Itikadi, revue du Parti communiste marxiste du Kenya
Mesdames et Messieurs les délégués, camarades et participants, C’est un immense honneur pour moi de m’adresser à vous lors de ce rassemblement historique, en particulier à Dakar, une ville qui a longtemps été un phare de la résistance et du réveil intellectuel dans la lutte contre l’impérialisme. Je m’exprime aujourd’hui en tant que secrétaire général du Comité central d’organisation du Parti communiste du Kenya, représentant non seulement mon pays, mais aussi un mouvement plus large en faveur de l’unité, du socialisme et de la libération de l’Afrique. Cette année, alors que nous célébrons le 100e anniversaire de la naissance d’Amilcar Cabral, le leader révolutionnaire de Guinée-Bissau, nous nous souvenons de sa contribution indélébile au panafricanisme et aux luttes anti-impérialistes. Cabral nous a enseigné que la lutte contre l’impérialisme n’est pas seulement une lutte pour la souveraineté, mais aussi une lutte pour la dignité, le développement et la libération de nos peuples de toutes les formes d’oppression. Son héritage perdure dans nos efforts continus pour briser les chaînes du néocolonialisme et de la domination impérialiste en Afrique et au-delà. Aujourd’hui, nous sommes confrontés aux mêmes forces impérialistes que celles contre lesquelles Cabral s’est battu, mais cette fois-ci avec une intensité encore plus grande. Les puissances impérialistes françaises et américaines continuent d’étrangler notre continent, la région du Sahel et le Sénégal étant les principales cibles de leur influence militaire, économique et politique. Il est essentiel que nous nous réunissions ici dans un esprit de solidarité, non seulement pour commémorer nos victoires passées, mais aussi pour tracer la voie à suivre dans la lutte contre l’impérialisme moderne.
CRISE DU CAPITALISME AU KENYA
Les événements récents au Kenya montrent que la lutte contre l’impérialisme est bien vivante. Nous assistons à la montée d’une nouvelle génération, une génération qui n’a pas peur de remettre en question les structures d’exploitation capitaliste et de répression étatique. Les manifestations généralisées contre le projet de loi financière soutenu par le FMI dans tout le pays, y compris les récentes manifestations contre l’administration du président Ruto, marionnette des États-Unis, sont une manifestation claire du mécontentement croissant à l’égard des politiques néolibérales, de la corruption et de l’aggravation des inégalités. Ces manifestations reflètent une crise plus large du capitalisme. Les jeunes Kenyans réclament des emplois, une meilleure éducation et la fin des injustices économiques systémiques imposées par une classe capitaliste au service des intérêts impérialistes. L’échec des politiques néolibérales, aggravé par les prêts du FMI et de la Banque mondiale, n’a fait qu’exacerber cette crise. Il ne s’agit pas seulement d’un problème kenyan, mais d’un problème panafricain qui trouve son origine dans l’exploitation continue de la main-d’œuvre et des ressources africaines par le capital mondial. Les revendications de cette génération s’alignent sur les principes fondamentaux du panafricanisme : la nécessité d’une véritable souveraineté, de l’autodétermination et de la justice économique. C’est pourquoi notre lutte doit s’associer à ces mouvements, en les guidant avec une perspective socialiste qui transcende les frontières nationales et relie leur combat à la lutte anti-impérialiste plus large en Afrique et dans le monde.
MANIPULATION NÉOCOLONIALE ET TACTIQUES IMPÉRIALISTES EN AFRIQUE
Camarades, l’impérialisme est aujourd’hui plus insidieux que jamais. Les tactiques ont évolué, mais l’objectif reste le même : l’exploitation des ressources africaines et l’asservissement des peuples africains. Cela est particulièrement évident dans la manipulation néocoloniale des États-Unis et de la France. Sous le couvert d’interventions militaires et d’aide économique, ils continuent à soutenir les régimes qui servent leurs intérêts et à déstabiliser ceux qui osent contester leur influence. Dans la région du Sahel, par exemple, la France a masqué sa présence militaire sous le couvert d’une lutte contre le terrorisme, mais en réalité, il s’agit de maintenir son contrôle sur les ressources et son influence géopolitique en Afrique de l’Ouest. Pendant ce temps, les États-Unis continuent d’étendre leur présence militaire par le biais de l’AFRICOM, imposant des politiques économiques néolibérales par le biais d’institutions telles que le FMI et la Banque mondiale, qui plongent nos nations dans la dette et la pauvreté. Nous devons dénoncer et résister à ces tactiques, en reconnaissant que les puissances impérialistes visent à saper notre souveraineté tout en consolidant leur contrôle sur nos terres, notre main-d’œuvre et nos richesses. Le panafricanisme est aujourd’hui un mouvement qui cherche à déraciner ces systèmes d’oppression et à construire une Afrique socialiste libre de toute domination extérieure.
MOBILISATION DE MASSE ET UNITÉ IDÉOLOGIQUE
La voie vers la libération de l’Afrique passe par la mobilisation de masse et l’unité idéologique. Ce n’est que grâce à l’unité de la classe ouvrière, de la paysannerie et de tous les peuples opprimés que nous pourrons construire un avenir socialiste. C’est pourquoi l’éducation révolutionnaire est essentielle. Nous devons créer une population politiquement consciente, en particulier parmi nos jeunes, qui comprenne l’importance du marxisme-léninisme en tant que principe directeur dans notre lutte contre l’impérialisme.
