supernova n.3 2023
Selon les moments, le présent semble comme « immobile », figé, traversé par une absence de mouvements, de luttes. Dans ces périodes, il émerge également des courants de pensées, des actions et des pratiques, cherchant à rompre avec ce présent « immobile ». Les perspectives présentées comme « nouvelles », comme en rupture sont néanmoins parfois empreintes de ce qu’a traversé l’histoire dans des mouvements antérieurs. Ce qui apparaît comme des solutions « nouvelles » ne sont parfois que des résurgences de ce qui s’est déjà posé dans les mouvements antérieurs.
C’est pourquoi il est nécessaire de comprendre les limites de tout mouvement et de revenir sur ces périodes antérieures. Et ce afin de poser des perspectives pour aller vers le dépassement et la rupture.
La perspective d’un dépassement du marxisme a toujours conduit aux formes que le mouvement communiste révolutionnaire avait déjà directement critiquées et dépassées : réformisme, légalisme, ouvriérisme, spontanéisme, syndicalisme…
Les vagues révisionnistes qui ont frappé le marxisme et le mouvement ouvrier ont été multiples et avec des connotations ou des aspirations qui ne sont parfois pas directement conservatrices et réactionnaires.
Nous menons donc un travail critique pour contrer toutes les influences politiques contre- révolutionnaires qui s’établissent au sein du prolétariat.
Ce travail politique et ces critiques font partie de la lutte politique que doit mener tout communiste.
Nous commençons donc un cycle de matériel critique sur l’un des courants « extrémistes » les plus controversés qui ont émergé ces dernières années : l’opéraïsme italien, qui a donné vie sous différentes formes au mouvement autonome.
Critiquer ses présupposés théoriques ne signifie pas occulter le travail politique, l’action de milliers de camarades qui, à différentes époques et dans différents pays, ont été réalisé. Nous ne critiquons pas la générosité, la tentative de briser « la cage du présent », mais cela ne signifie pas pour autant adoucir la critique et ne pas mener ce travail pour identifier les limites objectives de ces tentatives.
Ces dernières années, plusieurs rééditions de documents sur l’opéraïsme italien, souvent apologétiques, sont parues en France.
Le destin des courants romantiques (anarchistes, ouvriéristes, autonomistes) est de toujours apparaître purs, où le rejet de la politique n’est pas lié à la praxis révolutionnaire mais à l’incapacité de comprendre et d’affronter les rapports de force pour mener la guerre révolutionnaire dans la lutte de classe.
Les hypothèses de ce courant, qui renvoient aux anciennes théories syndicalistes révolutionnaires, humanistes, socialistes et irrationalistes, ont été et sont toujours la base sur laquelle repose les « mouvements de protestations, de contestations » culturels et populistes modernes.
Prenons comme points de référence pour développer une critique de l’opéraïsme italien trois auteurs qui représentent à des étapes et à des moments différents des points les plus avancés : Ranerio Panzieri, Mario Tronti et Toni Negri.
Ces trois auteurs ont des origines politiques différentes qui sont indépendantes les unes des autres. Cependant, il existe une racine commune qui, à différentes périodes, s’éloigne de plus en plus du marxisme.
Les groupes de cette expérience ne peuvent évidemment pas être réduits à ces auteurs, pourtant leurs écrits ont été pris comme modèle interprétatif principal par le courant opéraïste lui-même1.
La production et l’apparition même des différents textes sont liées à certaines périodes de l’histoire italienne : le boom économique et les déséquilibres de la société italienne dans la période d’après-guerre, le long mai italien (les années 1970), les processus de crise que le parti communiste italien (le plus important parti communiste d’Europe occidentale) et le parti socialiste italien ont traversés.
Panzieri est le père fondateur de l’opéraïsme. Il était un socialiste lié aux idées du socialisme humaniste de Rodolfo Morandi (représentant du courant de gauche du Parti socialiste italien après la Seconde Guerre mondiale).
Vers la fin des années 1950, Panzieri, un certain nombre d’intellectuels et de syndicalistes sont impressionnés par le développement fulgurant du système d’usine ultramoderne qui a attiré dans le processus de production des millions de jeunes travailleurs arrachés à leurs origines (du sud de l’Italie).
Plus encore, ils ont été impressionnés par la contradiction entre une classe ouvrière extrêmement combative et l’environnement politico-syndical encore lié au compromis démocratique lié à la reconstruction du pays sorti vaincu de la Seconde Guerre mondiale.2
Capitalisme et machinisme
Le point de départ de la réflexion de Panzieri est la centralité du rapport de production et la critique de la prétendue neutralité du développement technico-scientifique. Panzieri conteste l’idée d’une rationalité du processus de production distincte des besoins de l’accumulation capitaliste.
