

[33] Winkler (1980), p. 80.

[34] Marulanda (2019), p. 87.

[35] Frumkin (1978), p. 153.

[36] Keßler p. 57 et suivantes

[37] Keßler p. 53 et suivantes

[38] Keßler p. 60 et suivantes

[39] Fischer (2023), p. 116.

[40] Fischer (2023), p. 117.

[41] Speit (2020), p. 11.

[42] Lepper (2023)

[43] Frumkin (1978), p. 150.

[44] Frumkin, (1978), p. 147.

[45] Frumkin (1978), p. 143 et suivantes.

[46] Rédaction ND (1976), p. 6.

[47] Neubacher (1996), p. 11 et suivantes.

[48] Ibid.

[49] Frumkin (1978), p. 147.

[50] Vollhardt (2024).

[51] Linke (1994), p. 15.

[52] Linke (1994), p. 15.

[53] Kailitz (2009), p. 114 et suivantes.

[54] Kailitz (2009), p. 115 et suivantes.

[55] Kailitz (2009), p. 115 et suivantes.

[56] Kailitz (2009), p. 117.

[57] Fischer (2023), p. 111.

[58] Neubacher (1996), p. 46 et suivantes.

[59] Venner (1994), p. 22 et suivantes / Brasch (2016).

[60] Rédaction Belltower News (2008).

[61]Brauner-Orthen (2001), p. 180.

[62] Kohrs (2016).

[63] Kohrs (2016).

[64] Venner (1994), p. 48 et suivantes.

[65] Venner (1994), p. 91 et suivantes.

[66] Groupe de travail 2 IfS (2008), p. 15.

[67] Collectif d’auteurs (1970), p. 17.

[68] Kinner / Richter (2000), p. 288.

[69] Ahbe (2007), p. 40.

[70] Steiner (1989).

[71] Moldt (2002), p. 14-25.

[72] Ahbe (2007), p. 41.

[73] Ibid.

[74] Kinner / Richter (2000), p. 288.

[75] Kinner / Richter (2000), p. 289.

[76] Collectif d’auteurs UdL (2024), p. 5.

[77] Marulanda (2019), p. 89.

[78] Collectif d’auteurs (2019), p. 39.

[79] Ahbe (2007), p. 44-50.

[80] Kunze (2022), p. 297.

[81] Ibid.

[82] L’ancien néofasciste Ingo Hasselbach raconte dans plusieurs articles et documentaires comment lui et de nombreux autres détenus ont été encore plus radicalisés par d’anciens nazis tels que Schmidt, chef de la Gestapo à Dresde.

[83] Reich (2021).

[84] Documentaire VHS (2020).

[85] Frankfurter Rundschau (2019)

[86] Marulanda (2019), p. 90 et suivantes.

[87] Ibid.

[88] Wrusch (2011).

[89] Förster (2019).

[90] Ibid.

[91] Documentation Eskalation der Gewalt 1992.

[92] Marulanda (2019), p. 90 et suivantes.

[93] Collectif d’auteurs UdL (2024), p. 5.

[94] Ahbe (2007), p. 43.

[95] Hockenos (2013), p. 86-87.

[96] Vollhardt (2024).

[97] Lewis (1996), p. 25 et suivantes.

[98] Monroy (2024).

[99] Robert Havemann Gesellschaft (sans date).

[100] Robert Havemann Gesellschaft (sans date) 2.

[101] Collectif d’auteurs UdL (2024), p. 5.

[102] Werner (2022).

[103] Sans auteur (2022) / Kleffner (2016).

[104] Sans auteur (2021).

[105] Documentaire NDR (2022).

[106] Le livre « 30 ans d’Antifa en Allemagne de l’Est – Perspectives d’un mouvement indépendant » retrace bien ces points de vue, sans toutefois les aborder de manière autocritique.

[107] Ehlert, Ringo (2010).

[108] Ibid.

[109] Sans auteur (2022).

[110] Tschernig (2023).

[111] Ehlert (2013).

