La Lutte du Peuple Yéménite au XXIe Siècle

Au début du XXIe siècle, l’humanité assiste à la reconfiguration d’un monde unipolaire en un monde multipolaire, reflet de la crise que traverse l’impérialisme. L’ordre hégémonique des puissances occidentales se fissure.

Les peuples du monde sont témoins de la terreur et de la violence engendrées par l’impérialisme à l’échelle globale. En raison d’un partage du monde déjà établi à l’époque de l’impérialisme, le contexte international est tumultueux. L’hégémonie de la puissance impérialiste dominante s’est brisée, et des régions et des pays secouent le joug impérialiste et néocolonial par la guerre.

Le Yémen est l’un de ces peuples plongés dans une guerre pour définir son destin en tant que nation. Il mène également une lutte anti-impérialiste, anticolonialiste et antisioniste. Autrefois peu connu dans le monde, il fait aujourd’hui partie des territoires qui captent l’attention internationale, en raison des intérêts en jeu et de son impact pour le monde entier. C’est pourquoi les acteurs de la géopolitique internationale suivent de près le déroulement de la guerre dans laquelle le pays est englué, se souciant peu des atrocités terroristes perpétrées par l’impérialisme et ses alliés contre le peuple yéménite.

Pour comprendre ce que vit le peuple yéménite, le rôle de cette portion de territoire pour les puissances économiques, la lutte pour le pouvoir à l’intérieur du pays, son action internationale en ces temps troublés marqués par la guerre et l’agression impérialiste, le caractère du mouvement populaire Ansarollah et la solidarité avec le peuple palestinien, il est nécessaire de partir d’un contexte général pour arriver à la question particulière.

I.

Contexte Historique

Le peuple yéménite a été foulé aux pieds à maintes reprises par la domination étrangère, colonialiste et impérialiste. Il a connu des changements tumultueux et extrêmes ; en tant que nation, il a été divisé, unifié, puis divisé à nouveau. Aujourd’hui, le Yémen est fragmenté en plusieurs centres de pouvoir et plongé dans une guerre aux multiples dimensions.

À travers l’histoire, le peuple yéménite a lutté contre l’Empire romain, les Himyarites et les Éthiopiens ; contre le colonialisme portugais, la conquête ottomane au XVIe siècle, puis l’occupation britannique en 1839 ; contre la domination turque et le Royaume-Uni, qui ont divisé le pays au XXe siècle en Yémen du Nord et Yémen du Sud.

Après la Première Guerre mondiale, à la suite de la défaite des Ottomans, le peuple yéménite obtint son indépendance en 1918. Cependant, le colonialisme britannique ne fut chassé que par la lutte armée des Yéménites, car le Royaume-Uni ne reconnut officiellement l’indépendance du Yémen qu’en 1928. Dans les faits, il maintint son emprise économique et militaire sur le territoire occupé, établissant Aden comme protectorat puis comme colonie. Ainsi, l’Imamat et le colonialisme britannique dominèrent le Yémen.

Le Yémen revêt une importance cruciale pour le développement capitaliste. Après la Seconde Guerre mondiale, au XIXe siècle, il fut un territoire disputé par les puissances impérialistes, notamment les Britanniques, qui prirent le contrôle du port d’Aden, un point stratégique pour le flux des marchandises en Méditerranée.

La lutte pour le contrôle du Yémen s’explique par sa position géostratégique : c’est un passage obligé pour les marchandises transitant d’Europe par le canal de Suez, naviguant de la mer Rouge à la Méditerranée. Cette réalité persiste aujourd’hui, justifiant les offensives subies par le Yémen en raison des ambitions impérialistes cherchant à sécuriser les routes commerciales.

a) Division du Yémen entre Nord et Sud

En 1940, la lutte armée du peuple yéménite pour la liberté ressurgit avec le mouvement nationaliste « Yémen Libre ». Des années plus tard, ce mouvement prit deux directions distinctes : en 1962, la République arabe du Yémen fut proclamée au Nord, tandis qu’au Sud, en 1963, le Front de libération nationale (FLN) vit le jour. Quatre ans plus tard, en 1967, le FLN prit Aden, proclama l’indépendance et initia une révolution socialiste, donnant naissance en 1969 à la République démocratique populaire du Yémen. Le pays fut ainsi divisé en deux républiques opposées, régies par des systèmes économiques et politiques distincts.