Cet usage capitaliste des machines n’est pas une déviation par rapport à un développement pour ainsi dire « normal » de la croissance capitaliste, mais détermine le développement technologique et, avec lui, l’assujettissement de l’ouvrier à la machine elle–même, laquelle est la personnification du despotisme d’usine sur l’ouvrier devenu désormais appendice de celle–ci.
L’habileté de l’ouvrier dans le maniement d’un outil parcellaire ne compte plus dans la mesure où la technologie incorporée dans le système capitaliste devient « habileté » particulière de masse de l’ouvrier au service d’une machine particulière qui l’enchaîne.
Le progrès du capital se présente comme l’existence du capital et le processus d’industrialisation prend en charge des couches toujours plus avancées du progrès technologique, d’où la nécessité d’un plan pour lier les travailleurs au système de machines qu’est l’usine.
Il est ainsi affirmé que la tendance de la lutte des travailleurs va vers des formes managériales, c’est-à-dire vers la gestion du pouvoir politique et économique dans l’entreprise et dans l’ensemble de la société. La lutte, la revendication de contrôle des travailleurs, investit l’ensemble de la société, selon Panzieri.
Ces thèses « managériales » font écho à certaines des idées que Gramsci avait formulées dans les années 1920 dans le journal l’Ordine Nuovo3 de Turin, en Italie.
Rappeler le marxisme signifie utiliser l’héritage théorique du mouvement communiste, et lui faire faire ce saut dialectique que la réalité impose. Apparemment, c’était un retour à Marx, mais pour le marxisme, le travail collectif du travailleur est aspiré par ce Moloch qu’est le capital fixe (machines) et qui s’accumule au détriment du travail vivant (travailleurs), pour arriver à la perspective non pas de la domination du travail vivant sur le travail mort (thèse managériale), mais du fait que le développement des machines et de l’automatisation prépare la société à la disparition de la mesure du temps de travail en valeur.
Un deuxième point de la réflexion de Panzieri est l’attaque contre le positivisme vulgaire qui considérait la crise mortelle du système comme un fait inéluctable, lié au simple développement quantitatif des forces productives4.
Dans cette période historique, la polémique de Panzieri était dirigée contre l’utilisation instrumentale, qui était faite au sein du mouvement ouvrier, du discours sur le caractère objectif et nécessaire des lois qui régissent le développement capitaliste, utilisation instrumentale qui tendait à occulter ou à faire oublier la contradiction entre le capital et le travail et l’urgence de favoriser l’organisation du contrôle ouvrier sur l’ensemble du processus de production.
Les prémisses étaient bonnes, une critique de l’immobilisme et du fatalisme d’une certaine gauche, mais elle arrivait à des conclusions faibles déjà critiquées par Lénine lui-même…5
Les progrès de la technologie constituent donc le mode d’existence même du capital ; ils sont son mouvement d’expansion lui-même. Au fur et à mesure que l’industrialisation s’empare de stades technologiques toujours plus avancés, l’autorité du capitaliste s’accroît. La planification est donc étroitement liée, dans le capitalisme, à un emploi toujours croissant des machines. Pour Panzieri, le développement du capital n’était pas celui du capital financier, mais celui du capitalisme planifié.
Avec la planification généralisée, selon les conclusions de Panzieri, toute trace de l’origine et de la racine du processus capitaliste disparaît, car le mode de production inconscient et anarchique est radicalement dépassé.
On en conclut que les contradictions immanentes ont perdu leur caractère naturaliste, propre à la phase compétitive : les contradictions imminentes ne sont pas dans les mouvements du capital, elles ne sont pas internes au capital : la seule limite au développement du capital n’est pas le capital lui-même, mais la résistance de la classe ouvrière.
Cette conclusion de Panzieri opère une totale révision de l’énoncé marxiste selon lequel « le véritable obstacle de la production capitaliste, c’est le capital lui–même » et en même temps attaque les fondements méthodologiques de la démarche dialectique de la critique de l’économie politique.
La dialectique du mode d’exposition préconisé par Marx consiste dans la compréhension du mouvement des catégories comme mouvement auto-contradictoire du capital, comme autocritique du système dans les limites de sa propre objectivité catégorielle, du point de vue bourgeois lui–même.
Une autocritique qui renvoie au caractère historique, donc à la caducité, du mode de production basé sur l’échange de marchandises.
