Les luttes du secteur de la logistique en Italie

supernova N.2 2023

La forme de production capitaliste, bien que restant identique en son essence, change, dans le temps comme dans l’espace. Face à un « nouveau capitalisme », la lutte des classes reste néanmoins une invariance, avec les mêmes contradictions et les mêmes formes, quoi qu’en écrivent les sociologues modernes.

Nous analyserons dans cet article la particularité du cycle de luttes qui secoue l’Italie depuis 10 ans dans le secteur de la logistique. Ces luttes ont leurs propres particularités, caractéristiques du marché du travail italien : coopératives, contrats et sous-traitance, formes de « caporalato » gérées par des organisations mafieuses, absence de droits syndicaux, bas salaires et longues heures de travail, formes d’esclavage, présence massive de travailleurs immigrés (Afrique du Nord et Asie), etc.

Pour comprendre ce qui se passe, il faut avant tout saisir ce que recouvre le terme de « mondialisation » cher aux médias. Au début des années 2000, le transport maritime connaissait un taux de croissance deux fois supérieur au taux de croissance mondial. Depuis que le premier conteneur a été chargé sur un navire en 1956, ce secteur a connu une croissance ininterrompue pour devenir un élément indispensable de l’économie mondiale. Il existe aujourd’hui des méga-navires capables de transporter plus de plus de 20 000 conteneurs. Ces premiers chiffres montrent que le transport de marchandises est l’une des principales activités de l’économie mondiale. Jusqu’à 90% du transport mondial se fait par containers, qu’il s’agisse de biens de consommation – tels que les ordinateurs, les téléphones portables, les vêtements -, de matières premières, ou de produits agricoles et autres produits semi-finis.

L’importance de la logistique réside dans la question du temps, du “zero stock”, à la forme dite du JAT (« juste à temps”), qui nécessite une gestion de plus en plus dynamique dans un monde où il y a toujours moins de réserves, et toujours plus de produits.

Dans le secteur de la logistique, l’affrontement quotidien mène les deux classes à redécouvrir des formes de lutte territoriales, déjà caractéristiques de l’ancien mouvement ouvrier, des piquets de grève aux barrages routiers. Ces formes sont très efficaces car elles bloquent la circulation des marchandises, causant des dommages considérables aux intérêts patronaux. Dans une situation de « mondialisation » de la production, de flux-tendu dans la chaîne d’approvisionnement, le blocage de la circulation des marchandises ]crée des problèmes considérables aux capitalistes. C’est là le point fort des travailleurs de la logistique -on ne sera pas surpris de constater que le blocage économique par les voies de circulation ait été aussi au cœur de mouvements tels que les Gilets Jaunes.  

Ces formes autonomes de lutte ont souvent été attaquées par la police, mais ont souvent arraché des augmentations de salaire considérables et des améliorations réglementaires. 

Par ailleurs, il est indiscutable que les succès relatifs mais importants obtenus dans le secteur de la logistique par les différents syndicats de base en termes de syndicats et de revendications sont dus à la lutte acharnée contre un système  » très italien  » de coopératives, d’appels d’offres, de contrats de sous-traitance, de gestion mafieuse, de  » caporalato « 1, de la non-application des conventions collectives nationales, du travail au noir, des bas salaires et du maintien d’une main-d’œuvre majoritairement immigrée dans des conditions misérables. 

Cependant, de cette dure lutte quotidienne ont émergé des foyers de radicalité, lorsque la lutte a réussi à remonter la chaîne de la valeur, la chaîne de production et de distribution des marchandises et à impliquer directement dans le conflit les grandes multinationales de la logistique ou de la grande distribution, de Bennet à Esselunga, de lkea à Fedex, d’Amazon à Leroy Merlin, qui ont sous-traité le travail de livraison à des coopératives, impliquant dans la lutte les travailleurs employés ou temporaires de ces multinationales, des livreurs aux riders, etc. 

À ces occasions, l’indistincte main-d’œuvre immigrée a acquis les caractéristiques, et aussi la conscience, d’un nouveau prolétariat multiethnique. Au sein des principales organisations syndicales impliquées (USB et Si Cobas) a émergé une nouvelle génération de cadres politiques et syndicaux issus de l’immigration (nord-africaine et asiatique), qui dans certains cas sont devenus une avant-garde et des cadres de direction dans l’organisation syndicale elle-même.