[112] Collectif d’auteurs (2019), p. 34.

[113] Ehlert (2010).

[114] Fondation Rosa Luxemburg (2019).

[115] Kleffner (2016).

[116] Hethey (2020), p. 44.

[117] Hethey (2020), p. 41.

[118] Kalitz (2009), p. 111.

[119] Hertel (1998), p. 26.

[120] Neubacher (1996), p. 55.

[121] Geyer (2019).

[122] Waibel (2016), p. 126.

[123] Ibid.

[124] Ibid.

[125] Niemann (2005), p. 81.

[126] Richter (2017).

[127] Holtmann (2002).

[128] Grimmer (2019).

[129] Peşmen (2017).

[130] Peşmen (2017).

[131] Peşmen (2017).

[132] Linke (1994), p. 178.

[133] Wiedemann (1988) /ainsi que Linke (1994), p. 175 et suivantes.

[134] Heitzer (2013), p. 23 et suivantes.

[135] Heitzer (2023), p. 25 et suivantes.

[136] Heitzer (2023), p. 26 et suivantes.

[137] Heitzer (2023), p. 29.

[138] Heitzer (2023), p. 40 et suivantes.

[139] Heitzer (2023), p. 31.

[140] Ibid.

[141] Heitzer (2023), p. 33 et suivantes.

[142] Elo (2016) / Scheffler (2012).

[143] Dahn (2021), p. 132.

[144] Dahn (2021), p. 133.

[145] Dahn (2021), p. 134.

[146] Dahn (2021), p. 134.

[147] Fondation des mémoriaux du Brandebourg (sans année).

[148] Dahn (2021), p. 101.

[149] Ibid.

[150] Ibid.

[151] Ibid.

[152] Dahn (2021), p. 102.

[153] Wippermann (2009), p. 60.

[154] Wippermann (2009), p. 71.

[155] Wippermann (2009) ; p. 60 et suivantes.

[156] Mitzkat (2021).

[157] Wippermann (2009), p. 65.

[158] Wippermann (2009), p. 66.

[159] Wippermann (2009), p. 66 et suivantes.

[160] Wippermann (2009), p. 65.

[161] Linke (1994), p. 170.

[162] Heitzer (2023), p. 38.

[163] Wippermann (2009), p. 81.

[164] Ibid.

[165] Wippermann (2009), p. 82.

[166] Ahbe (2007), p. 54 et suivantes.

[167] Klein (2021), p. 7.

[168] Dahn (2021), p. 78.

[169] Klein (2021), p. 7.

[170] Dahn (2021), p. 78.

[171] Dahn (2021), p. 79.

[172] Ahbe (2007), p. 56.

[173] Deutscher Bundestag Referat Öffentlichkeitsarbeit (1994), p. 1 et suivantes.

[174] Plus d’informations sur NSU-Watch : https://www.nsu-watch.info/.

[175] Linke (1994), p. 148 et suivantes.

[176] Linke (1994), p. 171.

[177] Linke (1994), p. 59.

[178] Kailitz (2009), p. 111.

[179] Neubacher (1996), p. 38.

[180] Kailitz (2009), p. 111.

[181] Kailitz (2009), p. 112.

[182] Ibid.

[183] Neubacher (1996), p. 48 et suivantes.

[184] Neubacher (1996), p. 48 et suivantes.

[185] Kailitz (2009), p. 123.

[186] Kailitz (2009) p. 124.

[187] Groupe de travail 2 IfS (2008), p. 16.

[188] Archives web du Bundestag (2000)

[189] Gossweiler (1998)

[190] Ibid.

[191] Speit (2020), p. 13.

[192] Kovahl (2020), p. 37.

[193] Speit (2020), p. 11.

[194] Tornau (2021)

[195] Ibid.

[196] Sellner esquisse cette idée dans une présentation de livre dans le cadre de l’Institut für Staatspolitik (Institut de politique d’État). L’enregistrement audio est disponible sur la chaîne « Kanal Schnellroda ».

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