Cette division entre Nord et Sud n’eut pas de conséquences majeures avant la Première Guerre mondiale. Jusqu’alors, les deux régions partageaient une unité linguistique et culturelle. Le tournant survint lorsque le Nord fut envahi par l’Empire ottoman et le Sud occupé par l’impérialisme britannique. Soumis aux desseins d’autres nations, le Yémen connut un développement marqué par des formes de domination différentes : au Nord, des relations coloniales imprégnées de féodalisme persistaient, tandis que le Sud était soumis au capitalisme développé. Cette divergence alimenta les contradictions socio-économiques et influença les méthodes pour les surmonter.

Le Nord vécut un processus long de plus de mille ans sous la tutelle de monarques ou califes, intégré successivement à l’Empire islamique puis à l’Empire ottoman. Les relations de production y étaient essentiellement féodales. Ainsi, en 1918, après la défaite ottomane, il devint le Royaume mutawakkilite du Yémen.

Cette monarchie perdura jusqu’en 1962, lorsque le général Abdullah al-Sallal mena un coup d’État, renversa le monarque et se proclama président. Bien que la résistance monarchique, soutenue par l’Arabie saoudite, persista, les forces républicaines, anti-impérialistes et anticolonialistes, finirent par l’emporter.

La lutte au Nord opposa deux formes de gouvernement : la monarchie et la république. Les républicains, progressistes et anti-impérialistes, subirent une offensive des puissances pro-impérialistes, qui alimentèrent une guerre civile. Ce conflit attira l’attention internationale et déboucha sur la proclamation de la République arabe du Yémen. Les monarchies d’Arabie saoudite, de Jordanie, d’Iran et du Royaume-Uni soutinrent les forces royalistes, formant une coalition impérialiste contre cette petite nation.

Finalement, les républicains résistèrent, mais la nouvelle république traversa une instabilité politique, ouvrant la voie à une possible unification avec le Sud – un processus qui dura près de trois décennies.

Le Sud, quant à lui, était une région plus aride et moins peuplée. Sous protectorat britannique depuis le XIXe siècle, il développa des relations de production capitalistes, permettant l’émergence d’une alternative socialiste portée par les forces communistes.

En 1967, les Britanniques furent chassés par l’insurrection armée des Yéménites, et la République populaire du Yémen du Sud fut proclamée. Dirigée par des forces communistes, elle devint le premier État arabe à adopter le socialisme.

Parmi ses mesures phares :

  • Une réforme agraire.

  • La fermeture des bases britanniques.

  • Le contrôle des banques, du commerce extérieur et de l’industrie maritime.

  • Un soutien inconditionnel à la lutte palestinienne et une opposition au sionisme.

  • Des relations étroites avec l’Union soviétique.

En 1978, le FLN devint le Parti socialiste du Yémen (PSY). Cependant, en 1986, une scission interne déclencha une guerre civile, affaiblissant le Sud et relançant les discussions pour une unification avec le Nord.

b) Unification du Yémen

L’unification marqua un recul pour le PSY. En s’engageant dans le jeu électoral bourgeois, il perdit du terrain face au Nord, qui exploita les riches gisements pétroliers du Sud.

Ce processus débuta en 1989, dans un contexte d’effondrement de l’URSS. L’adoption de la démocratie bourgeoise affaiblit les forces socialistes, tandis que les élites pro-impérialistes prient le pouvoir. L’unification fut une manœuvre impérialiste pour imposer un gouvernement fantoche.

Le 22 mai 1990, la République arabe du Yémen et la République démocratique populaire du Yémen fusionnèrent, donnant naissance à la République du Yémen, avec Sanaa comme capitale politique et Aden comme capitale économique.

Le PSY fut marginalisé politiquement et économiquement, persécuté pour son laïcisme et son idéologie socialiste. Les islamistes et jihadistes, soutenus par l’impérialisme, furent utilisés pour écraser les socialistes.

En 1994, des sécessionnistes soutenus par l’Arabie saoudite proclamèrent une république dans le Sud, mais furent vaincus militairement.

Le gouvernement d’Ali Abdullah Saleh se caractérisa par sa soumission à l’impérialisme, sa corruption et son alignement sur les intérêts des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Cette élite gouvernante s’enrichit sur la misère du peuple, exacerbant les contradictions sociales et préparant le terrain pour les conflits futurs.