Pour Marx : « il existe par dessus tout une limite, non inhérente à la production en général mais à la production basée sur le capital » (Grundrisse). L’horizon de cette limite, qui est représentée par le capital lui–même, le mouvement auto contradictoire du capital est exposé par Marx dans la dialectique limites/obstacle : « Tout d’abord : le capital contraint les travailleurs à dépasser la limite du travail nécessaire pour produire une plus–value. Ce n’est qu’ainsi, qu’il se valorise et crée la plus–value. Mais d’autre part, il pose le travail nécessaire seulement dans la mesure où et pour autant qu’il est du surtravail et que celui–ci, à son tour, est réalisable comme plus–value. Il pose donc le sur-travail comme condition du travail nécessaire et la plus–value comme limite du travail objectivé, de la valeur en général. Tant qu’il ne peut pas poser ce dernier il ne pose pas non plus le premier, pas plus qu’il ne peut le faire sur la base de celui—ci. Il limite donc – par un obstacle artificiel – le travail et la création de valeur, et il le fait pour la même raison et dans la mesure où il crée le sur-travail et la plus–value. Il pose donc, du fait de sa nature, un obstacle au travail et à la catégorie de valeur, lequel contredit sa tendance à s’étendre au–delà de toutes limites. Mais précisément parce que d’une part il pose un obstacle spécifique et que d’autre part il tend à dépasser tous les obstacles, il est la contradiction vivante. », parce que la valeur constitue la base du capital, poursuit Marx, et que celui–ci existe nécessairement seulement pour autant qu’il réalise un échange avec un équivalent, il doit nécessairement procéder à un mouvement répulsif vis–à–vis de lui–même.
Un Capital universel qui n’aurait pas en face de lui d’autres capitaux avec qui échanger – et du point de vue actuel il n’a rien d’autre en face de lui que le travail salarié ou lui–même – est pour cette raison une absurdité.
La répulsion réciproque des capitaux est déjà impliquée dans le capital en tant que valeur d’échange réalisée. Il est évident que la profonde signification dialectique (en aucune façon réductible à une allégorie ou une métaphore) de cet exposé disparaît si la limite du développement du capital n’est pas constituée par le capital lui–même.
Si la dialectique limite/obstacle disparaît, c’est–à–dire la possibilité pour le capital de s’auto-contrarier, c’est également le mouvement du capital qui disparaît et par conséquent la possibilité théorique elle–même d’une critique de l’économie politique.
L’enquête ouvrière et la sociologie bourgeoise
Pour Panzieri, la dépendance des travailleurs à la machine se diffuse dans toute la société. Panzieri utilise alors la sociologie bourgeoise comme un outil scientifique pour analyser et acquérir une connaissance de l’ouvrier, du travail dans l’usine comme moyen pour arriver au socialisme et dépasser le capital.
Il est possible, selon lui, d’utiliser la sociologie « bourgeoise » comme un moyen de comprendre la classe ouvrière. Il pose le fait que c’est le moyen pour « relier » les intellectuels et les travailleurs. Le rapport à la lutte, aux contradictions internes à la classe, entre classe et capital est abandonné. De nombreux récits de vies, de descriptions de la condition ouvrière en sont ainsi issus.
Panzieri reprend l’outil de l’« enquête ouvrière » dont le but est la connaissance du type de conscience que les travailleurs ont d’eux–mêmes, ou de leurs attitudes politiques particulières. Diverses questions sont donc posées aux ouvriers afin de refléter et de faire remonter un jugement. C’est une démarche idéaliste dans la mesure où cela suppose qu’il est possible d’étudier les rapports entre la connaissance, le jugement et le comportement et voir si, en général, à un type de comportement correspond un certain type de jugement et, à partir de là, un certain type de comportement.
Cette thèse interprétative est plus proche de la sociologie de Weber que de la critique politique de Marx. Un certain idéalisme traverse alors ce courant dans la mesure où la classe ouvrière, en général, juge et comprend après avoir agi : en tant que classe, elle ne formule pas une pensée à laquelle elle adapte un comportement mais fait exactement le contraire, selon le schéma praxis-théorie-praxis (action-réflexion-action).
L’enquête ouvrière de Marx était un instrument politique de connaissance et d’organisation6 , tout comme l’enquête de Mao7 .
Selon Lénine : « Seuls quelques intellectuels pénibles pensent qu’il suffit de parler aux ouvriers de la vie d’usine en les ennuyant avec ce qu’ils savent depuis longtemps ».
La classe, selon Lénine, ne peut » dessiner » sa conscience que dans le champ des relations réciproques de toutes les classes, dans le champ des relations de toutes les classes avec l’État, dans le champ des relations politiques, et donc pas dans l’espace étroit des relations entre les ouvriers et l’industrie.
