L’importance de l’amnistie dans la lutte contre l’État fasciste (Espagne)

L’amnistie a toujours été l’une de nos principales revendications. C’est pourquoi, en ce jour où l’on commémore la mort de Franco, il nous semble fondamental d’expliquer l’importance de l’amnistie dans la lutte contre l’État fasciste espagnol.

L’amnistie est une revendication historique, qui figure depuis 1939 dans les programmes des différentes organisations populaires. Malheureusement, contrairement à ce que l’on aurait pu espérer, après la mort de Franco, les centaines de combattants antifascistes qui se trouvaient dans les prisons du régime n’ont pas été automatiquement libérés. Bien au contraire. La mort de Franco a marqué le début de la Transition et d’une répression féroce contre toutes les organisations qui s’opposaient à la politique de continuité et qui n’étaient pas disposées à faire table rase de 40 ans de dictature brutale, marquée par la mort, la torture et la répression de toutes sortes.

C’est pourquoi, le 20 novembre 1975, une lutte très importante pour l’amnistie a de nouveau été déclenchée. S’ils étaient devenus si démocratiques du jour au lendemain, pourquoi ne libéraient-ils pas tous les antifascistes qui étaient encore emprisonnés ? Après plusieurs années de luttes intestines dans la rue, le mouvement populaire réussit en 1977 à faire sortir de prison certains de ces combattants, forçant le régime à approuver plusieurs décrets d’amnistie partielle. Tous les prisonniers politiques n’ont pas été libérés, et non seulement cela, mais on en a profité pour inclure dans ces décrets l’exonération de responsabilité pénale de tous les tortionnaires et hauts dirigeants fascistes. De plus, bien qu’elle ait libéré des centaines de combattants, cette amnistie ne s’est pas accompagnée d’un véritable changement de régime. Les secteurs populaires n’ont pas obtenu de véritables droits et libertés et, bien sûr, il n’y a eu ni justice, ni réparation pour toutes ces années de répression fasciste.

Aujourd’hui, 50 ans plus tard, non seulement la situation n’a pas changé, mais elle ne fait qu’empirer. La répression ne se concentre plus sur les membres des organisations révolutionnaires, mais s’étend à des couches de plus en plus larges du mouvement populaire.

C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est fondamental de reprendre le combat pour l’amnistie totale. L’amnistie implique la reconnaissance par l’État que les personnes emprisonnées ou victimes de représailles n’auraient jamais dû subir cette répression, car leur lutte est légitime. Elle doit être totale, quelle que soit l’organisation dont elles sont issues et les méthodes de lutte qu’elles ont utilisées.

Et elle doit obligatoirement s’accompagner d’une reconnaissance réelle des droits et libertés qui nous sont systématiquement refusés. De même, elle doit s’accompagner d’une réparation réelle des dommages causés aux organisations et aux militants antifascistes qui ont subi des tortures, des assassinats et des persécutions de toutes sortes, et cela passe par la punition exemplaire de tous ceux qui ont participé directement ou indirectement à tous ces crimes. On ne peut pas faire table rase de la répression, il ne suffit pas de retirer quatre médailles symboliques. Il faut une véritable justice et une véritable réparation.

Pour toutes ces raisons, nous considérons que la lutte pour une véritable amnistie totale, accompagnée de véritables droits et libertés, est le fer de lance de la lutte antifasciste et contre ce régime, auquel nous devons mettre fin, quoi qu’il en coûte. Car le fascisme n’admet pas de réformes. Ni aujourd’hui, ni il y a 50 ans, ni jamais.

À bas le régime !

Nous luttons pour l’amnistie totale !

À bas l’État fasciste !

Plateformes anti-répressives de Barcelone et Ponent

Novembre 2025

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