II.

Rôle dans la géographie économique

a) Situation géographique

La République du Yémen actuelle est un pays situé au Moyen-Orient, sur la côte sud-est de la péninsule arabique. Il est bordé au nord par l’Arabie saoudite, à l’est par Oman, au sud par le golfe d’Aden et la mer d’Arabie, et à l’ouest par la mer Rouge. Il partage également des frontières maritimes avec l’Érythrée et la Somalie.

Avec une superficie de 527 970 km² et un littoral d’environ 2 000 km, le Yémen compte plus de 200 îles. Sa capitale, Sanaa, est également sa plus grande ville. Le pays compte environ 35 millions d’habitants, presque exclusivement musulmans, divisés entre chiites et sunnites. L’arabe est la langue officielle, l’islam la religion dominante, et le rial yéménite la monnaie nationale. Le Yémen est une république divisée en 20 gouvernorats, eux-mêmes subdivisés en 333 districts, 2 210 sous-districts et 38 284 municipalités.

b) Position géostratégique

Le Yémen fait partie des pays arabes, une région riche en ressources énergétiques, ce qui lui confère un rôle clé dans la division internationale du travail. Cette situation en fait une zone convoitée par les puissances impérialistes, désireuses de sécuriser leur approvisionnement en matières premières.

Historiquement, ces territoires ont été dominés par diverses puissances coloniales et impérialistes, donnant lieu à des guerres de prédation et à des annexions visant à imposer des régimes favorables à l’impérialisme. L’histoire contemporaine regorge de coups d’État orchestrés pour renverser des gouvernements légitimes sous prétexte de « rétablir la démocratie » ou de « lutter contre les dictatures ».

Certains analystes réduisent le monde arabe à des conceptions religieuses ou à un faible développement des forces productives, le qualifiant de « peu civilisé ». Pourtant, les conflits qui s’y déroulent ont avant tout une essence politique et économique.

L’importance du Yémen dans le contexte international actuel tient à plusieurs facteurs :

  • Sa position stratégique pour le commerce maritime mondial.

  • Ses réserves de pétrole et de gaz, encore peu exploitées.

  • Son rôle dans la domination ou la libération du Moyen-Orient et d’une partie de l’Asie.

  • Son importance vitale pour l’économie européenne.

  • Son statut de point névralgique dans la rivalité entre puissances pour le contrôle d’un monde déjà partagé.

Sa localisation géographique, combinée à la croissance économique de l’Asie, en fait un passage obligé pour les marchandises. Le Yémen se trouve au carrefour de routes commerciales reliant l’Asie, l’Afrique de l’Est et la Méditerranée. Ses côtes, baignées par la mer d’Arabie et la mer Rouge, lui permettent de contrôler le détroit de Bab-el-Mandeb, un point crucial pour le commerce maritime mondial.

L’importance du détroit de Bab-el-Mandeb

Bab-el-Mandeb est un passage clé reliant l’océan Indien à la Méditerranée via la mer Rouge et le canal de Suez. Environ 12 à 15 % du commerce mondial transite par ce détroit, dont :

  • 30 % du commerce mondial de conteneurs.

  • 20 % des exportations mondiales de riz.

  • 15 % des exportations mondiales de blé.

  • 40 % des échanges Asie-Europe.

  • 5 millions de barils de pétrole par jour (soit environ 57 navires transportant du pétrole brut et du gaz naturel liquidé).

En termes de valeur, près de 800 milliards de dollars de marchandises transitent chaque année par ce détroit.

Bab-el-Mandeb est l’un des principaux « goulots d’étranglement » du trafic maritime mondial. Il relie le golfe d’Aden (mer d’Arabie) au sud à la mer Rouge au nord, puis à la Méditerranée via le canal de Suez. Sa largeur minimale n’est que de 30 km, séparant les côtes yéménites de celles de Djibouti et de l’Érythrée.

L’impact du contrôle du Yémen sur le commerce mondial

Le transport maritime représente :

  • Plus de 90 % du volume du commerce mondial.

  • 70 % des approvisionnements en pétrole et gaz.

  • 60 % des approvisionnements alimentaires mondiaux.