La classe ouvrière est conçue, par Panzieri, comme un ensemble d’unités sans relations entre elles8, comme des mondes non communicants (omettant ainsi la relation même qui existe à l’intérieur et entre les différentes classes), dont l’importance réside dans la relation avec la machine elle-même, comprise comme valeur d’usage et non comme capital fixe aspirant la plus-value du travailleur collectif.
Selon ce courant, l’ouvrier est l’être qui vit avant tout dans la production capitaliste et dans l’usine. C’est dans la production que prennent forme la révolte contre l’exploitation. Ainsi posé, c’est à partir de ce fait qu’ils y voient une possibilité de construire le socialisme. Cette construction est rendu possible par les ouvriers, la haine de l’exploitation et des exploiteurs.
Cela conduit à l’apologie du fabricant, de l’ouvrier au sens strict, c’est-à-dire du travailleur manuel, éventuellement syndiqué.
Dans l’operasime, il y aura toujours la recherche de la pureté du sujet révolutionnaire, qui les conduira à s’éloigner de plus en plus de la définition même de la classe9.
Panzieri s’appuie davantage sur la science sociale « traditionnelle » que sur un projet d’une reconstruction de la critique de l’économie politique réellement posée par Marx.
Pouvoir ouvrier
Pour Panzieri, les luttes des travailleurs de la grande industrie (années 1950-60 en Italie) ont immédiatement exprimé les formes et les revendications du pouvoir ouvrier.
Le pouvoir ouvrier qui était conçu comme un pouvoir contractuel et managérial dans le cadre de la relation capitaliste du mouvement ouvrier, comme une manifestation de pouvoir incompatible avec la société existante et comme alternative à celle-ci.
Elle n’a pas compris que même si le pouvoir des travailleurs apparaissait comme incompatible avec la gestion d’usine, il s’inscrivait encore et toujours dans le mode de production capitaliste qui voit son centre de pouvoir dans l’État et non dans la gestion d’usine10.
La classe et ses manifestations sont ainsi réduites au seul lien « économie-productivité ». De plus, la classe elle-même a été réduite à un simple élément sociologique en rejetant ou en ignorant le prolétariat comme une classe sans réserve11.
Il n’est donc pas surprenant que dans la littérature politique de Panzieri (et par la suite également chez les autres auteurs de la tradition autonome), on observe un quasi-désintérêt pour le débat sur la crise.
Née dans une période de boom économique, la perception de la prolétarisation sociale croissante, et de la crise économique, a été reléguée à une conception marxienne erronée du développement historique du système de production capitaliste.
La crise a été analysée uniquement sous l’angle du comportement des travailleurs, en la politisant et en niant la dimension contradictoire de la lutte des classes. Cela a conduit au rejet explicite du lien dialectique entre crise et révolution.
Pour Marx, les conditions essentielles qui préparent la nouvelle société sont :
1) la perte d’importance du travail vivant par rapport au travail mort,
2) la croissance de la surpopulation relative
3) la croissance de la misère relative.
Marx et Engels, en découvrant les lois qui régissent le devenir social révolutionnaire, ont posé le prolétariat comme la dernière classe de l’histoire dans l’ordre du temps. Celle-ci, produit de l’évolution de toutes les formes sociales ayant existé jusqu’alors et du passage de l’une à l’autre, sera finalement un facteur de dissolution de toutes les classes.
De leur découverte, Marx et Engels avaient certainement déduit que le passage de la forme capitaliste à la forme communiste était l’œuvre du prolétariat conscient.
Mais ils ont averti, en même temps, que la dialectique du développement capitaliste est celle de l’assujettissement réel et non formel du travail au Capital, c’est-à-dire : développement de la force productive sociale par la production de plus-value relative et non absolue (augmentation de la composition technique et organique du Capital, c’est-à-dire du machinisme).
Ainsi la force de travail, loin de devenir de plus en plus importante, aurait au contraire historiquement diminué par rapport à la quantité de capital qu’elle mettrait en mouvement. Dans les ouvrages « Grundrisse » comme dans le « Capital », Marx n’esquisse pas du tout une sorte de sociologie ouvrière par laquelle la rébellion politique d’une classe conduirait à la révolution du mode de production : au contraire, la fin du capitalisme est décrite à travers l’identification de ses lois intrinsèques de développement qui génèrent les caractéristiques de la nouvelle société bien avant que le prolétariat en prenne conscience et se constitue en classe.