Et c’est l’aspect politique le plus important des luttes dans la logistique. Les États-Unis ont connu, dans les premières décennies du 20e siècle, une situation similare, avec les IWW, qui furent par la suite anéantis par la violence privée et étatique. Ce qui a caractérisé les IWW, c’est la tentative, réussie à bien des égards, de construire une organisation capable d’unir la masse très importante de travailleurs immigrés, divisés dans leurs communautés ethniques, qui étaient exclus du syndicalisme corporatiste, jusqu’alors  hégémonique dans le mouvement ouvrier américain, l’American Federation of Labor. Ce dernier organisait les travailleurs sur la base du métier et, en imposant des cotisations syndicales élevées, excluant de fait la masse des travailleurs non qualifiés, migrants et à bas salaire. On retrouve une dynamique similaire aux USA face `à l’émergence d’une autonomie ouvrière et à une nouvelle vague syndicale.

Autre élément de poids, la relation entre les luttes dans la logistique et les luttes sur le territoire. Les luttes dans la logistique sont en soi déjà des luttes territoriales. elles ne concernent pas le seul secteur de la production de biens. mais à la circulation. Ils prennent place dans des territoires particuliers, tels que les zones commerciales, les « hubs » de la logistique capitaliste, dans les immenses étendues d’entrepôts et de hangars à la périphérie des grands centres de population, bien loin des zones centrales gentrifiées. Aujourd’hui, le territoire se présente comme un maillage d’activités productives et reproductives, et se présente surtout comme traversé par des flux continus, flux de marchandises, de travail, d’informations, de « capital financier ». 

Définir un territoire d’un point de vue géographique et social peut s’envisager au moyen d’une enquête qui identifie les secteurs productifs (usines, logistique, agences de travail, etc.) et reproductifs (logements, écoles, centres commerciaux, hôpitaux, etc.) en mettant toujours en évidence la composition sociale et de classe qui prévaut sur le territoire lui-même. Le blocage de la circulation des marchandises par les luttes du secteur de la logistique peut servir d’exemple pour développer des luttes incisives sur le territoire.  

Aujourd’hui, dans les luttes du secteur de la logistique, des augmentations salariales considérables accompagnées d’acquis sur le terrain juridique importants sont obtenus dans de nombreux cas, mais restent, pour la plupart, sectoriels. La difficulté considérable à généraliser la lutte est le résultat de la désintégration des unités de production/reproduction et de la concurrence entre prolétaires engendrées par la crise. Cette difficulté est aggravée par l’extension de la précarité, la diversité des contrats dans un même environnement de travail, le travail administré par les agences pour l’emploi, le travail non déclaré ou même gratuit (stages, bénévolat, etc.). Dans le capitalisme de plateforme (uber, riders, etc.), le travailleur est même considéré comme son propre entrepreneur. Cette volontaire confusion et dérégulation entre employeur et employé s’accompagne d’une collection  d’enteprises-écran, où il est bien difficile aux travailleurs de connaître jusqu’à leur employeur, la détention d’un capital n’étant même plus la condition légale d’existence d’une entreprise aujourd’hui, facilitant les fermetures soudaines, la disparition de l’employeur avec son lot d’impayés, etc.

Il est probable que les augmentations salariales obtenues de haute lutte par les travailleurs de la logistique, en augmentant le coût de la main-d’œuvre, aient rendu moins commode pour les capitalistes le recours au système désormais traditionnel en Italie des “coopératives” de sous-traitance, déclenchant une restructuration du secteur qui vise à “vider les entrepôts des travailleurs syndiqués, réduire le coût de la main-d’œuvre, réduire les effectifs, restructurer toute la chaîne d’approvisionnement et reprendre le contrôle total »1, tentant, ce faisant, d’effacer des années de lutte dans le secteur de la logistique et du transport maritime. On parle, à cet égard, du fameux « modèle Amazon » avec le recours conséquent à la main-d’œuvre temporaire et contractuelle. Bien sûr, cela implique aussi, comme dans le cas d’Amazon, un recours à l’innovation technologique qui vise à économiser le travail vivant et à intensifier le travail des employés. À cet égard, soulignons que nous ne sommes pas a priori opposés à l’innovation technologique, dont l’effet est de toute façon de réduire la quantité de travail requise, et qui, réparti équitablement, entraînerait une réduction drastique de la journée de travail.