Les principaux points de passage stratégiques sont :

  1. Bab-el-Mandeb

  2. Détroit de Malacca

  3. Détroit d’Ormuz

  4. Bosphore et Dardanelles

  5. Canal de la Manche

  6. Canal de Suez

  7. Canal de Panama

Une perturbation de l’un de ces points aurait des répercussions majeures sur l’économie mondiale.

Le Yémen, un enjeu géopolitique majeur

Aujourd’hui, le détroit de Bab-el-Mandeb est partiellement contrôlé par Ansarallah (les Houthis), un mouvement opposé aux puissances occidentales. Cette situation influence la transition d’un monde unipolaire vers un monde multipolaire.

Le contrôle de la mer Rouge permet de dominer le nord de l’océan Indien et, indirectement, le canal de Suez. Chaque jour, près de 10 milliards de dollars de marchandises transitent par Suez, soit 3 650 milliards par an. Si ce flux est perturbé, l’Europe subirait une crise économique profonde, avec une inflation galopante et des ruptures d’approvisionnement.

Le Yémen occupe donc une position comparable en importance à celle de la mer de Chine méridionale, du golfe Persique ou de la Méditerranée. Paradoxalement, c’est aussi le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Militarisation et enjeux impérialistes

Les intérêts économiques et politiques ont conduit à une forte militarisation de la région. Les puissances capitalistes maintiennent une présence militaire massive pour assurer leur domination :

  • Djibouti abrite des bases militaires permanentes des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et de la Chine.

  • Les États-Unis, principal acteur de cette militarisation, déploient des forces navales et terrestres pour protéger leurs intérêts.

Dans ce contexte, le Yémen mène une guerre anti-impérialiste, anticolonialiste et antisioniste, face à une coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, soutenue par les États-Unis et Israël.

Dans le contexte exposé, Ansarollah se distingue comme un acteur ayant surpris le monde ; il a défié l’impérialisme et ses instruments d’ingérence régionaux ; il a donné l’exemple aux peuples du monde en montrant ce que signifie exprimer la solidarité avec le peuple palestinien, victime de la guerre génocidaire et d’extermination menée par le sionisme avec le soutien de l’impérialisme ; et il a réaffirmé la guerre de guérilla comme tactique efficace pour combattre et vaincre un ennemi plus puissant.

III

Mouvement Populaire Ansarallah, Zaydites ou Houthis

a) Racines et origine

Leurs racines historiques remontent à plus de mille ans, lorsque la fracture entre chiites et sunnites est survenue dans l’islam après la mort du prophète Mahomet en l’an 632 de notre ère. Cette fracture trouve son origine dans une lutte de pouvoir : il n’y eut pas de consensus sur la succession du califat islamique, alors autorité gouvernante.

Deux positions opposées, avec des arguments divergents, s’affrontèrent ; depuis lors, le monde musulman reste divisé entre chiites et sunnites. Aujourd’hui, les sunnites constituent 87 % de la population musulmane, tandis que les chiites en représentent 13 %. Au Yémen, 53 % de la population pratique l’islam sunnite, contre 46,9 % l’islam chiite.

Les zaydites, houthis ou Ansarallah proviennent de la branche chiite. Ils ont des antécédents remontant au VIIe siècle et ont gouverné le nord du Yémen pendant plus de mille ans à travers un imamat, jusqu’à leur renversement en 1962. Ils ont alors replié leur pouvoir à Sa’dah, dans le nord du Yémen, d’où, marginalisés, ils ont progressivement élargi leur base de soutien jusqu’à devenir ce qu’ils représentent aujourd’hui.

Le mouvement houthi est né dans le nord du Yémen dans les années 1990. Ses racines se trouvent dans la dénonciation et la mobilisation contre l’occupation impérialiste. Il s’est initialement structuré en tant qu’organisation religieuse appelée « Jeunesse Croyante », fondée par la famille al-Houthi. Leur travail consistait à promouvoir la renaissance zaydite à travers des activités éducatives et sociales.

L’activisme du mouvement houthi est né de la dénonciation et de la lutte contre l’influence promue par les Saoudiens, laquelle représentait en réalité l’influence impérialiste. Par la suite, des affrontements avec les forces de sécurité ont éclaté lorsqu’ils commencèrent à protester devant les mosquées salafistes situées à Sanaa.

Les revendications du mouvement houthi sont de nature économique, sociale et politique, et pas uniquement religieuse. Il est donc imprécis de réduire leur développement à un simple facteur religieux.