La logique matérielle de la révolution est donc inversée par rapport à la logique sociologique de l’histoire : le prolétariat devient une force politique en raison de sa fonction quantitative diminuée dans la production sociale et de sa fonction qualitative accrue en tant que producteur de plus-value relative (c’est-à-dire : dans la valeur finale de la marchandise, il y a de moins en moins de travail vivant et de plus en plus de plus-value qui devient du travail mort cristallisé dans l’énorme masse de marchandises…etc. qui couvre la surface de la planète).
C’est pourquoi Marx voit dans la domination du travail mort sur le travail vivant même la loi première du Capital :
« L’accumulation capitaliste, précisément par rapport à son énergie et à son volume, produit constamment une surpopulation ouvrière relative, c’est-à-dire excédentaire par rapport aux besoins moyens de la valorisation du capital, et donc superflue » (Le Capital, Livre I, Ch. XIII.3).
Et en même temps il y voit sa contradiction absolue lorsqu’il aborde la loi inexorable de l’accroissement de la misère par rapport à la valeur produite.
Les hommes, dit-il, sont obligés de révolutionner la société dans laquelle ils vivent précisément parce que les relations de production qui leur permettent d’obtenir certains résultats, un certain niveau de vie, entrent en crise mortelle. Lorsqu’elle atteint cette limite, chaque société ne peut s’empêcher de retirer aux hommes ce qu’elle leur a précédemment donné.
Dans l’œuvre de Marx, la classe ouvrière n’apparaît jamais comme le moteur de la transformation.
Le prolétariat est « le seul instrument « approprié, le fossoyeur qui enterrera le capitalisme et toutes les classes. C.B. M.R.
1 Nous utiliserons les termes operaistes et autonomes pour désigner le même mouvement, mais nous signalons aux lecteurs que c’est dans la deuxième phase que les operaistes ont utilisé le terme autonomes.
2 La question pour Raniero Panzieri est proche de la théorie de Gramsci : il pose comme une nécessité d’allier un « sentir » du prolétariat au « savoir » des intellectuels qui amènera la prise du pouvoir.
3 Avec Gramsci, le mouvement avait certainement de nombreux points communs, par exemple l’intention explicite de renouveler le marxisme en partant de la réalité de l’usine.
4 Nous pensons aujourd’hui au courant d’une fraction de la bourgeoisie impérialiste qui parle directement de communisme (Mask) mais en omettant évidemment la lutte des classes…..
5 Lenine, L’impérialisme, édition science marxiste
6 K.Marx F.Engles, Sur les ouvriers, la science et la lutte, Contradiction Editions, 2022
7 Mao, Style communiste, Contradiction Editions, 2022
8 Suivant les subdivisions du plan d’enquête sur les métallurgistes : l’ouvrier métallurgiste, le compagnon, l’ouvrier monteur et l’opérateur de machines automatiques etc……
9 Aujourd’hui, les héritiers de ce courant parlent de multitudes « révolutionnaires »…
10 Ils reprenaient les vieilles thèses syndicalistes révolutionnaires : l’usine comme lieu physique, et jamais l’entreprise comme entité économique. Le problème a été réduit au problème de savoir qui produit, comment on s’organise, et non de la production elle-même.
11“Il est clair que l’antagonisme découvert par Marx ne se situe pas dans l’entreprise bourgeoise et n’est pas l’antagonisme entre la marchandise que représente l’ouvrier et la part élevée dévolue au patron. C’est l’antagonisme dans le domaine de la société, entre les classes, entre la classe bourgeoise qui se contracte, et la classe prolétaire qui se dilate.
Dans le calcul de la répartition de la plus-value entre la consommation personnelle du patron, les investissements nouveaux pour les installations fixes et les matières premières, les nouveaux salaires, il faut faire attention à ceci : ne pas diviser la masse des salaires par le nombre des ouvriers occupés, mais par le nombre total des prolétaires.
Dans le premier cas, on voit le salaire monter en même temps que les louanges adressées au capitalisme civilisé et progressif.
Dans le second cas, on voit augmenter la faim et la misère de la surpopulation et gonfler l’antagonisme de Marx, prémisse de la révolution sociale. La loi est absolument claire. Accumulation plus grande, bourgeois moins nombreux. Plus d’accumulation, plus nombreux encore les prolétaires à demi occupés et en chômage; le poids mort de la population surnuméraire, sans réserve, augmente. Plus d’accumulation, plus de richesse bourgeoise et plus de misère prolétarienne”. Précisions sur marxisme et misère et lutte de classes et « offensives patronales », Battaglia Comunista, 1949, Sinistra.net