Les travailleurs de la logistique en Italie représentent un secteur multiethnique, déqualifié, travaillant généralement dans la sous-traitance et les coopératives logistiques ou sous le « caporalato » à la campagne, donc sans droits et soumis à une surexploitation avec des salaires de misère, quand ce n’est pas avec du travail au noir. Un sujet certes plus sujet à chantage. mais qui manifeste néanmoins aujourd’hui un antagonisme plus important que les luttes au sein des autres secteurs. Ce nouveau prolétariat peut immédiatement être considéré comme une fraction d’un immense prolétariat, immédiatement international, et donc immunisé contre les tendances nationalistes ou « souverainistes ». 

Il n’y a pas de convergence significative à l’heure actuelle en Italie entre les luttes de la logistique et celles du prolétariat indigène lié à l’industrie. Les difficultés que nous avons évoqué dans le secteur de la logistique ont conduit à un certain isolement des luttes, même des plus dures. et à une plus grande exposition à la répression. Les luttes du prolétariat industriel indigène ne se sont enflammées qu’à l’occasion des fermetures d’usines et des licenciements qui en découlent. 

On sait très peu de choses aujourd’hui sur la situation actuelle du prolétariat industriel des grandes usines, qui est faible en Europe en termes de nombre, et dans le ratio ouvriers/machines. On peut penser que le transfert de la propriété des usines aux grands groupes financiers a produit une coupure entre la direction, uniquement intéressée par la valorisation du capital social, réduite à un rôle de contremaître, et les agents directs de la production, ouvriers ou techniciens. Nous sommes donc face à une « usine » qui présente un sujet travailleur « qualifié » dans les mécanismes actuels des « îlots de production » de la matrice toyotiste, une sorte de nouveau travailleur professionnel, cependant de plus en plus attaqué par la concurrence mondiale. L’horizon des luttes actuelles dans l’industrie réside dans l’opposition aux délocalisations accompagné de l’exigence d’une politique industrielle d’État qui assure une continuité professionnelle des ouvriers et des unités de production.

Les luttes du futur devront dépasser les divisions communautaires, qui pèsent dans la construction du rapport de force, s’ajoutant à la précarité et la fragmentation du travail.

Répression contre les travailleurs de la logistique

La répression -arrestations, amendes, passages à tabac, allant même jusqu’aux meurtres-, accompagne les luttes dans la logistique en Italie. Lors de plusieurs grèves, les travailleurs tenant un piquet de grève ont été attaqués par des brigades armées payées par les patrons, réintroduisant des scènes dignes de l’Amérique du début du 20e siècle, comme celle de la police privée de Pinkerton frappant les travailleurs en grève, immortalisée dans le film Bertha Boxcar (1972), splendide fresque cinématographique prolétarienne par Martin Scorsese.

A plusieurs reprises, des travailleurs ont été tués alors qu’ils manifestaient ou se trouvaient sur des piquets de grève pour empêcher les camions d’entrer dans les entrepôts.

Les militants et dirigeants des syndicats logistiques (principalement l’USB et le SI Cobas)2, en plus de subir des condamnations économiques (amendes, licenciements, etc.), ont également subi des attaques directes du pouvoir judiciaire. Ces derniers mois, la justice italienne a directement construit des théories judiciaires contre les dirigeants du SI Cobas et de l’USB, arrêtant les dirigeants syndicaux, sous de nouveaux chefs d’accusation, les accusant notamment d’être des « patrons mafieux » d’organisations criminelles et d’organiser le racket et l’extorsion des patrons…. Le syndicat est accusé d’organiser des grèves, d’organiser le blocage de la production. En un mot, le syndicat est accusé de faire… du syndicalisme.

Nous pouvons identifier dans cette vague répressive contre les travailleurs de la logistique des points caractéristiques :

1 : La répression liée à la centralité stratégique de ce secteur. La logistique, c’est-à-dire la circulation des marchandises, est centrale dans un système basé sur la vitesse. Cette vitesse rend cependant ce même système de production instable, vulnérable dans ses artères de distribution et d’approvisionnement. C’est pourquoi l’action du patron et de son État contre les travailleurs logistiques organisés est si immédiate 3.