Sur le plan religieux, ils professent une branche de l’islam ; idéologiquement, ils s’appuient sur le zaydisme, une expression de l’islam associée à la lutte pour la justice, à la défense de l’éthique musulmane et à une meilleure préparation de leurs membres ; politiquement, ils adoptent une position anti-occidentale, donc anti-impérialiste, antisioniste, anti-saoudienne, par conséquent anti-monarchique et anticoloniale, et en faveur de la Palestine.

Ils luttent pour la liberté du Yémen du joug étranger, cherchent à construire une nation islamique militairement et économiquement indépendante, et promulguent au sein de leurs rangs une politique anti-américaine et antisioniste résumée par le slogan : « Mort aux États-Unis et à Israël ».

Les zaydites, aujourd’hui connus sous le nom de houthis en l’honneur de leur leader — le religieux Hussein al-Houthi — tombé au combat en 2004 alors qu’il luttait contre les forces de sécurité, sont politiquement reconnus comme le Mouvement Populaire Ansarallah — les partisans de Dieu. Ils se sont forgés comme force politico-militaire dans la lutte contre le gouvernement pro-occidental et pro-saoudien d’Ali Abdullah Saleh.

Ansarallah a traversé une lutte acharnée et sanglante. D’abord en défendant leur base de soutien — Sa’dah — à travers une lutte strictement défensive fondée sur la guerre de guérilla ; ensuite, une phase de lutte défensive-offensive dans le même cadre de guérilla en vue de prendre le pouvoir ; pour enfin passer à l’offensive et s’emparer du pouvoir dans le nord du Yémen.

En parallèle, ils ont mené la lutte armée contre les forces étrangères dirigées par l’Arabie saoudite ; contre Israël, les Émirats arabes unis ; la coalition internationale dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni ; ainsi que contre les armées mercenaires de l’impérialisme, telles que l’EI (Daech) et Al-Qaïda.

Il est clair que le mouvement houthi possède une longue histoire de lutte et de résistance, un processus intimement lié à la lutte des classes au niveau mondial et au développement des forces productives.

b) Offensive impérialiste menée par l’Arabie saoudite

En mars 2015, les Houthis ont été attaqués par une coalition de neuf pays arabes dirigée par l’Arabie saoudite. Cette agression a débuté par des bombardements aériens dans le cadre de l’opération « Tempête décisive », visant à détruire les capacités militaires des Houthis. Cette opération a été suivie par le déploiement de troupes terrestres, principalement des soldats émiratis, sous l’appellation « Opération Restaurer l’espoir », avec pour objectif d’expulser les Houthis du sud du Yémen.

La campagne terrestre n’a pas atteint les résultats escomptés par la coalition. Bien que les Houthis aient été repoussés du sud, ils ont conservé le contrôle de Sanaa et de la majeure partie du nord du pays. La coalition continue ses opérations militaires, mais la résistance houthie reste active, menant régulièrement des attaques contre les positions de la coalition et lançant des missiles sur le territoire saoudien.

La guerre au Yémen a entraîné une crise humanitaire majeure. Le blocus imposé par la coalition a provoqué une famine affectant sévèrement plus de 11,3 millions de Yéménites, dont de nombreux enfants. Depuis le début du conflit, on estime que 377 000 personnes sont mortes, dont 60 % en raison du manque d’eau, de nourriture et de soins médicaux.

Les Houthis, initialement une force armée limitée, ont considérablement renforcé leurs capacités militaires au fil des années. Ils disposent désormais de drones à longue portée, de missiles de croisière et balistiques, de bateaux kamikazes et de mines marines. Ils ont également développé leurs propres drones et missiles, tels que le missile « Palestine », avec une portée et une capacité de détonation significatives.

Ce développement militaire rapide a été rendu possible grâce à la solidarité de leurs alliés dans la région, notamment l’Iran, bien que les Houthis revendiquent une autonomie dans leurs opérations. Le facteur humain, avec une forte mobilisation et une formation accrue de leurs membres, a également joué un rôle clé dans cette évolution.

c) Résistance anti-impérialiste et solidarité avec le peuple palestinien

Le mouvement Ansar Allah (Houthis) a mené plusieurs phases de lutte armée depuis 2004, initialement contre le gouvernement d’Ali Abdullah Saleh, puis contre l’intervention étrangère menée par l’Arabie saoudite et ses alliés. En 2015, après avoir pris le contrôle de Sanaa et d’autres régions clés, les Houthis ont été confrontés à une offensive majeure de la coalition. Malgré cela, ils ont réussi à maintenir leur emprise sur le nord du pays.