LA LUTTE INTERNE AU SEIN DU PARTI COMMUNISTE DU KENYA ET LA DÉFAITE DE L’OPPORTUNISME ET DU RÉVISIONNISME
Camarades, notre révolution est non seulement confrontée aux forces extérieures de l’impérialisme, mais aussi à des adversaires internes qui cherchent à faire dérailler notre chemin vers un Kenya socialiste. Le Parti communiste du Kenya (CPK), comme de nombreux mouvements révolutionnaires, a dû faire face au double danger du révisionnisme et de l’opportunisme. Ces tendances corrosives ont émergé à des moments clés de notre histoire, affaiblissant notre détermination, diluant nos principes marxistes-léninistes et compromettant notre capacité à mener les luttes de masse du peuple kenyan. Itikadi numéro 6 | Page 22 La lutte interne au sein de notre parti a été nécessaire pour préserver l’intégrité de notre mouvement. Certaines factions ont cherché à édulcorer notre idéologie en échange de gains à court terme, personnels ou sectaires. Loin d’être des alliés dans notre cause révolutionnaire, ces éléments sont devenus des obstacles à notre progrès. Ils nous détournent de notre mission fondamentale qui est de construire un Kenya socialiste, sapant non seulement le CPK, mais aussi le mouvement socialiste plus large à travers le continent. Au cœur de ce sabotage interne se trouve le tristement célèbre « Gang des Deux » : Wachira et Mghanga. Ces camarades vacillants représentent le pire de l’opportunisme. Leur approche bâclée du marxisme-léninisme n’a conduit qu’à des échecs successifs. Ils ont tenté de fracturer notre parti, l’empoisonnant avec leur idéologie révisionniste et leurs tactiques subversives. Dans leur quête de pertinence, ils se sont alignés sur les intérêts de la classe compradore et de leurs sponsors internationaux, trahissant la classe ouvrière qu’ils prétendent représenter. Ces liquidateurs, qui se font passer pour des « révolutionnaires convertis », ont tenté de dissimuler leur trahison sous le couvert du renouveau, mais leurs actions révèlent la vérité. Ils cherchent à sauver le système même qu’ils prétendent combattre. Mais leur opportunisme n’est pas passé inaperçu auprès des masses kenyanes, qui ont rejeté leurs tentatives superficielles de saper le travail révolutionnaire du CPK. Au cours des deux dernières années, Wachira et Mghanga se sont enfoncés davantage dans le trou, calomniant le parti et ses dirigeants dans une vaine tentative de prouver leur valeur à leurs soutiens étrangers. Leurs échecs ne sont pas seulement personnels, ils sont symptomatiques de l’échec plus général du révisionnisme. Ils ont été consumés par la colère des masses kenyanes, et leurs efforts pour couler le parti n’ont fait que renforcer la détermination des véritables révolutionnaires. La défaite de cette cinquième colonne au sein du parti marque un moment décisif dans notre histoire. Les forces de l’opportunisme et du révisionnisme ont été démasquées et écartées. C’est maintenant à nous, les révolutionnaires, de continuer à tracer la voie à suivre. Nous devons rester vigilants, veiller à ce que les contre-révolutionnaires de la révolution soient tenus à distance et que les principes de discipline collective, de clarté idéologique et d’engagement indéfectible envers le peuple guident chacune de nos actions. Camarades, nous sommes du bon côté de l’histoire. La défaite de l’opportunisme et du révisionnisme au sein du CPK n’est pas seulement une victoire pour notre parti, mais une victoire pour tous ceux qui luttent pour un avenir socialiste à travers l’Afrique. Que cela serve de leçon à tous : la lutte pour la libération nécessite non seulement la défaite des ennemis extérieurs, mais aussi l’élimination des traîtres internes qui cherchent à compromettre notre cause. L’avenir nous appartient, à nous, le peuple, et la révolution continuera. Victoire aux luttes populaires ! Victoire au socialisme !
LE PANAFRICANISME COMME PRAXIS RÉVOLUTIONNAIRE
Le panafricanisme n’est pas seulement un rêve idéaliste d’unité africaine ; c’est une praxis révolutionnaire, une arme dans notre lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme. Comme le postule le Parti communiste du Kenya, le panafricanisme doit évoluer vers une lutte politique et économique de masse, enracinée dans le socialisme scientifique. C’est à travers ce prisme que nous devons aborder la lutte pour une Afrique socialiste unie. Notre objectif est de construire un avenir où nos ressources sont utilisées au profit du plus grand nombre, et non pour l’enrichissement d’une élite capitaliste ou de puissances étrangères. Le concept de panafricanisme n’a jamais été conçu comme un simple outil d’unité culturelle ou symbolique. Les visionnaires de notre lutte, de Kwame Nkrumah à Amilcar Cabral, ont compris que seule l’unité de la classe ouvrière et des forces révolutionnaires peut nous permettre de démanteler les structures d’exploitation et d’impérialisme. Aujourd’hui, nous devons affronter les forces libérales qui cherchent à diluer le panafricanisme, le transformant en un slogan vide de sens tout en maintenant les systèmes capitalistes et néocoloniaux qui continuent d’exploiter notre peuple. Camarades, la lutte pour le panafricanisme et l’anti-impérialisme est une lutte pour l’âme même de notre continent. C’est une lutte pour le droit de notre peuple à l’autodétermination, à la souveraineté et à la dignité. Alors que nous allons de l’avant, emportons avec nous les leçons de nos ancêtres révolutionnaires – Amilcar Cabral, Kwame Nkrumah et d’autres – vers l’avenir. Construisons une Afrique unie, libérée de la domination impérialiste et de l’exploitation capitaliste. En solidarité avec tous les mouvements anti-impérialistes, antifascistes et antisionistes à travers le monde, nous continuerons à lutter jusqu’à la victoire finale : un monde où ce sont les peuples, et non les puissances impérialistes, qui contrôlent leur propre destin.
Vive le panafricanisme ! Vive l’anti-impérialisme ! Vive le socialisme !
Octobre 2024
Parti communiste marxiste du Kenya