2 : La répression liée au sujet social. Dans le secteur de la logistique en Italie, il y a un très grand nombre de travailleurs immigrés, des prolétaires sans réserve, les habitants des nouvelles périphéries urbaines dé- intégrées. Ils sont le symbole du racisme et de la lutte entre les pauvres, qui est déchaînée et utilisée par les patrons pour opposer les secteurs du prolétariat autochtone à ce prolétariat international. Les travailleurs de la logistique sont également des travailleurs pauvres, avec de faibles compétences technologiques. Ils sont les « derniers », et sont donc considérés comme des ennemis faciles à écraser, dans la logique classique des propriétaires : forts avec les faibles, faibles avec les forts. Dans ce cas, la répression prend non seulement des aspects économiques : défense des intérêts des patrons, mais aussi des aspects politiques : défense de l’ordre bourgeois, classification forcée et assujettissement sans réserve des ouvriers et des prolétaires.

On peut voir que dans les pays où la dé-intégration est d’autant plus importante – Brésil, Argentine- la division entre travailleurs « fixes » et prolétaires sans réserves est une arme solide d’encadrement des luttes. En France, un rapide coup d’œil sur la composition des segments de classe des syndicats confirme également cette tendance.

3 : la répression liée aux avant-gardes de la lutte. Ces dernières années, les organisations syndicales de base qui ont mené les luttes ont produit, quoique parcourues par mille contradictions, une nouvelle génération de cadres syndicaux-politiques en leur sein. Ces avant-gardes sont souvent des immigrants primo-arrivants, une nouveauté intéressante dans le paysage politique syndical italien (l’Italie a toujours été un pays de migration et seulement récemment d’immigration).

Ces avant-gardes sont l’affirmation, à elle seule plus forte, plus directe, plus subversive que la montagne de littérature sociologique antiraciste, d’un prolétariat international moderne qui, bien que laborieusement, construit son organisation et produit de nouvelles avant-gardes. Criminaliser, frapper ces avant-gardes est fondamental pour les patrons et l’Etat, car elles représentent directement la capacité d’organisation et de solidarité entre prolétaires.

Face à ces vagues répressives, les réponses syndicales et politiques en Italie ont cependant été faibles. Le plus souvent, les organisations syndicales ne sont pas préparées (syndicalement, politiquement, culturellement) à faire face à la répression.4 Le principal mécanisme mis en place pour se défendre est la victimisation (tuez-nous tous, nous sommes innocents, etc.), sans se rendre compte que la logique de la démocratie impérialiste est de plus en plus basée sur la violence de classe et la dé-intégration et l’encadrement forcés.

Les quelques forces politiques et camarades qui ont relancé l’autodéfense ouvrière ont été immédiatement accusées de terrorisme et d’extrémisme par les mêmes organisations politiques de la soi-disant  » gauche de classe  » (gauche communiste, trotskistes, ml, autonomes, post-autonomes, libertaires, peu importe), effrayées par le niveau de répression, mais surtout par la possible réponse violente des travailleurs qui ne peut être  » contrôlée « . Les communistes révolutionnaires ne doivent pas avoir peur d’affronter la spontanéité de classe, qui est toujours « anarchique », « irrationnelle », « violente », mais utiliser cette force propulsive et la rendre plus efficace, plus organisée, plus forte, plus radicale, en faire une force révolutionnaire de classe.

Il existe encore aujourd’hui un « tabou » en Italie: c’est celui de l’avant-garde et du rôle et bilan des organisations communistes combattantes. Ceci vient notamment des défaites politiques des années 70, et notamment, des Brigades Rouges. On préfère oublier ou souiller ces expériences (en France le vieux mythe du terrorisme rouge des « années de plomb » en Italie comme un complot ourdi par les russes et les américains a la dent dure) ou encore les présenter comme des franges anarchistes ( spontanéistes, dénuées de toute autre stratégie que de semer le chaos, ou de pousser à l’affrontement)5. Il est clair qu’il ne suffit pas de défendre l’identité politique de cette expérience pour résoudre les problèmes actuels. Mais elle reste sur le terrain, entre ombres et lumières, l’une des rares expériences concrètes d’organisation directe sur le terrain de la violence de classe organisée. Remettre l’autodéfense des travailleurs au centre, organiser des groupes d’action, ne signifie pas courir après la répression de l’État ou ne pas analyser lucidement les relations de pouvoir entre les classes aujourd’hui. Il est clair que les travailleurs de la logistique ne représentent qu’une petite partie de ce qu’est le prolétariat en Italie aujourd’hui. Mais ce n’est que par l’expérience directe, l’accumulation de forces, que l’on peut sérieusement commencer à parler de lutte contre la répression patronale; tout le reste est, comme disent les camarades italiens, « aria fritta », des paroles en l’air.