En 2022, sous la pression internationale, un cessez-le-feu a été instauré, marquant le début d’un processus de négociation de paix. Cependant, la situation reste tendue, avec une division de facto du pays : le nord est contrôlé par le gouvernement de salut national dirigé par les Houthis, tandis que le sud et l’est sont sous l’influence des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite.

Depuis octobre 2023, en solidarité avec le peuple palestinien, les Houthis ont lancé des offensives contre Israël, ciblant notamment des navires israéliens, américains et britanniques en mer Rouge. Ces actions visent à perturber les routes commerciales et à exprimer leur opposition au sionisme, qu’ils considèrent comme une forme moderne de fascisme.

Le mouvement houthi se positionne clairement comme une force anti-impérialiste, antisioniste et anticolonialiste. Leur lutte ne se limite pas à des considérations religieuses, mais s’inscrit dans une opposition plus large aux ingérences étrangères et à l’exploitation des ressources locales par des puissances extérieures.

d) Spectre politique actuel

En termes de gouvernance, il existe deux entités au Yémen :

  • Un gouvernement intérimaire, légitimé par le peuple yéménite.

  • Un autre soutenu par des forces étrangères qui occupent le sud et l’est du pays.

Dans le territoire libéré — au nord du Yémen —, on retrouve les forces politiques suivantes :

  • Le Gouvernement de Salut National, le Parlement, le Conseil Politique Suprême et la direction révolutionnaire, entre autres organes de pouvoir constituant l’État yéménite.

  • Ansar Allah.

  • Le Conseil Shura du Yémen.

  • Le Mouvement du Sud.

  • Le Parti Socialiste Yéménite.

  • Le Parti du Progrès National.

  • L’Alliance des Partis et Forces Politiques contre l’Agression.

  • La Réunion Commune.

Toutes ces entités, en coordination, font partie du gouvernement et de l’État. Elles adoptent une posture pro-palestinienne, antisioniste, anti-impérialiste, anti-occupation et en faveur de l’unité nationale. En termes généraux, Ansar Allah contrôle une zone où réside environ 80 % de la population, un territoire cogouverné par les forces mentionnées ci-dessus.

Les provinces du sud et de l’est sont occupées par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Les tribus et forces collaboratrices avec l’occupation, considérées comme mercenaires, sont :

  1. Les principales tribus de la province de Lahij, notamment Alqmah, Al-Ka’Allah et Al-Shbeykah ; ainsi que la tribu Al-Jubeiha.

  2. Le Conseil de Transition du Sud (CTS).

  3. La milice « Nation Shield », affiliée à l’occupation.

  4. La milice « Bouclier de la Nation », dirigée par le mercenaire extrémiste Bashir Al-Mudribi Al-Sabaihi.

  5. La « Quatrième Brigade Hazm », affiliée au CTS et financée par les Émirats arabes unis.

  6. Le Parti Islah.

  7. Le Gouvernement Internationalement Reconnu (PLC).

  8. Le Gouvernement de transition.

Toutes ces forces opèrent depuis Aden occupée, dans le sud et l’est du Yémen. Ce sont des forces mercenaires, instruments des envahisseurs et de l’impérialisme. Elles s’affrontent régulièrement entre elles, en conflit pour le contrôle du butin et du pouvoir, choisissant leur camp entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, selon leur créateur, sponsor ou meilleur payeur. Ensemble, elles exercent l’oppression de l’occupation et du néocolonialisme.

De fait, dans les territoires occupés, les deux principaux instruments du pouvoir néocolonial sont le CTS et le PLC. L’Arabie saoudite a créé le PLC, tandis que les Émirats arabes unis ont mis sur pied le CTS dans le but de piller le pétrole et le gaz.

Le PLC, le CTS et leurs factions affiliées contrôlent les provinces riches en ressources, ainsi que la quasi-totalité des ports principaux et des voies navigables du Yémen : Aden, Socotra, la côte ouest, Shabwa, et aussi Hadramout à l’est. Dans ce partage du butin, les EAU contrôlent 12 ports yéménites répartis d’est en ouest. Tous ces points sont utilisés pour le pillage des richesses du peuple yéménite, principalement le gaz et le pétrole.

Le pillage du pétrole et du gaz est massif. Ces ressources alimentent les finances de l’impérialisme et de ses valets, finançant la guerre et le génocide contre le peuple yéménite. Ce pillage est l’illustration claire des guerres de rapine menées par l’impérialisme dans le monde.

Un exemple révélateur de l’ampleur du pillage impérialiste est le suivant : le PLC déclare que les exportations pétrolières du Yémen sont passées de 6,672 millions de barils en 2016 à 25,441 millions en 2021, une quantité exorbitante en termes de valeur monétaire. On parle également de plus de 2,6 millions de barils de pétrole volés par mois. Ce pétrole est expédié à Singapour et aux États-Unis. Toutefois, dans cette entreprise de rapine, les pilleurs sont un groupe de nations impérialistes et leurs valets, notamment : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

Il est évident que l’accumulation primitive est l’un des objectifs principaux de cette guerre de rapine menée par l’impérialisme et ses valets au Yémen. Le pillage a toujours été un facteur essentiel qui soutient l’économie de ces sangsues impérialistes. Cela explique pourquoi l’économie des États-Unis, bien que très endettée, ne s’effondre pas : l’impérialisme se nourrit du pillage et de l’exploitation des peuples.

Les gouvernorats occupés du Yémen soumis à cette politique néocoloniale sont : Aden, Shabwa, Lahij, Abyan, Hadramout, Al-Dhale et l’île de Socotra. Dans toutes ces régions, les crimes, l’extorsion, la corruption et le détournement de fonds publics sont monnaie courante. Le pillage est quotidien. La population y subit une crise économique profonde, notamment une inflation galopante. À titre d’exemple : un dollar équivaut à 1 347 rials dans les territoires occupés, qui connaissent aussi une grave crise de liquidité.

Les nations étrangères impliquées dans l’agression, l’occupation et le néocolonialisme au Yémen sont :

Principaux agresseurs :

  • États-Unis d’Amérique

  • Royaume-Uni

  • Israël

  • Arabie Saoudite

  • Émirats Arabes Unis

  • Bahreïn

Participants aux bombardements :

  • Koweït

  • Égypte

  • Jordanie

  • Maroc

Soutien aux offensives terrestres :

  • Sénégal

  • Mali

  • Kenya

  • Colombie

Soutien logistique, armement et renseignement :

  • France

  • Allemagne

  • Italie

  • Espagne

Proportion d’armes, territoires et bases :

  1. Pakistan

  2. Érythrée

  3. À un moment donné, Djibouti

En janvier 2024, les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé le Yémen depuis la mer Rouge. Ce geste manifeste leur échec à atteindre leurs objectifs impérialistes par l’intermédiaire de leurs mandataires saoudiens et émiratis. Incapables de neutraliser la résistance anti-impérialiste dirigée par Ansar Allah, ils ont été contraints de révéler leur implication directe dans l’agression contre le peuple yéménite. Leur objectif est clair : défendre leur chien de garde israélien, occuper directement les territoires contrôlés par Ansar Allah, prendre le contrôle du détroit de Bab el-Mandeb et piller directement le pétrole et le gaz du Yémen.

f) Corrélation des forces

La corrélation des forces, en ce moment, est favorable à Ansarallah. De facto, c’est la force politique qui contrôle le gouvernement en place dans le nord du Yémen. Elle est parvenue à structurer un État et à unifier sous une même vision l’ensemble des forces opérant dans cette région. Surtout, elle a gagné le soutien des masses populaires.

En ce qui concerne la lutte anti-impérialiste, antisioniste, pour la souveraineté du pays et la solidarité avec le peuple palestinien, le cours de la guerre favorise le peuple yéménite, le gouvernement de Sanaa et Ansarallah.

Ansarallah s’étend également dans le sud et l’est du Yémen occupé ; l’unité nationale est ressentie comme un besoin palpable par le peuple yéménite ; la haine envers les occupants et les impérialistes est partagée avec ferveur par les masses populaires ; les forces mercenaires et collaborationnistes impliquées dans l’occupation entrent en contradiction entre elles pour le partage du butin.