Les craintes qui ont caractérisé la gauche de classe en Italie sur cette question reflètent le retard théorique et pratique auquel les communistes révolutionnaires sont confrontés aujourd’hui. Si le travail légal n’a pas pour préalable le travail politique illégal, s’ils ne sont pas liés, alors ce travail légal est toujours destiné à succomber face à l’ennemi 6.

Tout prolétaire conscient sait que la répression fait partie de la lutte de classe menée par la bourgeoisie et ses pouvoirs. Tout prolétaire conscient sait que ses revendications de classe ne peuvent être satisfaites de manière complète et cohérente dans le cadre légal qui supervise l’exploitation capitaliste.

Tout prolétaire conscient sait que, tôt ou tard, sa lutte de classe l’amènera à entrer en conflit avec cet « ordre » autoproclamé, incarné et imposé par les pouvoirs publics de la classe dominante.

Ce n’est certainement pas à nous, communistes révolutionnaires, d’examiner les documents judiciaires, de comparer les développements des enquêtes avec les postulats de la légalité bourgeoise. Ce que nous pouvons et devons affirmer, c’est qu’une histoire comme celle des syndicats de base en Italie, engagés dans cette authentique tranchée d’exploitation et de lutte de classe que sont les plateformes logistiques, représente une remarquable expérience de classe qui, comme toutes les expériences similaires, contient d’importantes leçons et contradictions. Ces luttes, ces expériences, ces acquis, constituent un bagage précieux pour notre classe. Notre solidarité de classe avec les travailleurs organisés par les syndicats attaqués ne saurait avoir le moindre rapport avec les présomptions d’innocence ou de culpabilité qui légitiment implicitement les codes du pouvoir bourgeois. Pour ces codes, la lutte des classes est toujours un crime, plus ou moins tolérable selon les circonstances et les besoins. Les prolétaires conscients jugent leurs expériences de lutte selon leurs propres paramètres, et non selon les codes de l’ennemi.

P.P. B.N.

1 Visconte Grisi, Collegamenti Wobbly, 2022

2 Au sein du secteur logistique différentes organisations syndicales “de base” sont présentes, souvent en conflit entre elles (USB et SI COBAS), où souvent les divisions, plus que des conflits des travailleurs entre eux, sont le fait de l’influence des avant-gardes et des dirigeants héritiers des reliquats et des défaites des années 70-80. A ceux-ci s’ajoutent des organisations dont la direction se base sur un modèle d’homogénéité politique héritière du vieux modèle anarcho-syndicaliste, comme par exemple chez les libertaires de l’USI (Union Syndicale Italienne) ou les “post-autonomes” de l’ADL (Association Droit des Travailleurs).

Il SI Cobas et USB sont les deux principales organisations, en termes de rôle numérique et de répartition territoriale en Italie dans le secteur de la logistique,

3 Récemment, sous la pression exercée par l’association patronale Assologistica (du secteur de la logistique en Italie) une règle du code civil a été établie qui élimine la responsabilité du consignataire si le fournisseur ne paie pas les employés.

4 Après les arrestations du côté des travailleurs, il y a eu dans le secteur de la logistique une vague de grèves spontanées en solidarité avec les travailleurs arrêtés.

5 Le nombre de livres, matériaux, d’innombrables auteurs, de l’extrême-gauche française, épris de l’exotisme de l’extrême-gauche italienne, et cependant prêts à attaquer ou se dissocier de ces expériences qui ont posé directement le problème de la violence prolétarienne. A cela on peut rajouter un courant que l’on peut qualifier de révisionniste (libertaro-autonome) qui conspire à nier purement et simplement l’évidence, présentant les expériences des organisations communistes combattantes des années 80 comme des mouvements “alternatifs”. Cela n’est pas nouveau, il suffit de penser à l’invention du “Marx anarchiste” né dans les bancs de l’Université en France dans les années 60-70.

6 Ce qui ne veut en rien dire que ceux qui assument le travail illégal et légal ne seront pas vaincus, simplement qui ne se pose pas la question du travail politique illégal se refuse ainsi à intégrer théoriquement jusqu’à la possibilité de vaincre.

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