La campagne militaire menée par les Houthis et le gouvernement établi à Sanaa, en solidarité avec la Palestine, en est à sa quatrième phase et dépasse désormais la mer Rouge, s’étendant à la Méditerranée et à l’océan Indien. La coalition impérialiste stationnée en mer Rouge, affaiblie par les frappes de la résistance yéménite, s’est repliée vers le nord ; le blocus maritime contre Israël a eu des effets majeurs et très efficaces sur le sionisme et l’impérialisme.

La tactique développée par les Houthis et le gouvernement de Sanaa, consistant à frapper et à bloquer les intérêts économiques du sionisme ainsi que ceux de l’impérialisme, s’est avérée efficace. Avec une force inférieure en termes militaires, ils ont réussi à entraver les intérêts impérialistes en mer Rouge, à frapper le sionisme israélien, la machine de guerre américaine et britannique, et à infliger un revers significatif à l’arrogance et à l’hégémonie impérialistes.

Les coups portés aux navires de guerre américains et britanniques, aux emblèmes considérés comme intouchables de leurs marines respectives, marquent la défaite de l’hégémonie impérialiste dans cette région du monde et font tomber le mythe de l’invincibilité des machines de guerre impérialistes.

La réduction de 65 % du volume du trafic de conteneurs en mer Rouge, conséquence de l’initiative militaire du peuple yéménite, reflète l’ampleur de l’impact sur le sionisme israélien et la réputation de l’impérialisme dans cette partie du monde. Il n’y a pas d’avenir positif pour l’impérialisme au Yémen.

IV

Conclusion

Le Yémen est resté souvent inaperçu à travers plusieurs moments de l’histoire. Cependant, malgré son faible niveau de développement, étant classé parmi les nations les plus pauvres d’Asie et du monde arabe, son importance actuelle est considérable, car c’est en son sein qu’est né le Mouvement Houthi, un acteur politique qui organise la lutte anti-impérialiste, anticoloniale et antisioniste, et qui exprime une solidarité inconditionnelle avec la résistance du peuple palestinien.

Le peuple yéménite lutte pour forger son destin en tant que nation libre du joug impérialiste et du néocolonialisme, et il donne une leçon de solidarité au peuple palestinien dans sa résistance contre le sionisme.

Parmi les forces populaires qui se distinguent, celle qui a réussi à construire son hégémonie par la lutte armée est Ansarallah. De facto, c’est la force qui gouverne la partie nord du Yémen, à travers la mise en place d’un gouvernement appelé Gouvernement de Salut National et la structuration du pouvoir à travers plusieurs organes qui intègrent différentes forces opérant dans le nord et qui, d’une manière ou d’une autre, partagent la vision du pays promue par les Houthis. Bien qu’Ansarallah ne soit pas une force communiste, cela ne lui enlève pas son caractère révolutionnaire. Le moment historique concret que traverse le peuple yéménite – victime de la guerre impérialiste, de l’occupation néocoloniale menée par de vieilles monarchies, et de l’agression sioniste – fait que la lutte armée contre le gouvernement pro-impérialiste renversé par Ansarallah, contre le néocolonialisme, l’impérialisme et en solidarité avec le peuple palestinien, soit une expression d’une posture révolutionnaire.

Les motivations mesquines de la guerre impérialiste et de l’occupation néocoloniale menée par ses valets n’ont pas porté leurs fruits. Progressivement, avec la volonté populaire de lutter, la lutte armée comme forme principale développée par les détachements armés du peuple yéménite et le gouvernement établi à Sanaa a permis de faire échouer les plans impérialistes. Cependant, la lutte n’est pas encore terminée : le sud et l’est du Yémen sont encore occupés par les valets de l’impérialisme, et la menace d’une escalade de l’agression impérialiste des États-Unis et du Royaume-Uni plane sur l’océan Indien.

Si la dynamique actuelle des forces se maintient, la défaite de l’impérialisme et de ses valets est imminente. Le plus que l’impérialisme puisse faire sur ce front de guerre est de retarder la victoire du peuple yéménite et de différer l’unité nationale de celui-ci. En d’autres termes, l’impérialisme et ses valets sont condamnés à l’échec dans la guerre qu’ils ont déclenchée contre le peuple yéménite.

Partido Democratico Popular Revolucionario (PDPR)

Ejercito Popular Revolucionario (EPR)

PDPR-EPR, 2025, Mexique

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